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La face nocturne de la capitale
Une nuit avec les Sdf d'Alger
Publié dans Liberté le 30 - 05 - 2005

Initiées par la Gendarmerie/personname / nationale, l'APC de Sidi-M'hamed et la Fondation/personname / algérienne des droits de l'enfant, ces sorties nocturnes visent à “ausculter” ce peuple de la nuit. Reportage.
Pour cette deuxième sortie dans les coins de la capitale, la gendarmerie nationale, en collaboration avec l'APC de Belouizdad et la fondation algérienne des droits de l'enfant et de l'adolescent (Fadea), a ciblé les SDF et les noctambules qui noient leur mal de vivre dans quelques bouteilles de bière. Un bonheur éphémère renouvelé la nuit suivante avec autant de rêves jamais réalisés.
Notre virée commence par le jardin d'Essais d'El-Hamma. Un paradis d'antan qu'on a destitué par la force de l'inconscience et le silence complice et assassin des autorités compétentes. Qu'il est loin le temps où sa réputation concurrençait fièrement les plus beaux et plus grands jardins botaniques du monde ! Aujourd'hui, même si la nuit camoufle les atrocités que la main de l'homme a accomplies en toute impunité, il n'est plus que l'ombre de lui-même.
“KEMIATE” ET BELLE ETOILE
On parle de sa réhabilitation par des spécialistes français, mais les nostalgiques algérois, ceux qui y ont fait des balades romantiques, restent toujours sceptiques. Dans le silence de la nuit, on a l'impression qu'il n'y a pas âme qui vive. Pourtant, nous ne tarderons pas à faire connaissance avec un trio de buveurs invétérés. Sur les bancs et à même le sol des “kemias” (amuse-gueule) discrètement entourées de bouteilles de vin. Les flashs des photographes les excitent. “Pourquoi me prenez-vous en photo ? C'est pour me montrer dans les journaux ?” s'exclame l'un d'eux. On le rassure, et au bout de quelques minutes, la discussion plonge dans la sérénité. Il a 49 ans, ni femme ni foyer. Il raconte sereinement, en nous proposant des fruits, qu'il vient chaque nuit sur ces lieux où il se sent bien.
Son compagnon, de quelques années son cadet, ne manque pas de préciser qu'il est fonctionnaire de l'Etat. Joignant le geste à la parole, il sort son portefeuille d'où il exhibe des fiches de paie. “J'ai bourlingué à l'étranger pendant 20 ans. J'ai fait le c… et aujourd'hui, je suis là avec mes compagnons. Je suis célibataire. Et si je viens ici, c'est parce que les bars c'est plus cher. En plus, il n'y a aucune sécurité.” Le troisième, beaucoup plus jeune, s'envoie d'abord une rasade de vin puis demande gentiment de ne pas le prendre en photo.
Plus loin, vers le bassin supérieur, un autre groupe de jeunes. Ils expliquent qu'ils habitent le quartier. Ils sont là pour goûter à la fraîcheur. “Comment avez-vous fait pour rentrer dans le jardin alors que ses portes sont censées être fermées ?” demandons-nous. Presque en chœur, ils répondent que tout le monde connaît les moindres coins et recoins. Evidemment, il faut comprendre par là que la complicité des gardiens n'est pas exclue. Le vice-président de l'APC de Belouizdad, qui nous accompagne dans cette virée, dira que ce lieu devient un autre monde, dès la nuit tombée. Il y a des passages partout. Même le béton a été percé. Un véritable gîte de lapin, dira Nacer Dib, le président de la Fadea.
Le vice-président de l'APC, Abdellah Tayeb, saisira l'occasion pour dire que ce jardin reste pour la commune et pour les autorités compétentes un souci majeur pour la prise en charge. “Nous sommes conscients de l'état de ce jardin. Nous attendons juste la mise en place du plan d'action pour apporter notre contribution. Notre but est d'intervenir d'une manière pacifique pour ne pas susciter des réactions violentes de la part des jeunes délinquants”, souligne-t-il. C'est ce que confirme dans la foulée le colonel Ayoub : “On ne règle jamais rien par le tout-sécuritaire.” Le petit point de presse improvisé juste avant de quitter le jardin est très animé. Les questions portent essentiellement sur le problème de la délinquance. M. Abdellah Tayeb explique que ce ne sont pas les adultes qui nous intéressent en premier lieu. Nous essayons de juguler le fléau parmi les mineurs. Nacer Dib est de son avis. “Nous avons tracé un programme avec l'APC de Belouizdad avec comme objectif les enfants et les adolescents, espérant que d'autres APC suivront.” Il s'agit donc de récupérer ces jeunes en les recensant dans des fichiers. L'on apprendra que des colonies de vacances sont prévues pour les enfants de cette commune. Dans le noir, des ombres se faufilent. Décidément, le jardin d'Essais d'El-Hamma est plein de fantômes.
Au port d'Alger : “P'tit Paca”, “Soustara” et les autres
La nature a horreur du vide. C'est à peine croyable. Le moindre trou est exploité au niveau du port côté réservé aux opérateurs. Des cabanes de fortune, des conduites d'assainissement laissées par des entrepreneurs sont transformées en dortoir. Certaines fermées par des tôles ou des pierres sont de véritables “dikis”. Des jeunes hommes qui dormaient dans une des planques n'ont même pas été réveillés par notre arrivée. Les flashs et lampes-torches n'ont pas fait mieux.
Un sommeil profond. On les laisse dans les bras de Morphée pour entamer une discussion avec “P'tit Paca”, un sobriquet donné à un sexagénaire originaire de Annaba. Il est là depuis plusieurs années. “J'aurais pû être en Amérique s'il n'y avait pas ce bandit de Ben Laden”, lance-t-il ironiquement. “Soustara”, un jeune du quartier de Djamaâ Lihoud, le taquine du haut de son perchoir.
Le chapelet d'injures ne le fait pas taire. Pour mettre fin à leur querelle, un autre intervient. Il se dit marié et habite seul. “Ma femme est souvent chez ses parents et moi, j'en profite pour venir tenir compagnie à mes amis. Je ne peux être bien dans ma peau sachant que mes amis sont malheureux”, dit-il. Ces gens sont pour la plupart des “bricoleurs”, un terme utilisé dans le milieu pour dire que ce sont des chapardeurs, “les visiteurs” de conteneurs comme on les appelle. Les marchandises volées sont écoulées à Laâquiba ou Oued-kniss. Il vrai que les jeunes rencontrés sur les lieux n'ont rien à envier à la “tchi-tchi” des quartiers huppés. Du moins dans leur tenue vestimentaire. Des jeans, des trainings et des survêtements de marque. à quelques mètres, trois personnes se font des révérences en portant à leur santé des “samba” décapsulées à la force des molaires. Un monde à part. la misère, ils la connaissent autant que la joie de vivre. Pour oublier, ils boivent la nuit en faisant des casses le jour.
Riadh El-Feth : admirer la baie et mourir
La file de voitures semble garnir un cortège nuptial. Elles sont toutes occupées. Les occupants sont jeunes et un look garanti made in là-bas. Les gendarmes font convenablement les contrôles d'usage de papiers. Une jeune fille quelque peu apeurée est vite rassurée. Elle n'a pas de pièce d'identité, mais on jurerait qu'elle est bel et bien majeure. Plus bas, un jeune inspiré par la vue imprenable de la baie d'Alger joue sur le synthé des mélodies orientales. Le coin est très beau. Magnifique ! Malheureusement, le spectacle au bas du mur longeant la promenade est jonché de canettes vides de bière. “Ce n'est pas nous les automobilistes qui les jetons”, dira un jeune au volant de sa Clio de couleur bordeaux. Nous dévalons la route pour s'engouffrer dans le quartier populaire de Cervantes. Dans les grottes qui portent son nom, c'est la désolation. Les vandales seraient-ils passés par là ? C'est du moins l'impression que les lieux ravagés nous donnent. C'est là que l'auteur de Don Quichotte a écrit son œuvre. Pour le représentant de l'APC, cet endroit sera réellement réhabilité. Nous l'espérons du fond du cœur.
A. F.


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