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Se souvenir pour se projeter
Culture de la paix
Publié dans Liberté le 14 - 06 - 2018

Dans le monde actuel, matérialiste et désenchanté, et en même temps passionnant scientifiquement, il est instructif, de se mémoriser encore et toujours l'histoire de l'hégire et ses conséquences. Lors du mouvement de l'exil, les musulmans abandonnèrent la totalité de leurs biens, mobiliers et immobiliers, souvenirs et racines, en emportant le strict nécessaire. Les Mecquois s'en emparèrent comme butin. La perte subie était considérable. Il s'agissait pour les premiers musulmans d'une réponse à l'Appel divin, un engagement qui transforma leur vie et fortifia leur foi, de manière incomparable, pour un vivre-ensemble civilisé.
Le dépassement des contingences matérielles, personnelles et spatiales était une victoire morale. Cela représentait une nouvelle naissance, une sortie comparable à l'Arche de Noé et à la sortie d'Egypte de Moïse, et en tout cas, perçu par les concernés, selon un verset du Coran, comme une délivrance, une sortie de l'obscurité vers la lumière. Un voyage pour un nouvel horizon.
L'émigration, dans l'histoire de l'Islam, n'est pas seulement un événement historique parmi d'autres, mais le fondement de la cité. Les musulmans émigrèrent deux fois sur ordre du Prophète. La première petite émigration les conduisit en Abyssinie. La deuxième est la grande émigration en direction de Médine, qui ouvrit les portes de la nouvelle civilisation à portée universelle.
La ville de Médine, la cité, était alors en marge du monde, du temps où elle s'appelait Yathrib. L'hégire permit aux émigrés quraychites et aux habitants autochtones de la ville de bâtir une nouvelle société, qui se voulait médiane. Le Prophète entreprit d'ouvrir les horizons de la société arabe sur la base de ce que révèle le Coran et à partir de l'exercice de la raison raisonnable inspirée. Conformément à sa mission d'Envoyé, il voulut élargir aussi loin qu'il pouvait le cercle de cette nouvelle communauté unique. Il visera ensuite naturellement le monde entier, Orient et Occident, sans distinction, tolérant à l'égard des autres en acceptant leurs particularités culturelles.
Il accueillait des délégations venues de toutes les régions. Il envoyait ses compagnons comme enseignants et des ambassadeurs aux extrémités de la péninsule Arabique. Il obéissait en cela à la Révélation, qui demandait d'avertir le monde entier. Il cherchait ainsi à établir des contacts avec tous les pays de la région, la Perse, l'Empire byzantin, l'Egypte, le Yémen et l'Abyssinie. Tous les biographes du Prophète témoignent de cette volonté. Le dialogue, l'hospitalité et le respect du droit à la différence sont au cœur de la doctrine de l'Islam.
L'hégire traduisait la volonté d'universalité, de nouveau départ hors des limites tribales et païennes, et de dépassement pour élargir l'horizon. Les versets du Coran au sujet de l'hégire et les hadiths du Prophète considèrent que l'émigration des musulmans vers Médine représente un mouvement noble, qui est la migration humaine de l'arrachement au sol, un effort de confiance en l'avenir, pour privilégier l'élévation et le dépassement. Effort de type surhumain : "Tandis que ceux qui ont cru, émigré et qui ont combattu pour la cause de Dieu, ceux-là peuvent espérer Sa Miséricorde, car Il est Clément et Miséricordieux" (2 -218). Selon le Coran, l'acte de se mettre en mouvement, à cause des persécutions et injustices, d'abandonner ses biens et coutumes, pour assumer l'épreuve de l'existence dans des conditions humaines est un devoir : "Ceux qui se seront expatriés, qui auront été chassés de leurs foyers, qui auront souffert pour Ma cause, qui auront combattu ou auront été tués à Mon service, à ceux-là Je pardonnerai toutes leur fautes et les recevrai dans des jardins baignés de ruisseaux, à titre de récompenses de la part de leur Seigneur, car c'est Dieu qui distribue les meilleures récompenses" (3 -195).
La dignité humaine, selon le Prophète, est une valeur au-dessus de tout ; la Parole coranique vante le mérite de ceux qui ont quitté la société mecquoise pour préserver la religion : "Ceux qui ont émigré pour la cause de Dieu, après avoir été opprimés, Nous les gratifierons du bonheur sur terre, et leur rétribution dans la vie future sera encore plus belle. Mais le savent-ils ?" L'hégire est un des facteurs qui propulsent l'opprimé sur la voie de la délivrance, de la libération, afin qu'il puisse vivre dignement la vie terrestre.
Pour le Prophète, l'hégire n'est évidemment pas une fuite, ni un simple déplacement terrestre d'un point géographique à un autre, mais un acte de renaissance spirituelle afin de réunir les conditions permettant l'épanouissement de la culture de la rectitude et de la communauté médiane. Il s'agit autant d'un voyage physique que d'un voyage moral, afin de s'éloigner de l'environnement où il n'y a plus de place pour la liberté, tout en sachant intérieurement qu'il s'agira au bout du compte de préparer la libération de La Mecque, et d'annoncer la "bonne nouvelle" au monde entier.
L'hégire ne consiste pas à éviter l'épreuve du vivre ou à s'éloigner de soi, mais à créer les conditions favorables afin de devenir plus fort, en surmontant les épreuves. C'est dans cette perspective que le Prophète a recommandé à ses compagnons de quitter La Mecque pour la future Médine, sans toutefois tout leur révéler, pour les préparer graduellement et déjouer les manœuvres des polythéistes (cf. Coran 10 : 109 et 3 : 137)
Le Prophète a nommé les premiers musulmans partis provisoirement pour l'Abyssinie, puis pour toujours à Médine, les muhâjirûn, les émigrés. Le Coran utilise cette dénomination de muhâjirûn, pour désigner les premiers compagnons de Muhammad, ce qui signifie que l'hégire revêt une importance capitale. Les musulmans ont choisi la date de l'hégire du Prophète vers Médine comme point de départ de leur histoire et de leur calendrier. D'autres peuples et communautés choisissent en général le jour de naissance de leur Maître ou le jour de commémoration d'une victoire.
L'Islam n'a retenu aucun de ces types d'événements. La date de la libération de La Mecque elle-même, qui aurait pu servir de point de départ au calendrier islamique, n'a pas été retenue. Le jour du début de la Révélation du Coran, non plus, n'a pas été retenu. L'hégire est le moment qui marque un nouveau départ, à partir d'une action humaine fondée sur l'ouverture, le voyage, l'effort de sortir, pour bâtir une nouvelle cité et civilisation. Comme le signalent Ibn Hichâm et Tabarî, c'est le calife ‘Umar, en l'an 17 de l'hégire, après consultation et discussions entre les proches compagnons du Prophète, qui adopta le jour de l'émigration de Muhammad de La Mecque vers Médine comme début du calendrier islamique en lieu et place de l'année dite "de l'éléphant" (570), qui correspondait à la date de naissance du Prophète (sws).
Le Prophète ne cessait de rappeler que le Coran décrit l'hégire comme «une sortie des demeures» et d'autres expressions similaires qui signifient l'effort de sortir hors de chez soi, de soi, pour aller à la rencontre du monde.
Le Prophète, plus que quiconque, avait instauré et protégé la liberté religieuse, car l'Hégire est l'acte qui fonde ce droit. Emigrer pour sauver la liberté religieuse et de conscience qui était à la base de ce mouvement.
(À suivre) M. C.
Professeur des universités, auteur de Le Prophète et notre temps, Anep, Alger 2012.


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