Les dispositions prises pour que le citoyen passe le mois de Ramadhan dans de meilleures conditions se sont avérées inefficaces. La stabilité des prix promise aux Algériens par les ministres du Commerce et de l'Agriculture a été secouée par une mercuriale qui a continué à s'enflammer durant tout le mois de Ramadhan. Ils se sont engagés pour une baisse des prix des produits alimentaires et des fruits et légumes dès la deuxième semaine du mois sacré, mais la réalité des marchés les a contredits. Et c'est le citoyen au revenu modeste, seul, qui a ressenti le coup. Pourtant, le premier responsable du département du Commerce, Saïd Djellab, avait déclaré que "toute hausse des prix sera injustifiée en ce mois sacré", s'appuyant sur une disponibilité suffisante en fruits et légumes et à des prix raisonnables, ainsi que l'ouverture, à cette occasion, de 159 marchés de proximité. Ce qui explique clairement que toutes les dispositions prises pour que le citoyen passe le mois de Ramadhan dans de meilleures conditions se sont avérées inefficaces. Une telle situation prouve que les deux ministères ne détiennent pas les leviers nécessaires pour une meilleure régulation du marché. La mise en place des marchés de proximité n'a pas contribué de manière concrète à la maîtrise des prix. L'Algérie a importé quelque 40 000 tonnes de viandes rouges. Les tarifs n'ont pas baissé pour autant. Les deux départements ont mis en place un dispositif à même, selon eux, de lever les irrégularités économico-commerciales constatées sur le marché durant le mois de jeûne. Or, force est de relever, encore une fois cette année, que les mêmes infractions et autres anomalies ont réapparu sur les espaces commerciaux à la fois légaux et informels, devant le regard impuissant, voire apathique, des responsables concernés. Les deux institutions n'ont pu relever le défi de réduire un tant soit peu le phénomène de la spéculation. Ramadhan, mois de grande consommation par excellence, se transforme en une période propice pour faire des affaires, se disent certains citoyens opportunistes qui se convertissent, du jour au lendemain, en commerçants. Il est traditionnellement reconnu que les revendeurs qui interviennent dans la chaîne de distribution accentuent la hausse des tarifs, rendant le produit inaccessible pour les familles aux petites bourses. L'érosion du pouvoir d'achat des citoyens aidant, il est pratiquement impossible à la ménagère de remplir son couffin. Un fait habituel favorisé, il faut le dire aussi, par la frénésie qui s'empare des Algériens à la veille du mois de jeûne. Certains observateurs très au fait du marché national estiment que les fortes pluies qui se sont abattues ces derniers jours sur plusieurs wilayas du pays ont réduit le volume de l'offre en fruits et légumes dans la majorité des marchés de gros. Cette diminution (de l'offre) a provoqué la hausse de la demande qui a, fatalement, engendré une augmentation inexorable des prix. Cela dit, une nouvelle flambée des prix à la veille de la fête de l'Aïd n'est pas à écarter. Toutes ces perturbations constatées sont dues également au déficit en marchés de proximité évalué à 600 unités. Ceux-ci devront, en principe, contribuer de manière sensible dans la baisse du phénomène de la spéculation, et mettre fin, par voie de conséquence, aux augmentations dépassant parfois 100% des tarifs des produits entre le producteur et le détaillant. Outre ces espaces commerciaux communaux ou régionaux, la baisse et la stabilité des prix passent aussi par une augmentation impérative de la production pour garantir une offre suffisante sur le marché à travers l'utilisation plus intense de la plasticulture et le développement de l'activité de transformation. B. K.