D'habitude, il faut plus que la clarté d'un "f'nar" du "f'nardji", cet allumeur de réverbères pour dissiper le clair-obscur du "sabat" (voûtain) de "qas'r eriyas". Et pour cause, ni le clair de lune ni le faisceau de la lanterne de l'Amirauté n'ont pu dissiper à eux seuls la pénombre d'une galerie où l'on avance à tâtons comme dans le jeu de "Dada Âamia Matchoufch) ou le colin-maillard de notre enfance. C'en était ainsi jusqu'à l'abordage de "Sarah mosaïque" alias Sarah Hamout qui a réussie là où l'aurore et la balise ont échoué. À elle seule, l'artiste peintre et mosaïste a éconduit la pénombre hors des remparts du Bastion 23 à l'aide de l'étincelant reflet de son "miroir au galet d'Albir". Est-ce à dire que la "femme" est lumière ? Assurément oui, du fait de l'usage cohérent qu'elle fait d'un simple cailloux d'oued orné d'émaux, de pierre vitreuse ou d'un fragment d'une bouteille rejetée par la mer, d'où elle modèle l'autre beau "Miroir noir trèfle". Et depuis le 5 du mois en cours, où l'invitée Sarah Hamout fut vernie de son vernissage, cela miroite encore de plus belle, grâce à la "Khamsa hippie" ou l'étendard de l'œil de Fatma qu'elle a hissé en guise d'une défense pour repousser le mauvais œil au large de la grande bleue. Autre invité dans l'intérieur douillet des deux "bioute" (pièces) de la douéra 17, l'"Africaine" qui cohabite avec l'"Algéroise" dans l'étincelant "Zelidj-b'hidj" (céramique) de l'ouast-eddar et autour d'un thé servi d'une "théière fleurie". Tant et si bien qu'on dirait la résurrection des "Silhouettes" d'actrices de la scène des Femmes d'Alger dans leur appartement d'Eugène Delacroix. Certes, qu'à défaut d'un "Nafekh" (âtre) qu'elles n'ont pas, ces dames trouvent leur bonheur dans "L'aiguière d'Orient" qui distille de l'eau fraîche. "C'est au hasard d'une déco de salle de bain qu'est née ma passion pour la mosaïque. Et à l'issue de moult esquisses préliminaires, j'ai eu la main heureuse de segmenter à la pince une mosaïque que j'ai alignée autour de mon miroir et le tour était joué ! Et au fil du temps, je ne me suis plus arrêtée. C'était une brèche de l'univers de l'art qui s'était ouverte à moi", a-t-on su de l'artiste mosaïste mais aussi plasticienne, eu égard à l'éventail de ses toiles qu'elle a peintes à la nuance jaune qu'elle a extraite de l'or ocré du Tassili où s'égaie la "femme touareg" avec "les deux" et parfois "les trois danseuses". "J'adore le style néomauresque et rupestre, source de notre identité mémorielle, d'où mon penchant pour le reflet et la calligraphie arabe. Néanmoins, j'aspire à enseigner aux enfants le peu d'art qu'il y a en moi", a conclu l'artiste peintre et mosaïste qui est dans l'attente des curieux de l'art jusqu'au 18 avril au Bastion 23. Louhal Nourreddine