L'homme est connu pour sa maîtrise de la politique. Aussi, pour le fait de n'avoir jamais engagé une quelconque démarche sans avoir une idée derrière la tête. Depuis son retour au pouvoir, en 1999, toutes les actions qu'il avait entreprises, avaient pour seule et unique finalité la consolidation de son règne. Aujourd'hui qu'il achève bientôt sa quatrième mandature, dans les conditions et l'état de santé que l'on sait, il revient à la charge, pour lancer un message à... décrypter. Dans son discours à l'occasion de la Fête de la victoire, Abdelaziz Bouteflika a glissé un paragraphe, noyé au fin fond de son message, et qu'il convient, vu sa teneur, de placer politiquement dans un autre contexte : "... La scène politique doit connaître une diversité, une confrontation de programmes et une course au pouvoir, cependant, il est du devoir de tout un chacun de contribuer à ce mouvement démocratique pluraliste en plaçant l'Algérie et les intérêts suprêmes de son peuple au-dessus de toute autre considération." Le lecteur du message présidentiel n'aurait certainement jamais deviné aboutir à ce passage, tant la lecture des quatre premières parties du discours ne l'y invitait pas. Et tout porte à croire que l'effet surprise était sciemment recherché. Ce qui, faut-il le souligner, n'a pas manqué d'ajouter à l'ambiguïté du message. Car, si Abdelaziz Bouteflika n'avait pas eu déjà à agir autrement qu'il ne l'avait laissé entendre — en atteste son fameux discours du 8 mai 2012, à Sétif, où il avait soutenu que sa génération était arrivée à terme — on aurait pu créditer son propos de quelques bonnes intentions. Mais, Bouteflika qui entend visiblement se porter garant d'une élection présidentielle ouverte et libre en 2019, ne cherche-t-il pas, réellement, à débusquer les ambitieux et s'offrir des candidatures "sérieuses" pour faire valoir sa cinquième mandature ? Cela reste une supposition. En revanche, ce qui est certain, c'est qu'Abdelaziz Bouteflika ne se prononcera qu'à la dernière minute sur son désir de succéder à lui-même pour la cinquième fois consécutive ou non. Dans le cas contraire, s'il venait à se déclarer candidat, dès à présent, aucun postulant valable n'annoncerait sa participation. Le résultat étant, bien entendu, connu d'avance. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, ne l'avait-il pas juré à maintes reprises : "Je ne me présenterai jamais contre Bouteflika." Reste l'opposition. Le conseil national du parti Jil Jadid de Soufiane Djilali avait rendu public, fin janvier, un communiqué dans lequel il proposait à l'opposition de présenter un candidat unique en 2019. Mais, devant l'empressement du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, à battre le tambour d'une précampagne, Soufiane Djilali adoptera aussitôt une autre position. C'était lors du 7e anniversaire de son parti, le 10 mars : "En cas de cinquième mandat, je serai le premier des Algériens à sortir, même seul, dans la rue." Il est vrai que s'offrir pour lièvre un candidat de toute l'opposition réunie est un rêve inespéré pour Abdelaziz Bouteflika. Ce serait son mandat le plus "légitime", si un tel scénario venait à se produire. Mehdi Mehenni