La "douéra" 17 du Qas'r Erriyas (palais des Raïs) a une nouvelle locataire, en la personne de l'artiste photographe Amel Dekar qui a emménagé avec ses "Fameuses" femmes artistes depuis le 6 septembre. Les unes de ces "fameuses" qu'elle désigne de "Manuels" se sont installées dans les "bioute" (pièces) de l'ouast-eddar et les autres "fameuses" qu'elle nomme "Visuels" se sont établies dans les "ghorfate" (chambres) du "foqani" (étage supérieur). Réparties ainsi, les "fameuses" du patio reflètent la musique du terroir dont l'imzad ou la vielle des femmes de ness el-gnawi du Sahara, où s'illustre au goumbri la diva Hasna El-Bacharia avec son indémodable Djazaïr Djaouhara. En ce sens, le choix du thème de la musique n'est pas fortuit, puisqu'il se scelle à l'optique d'acheminer notre musique au-delà du grand large de la rive de R'mila, eu égard à la citation du philosophe Platon : "Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique." Et, à prêter l'oreille, il est admis de croire que l'âme des "Raïs El-Bah'r" de la "Taïfa algérienne" étaient des mélomanes, puisqu'ils sont aujourd'hui témoins d'arrêts sur image empruntés aux concerts de noubat qui s'étaient jouées lors du "Festivalgérie" festival international de musique andalouse et des musiques anciennes d'Alger (20-25 décembre 2017) à l'Opéra d'Alger. Et du jalon identitaire de gnawi, Amel Dekar y ajoute les pizzicato des doigts et les vibrations à l'archet du violoncelle qui s'imagent ainsi à l'élégance par excellence de l'imzad, dixit le père Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand (1858-1916). Donc, autant dire qu'Amel Dekar est avant tout cette femme de l'ombre des plateaux de tournage ou une intermittente du spectacle, voire un "story-board" qui immortalise d'un "clic" la version illustrée qu'elle "chasse". Qu'elle "braconne" aussi au hasard d'une scène ou au cours d'une séquence d'un acte théâtral, de chant gnawi et de l'andalou ainsi que des tranches de vie vécues au jour le jour. S'il en est une preuve, celle-ci s'illustre à l'aide de l'effort de la "potière", la céramiste, la sculptrice et la tatoueuse qui se fédèrent autour de l'oriflamme de l'"Africaine". Soit 75 figures en noir et blanc et tantôt en couleur qu'Amel Dekar a compartimentées en treize thèmes des métiers de l'artisanat traditionnel de notre terroir. Envie de voir et d'en savoir plus ? Le mieux est d'y aller pour admirer jusqu'au 20 septembre la manière de faire des "N'gaoussiat" de l'artiste peintre Djahida Houadef et qu'Amel Dekar a immortalisée pour la postérité. L. N.