À la "douéra" 17 qui est située au fond et à gauche du corridor du "Qasr Erriyas", on trouve tout le butin des corsaires d'El-Djazaïr, mais aussi le lot des trophées des raïs de la taïfa (marine algérienne), du temps de la guerre de course aux environs de Qaâ Essour (au pied du mur). L'initiative que l'on doit à Boualem Belachehab, le directeur du Centre des arts et de la culture du Palais des Raïs, a permis de dépoussiérer les cales de chebek (navires) des corsaires de la rive de R'mila et d'offrir au public les exploits de la flibuste d'Alger. "Qu'ils soient antiquaires ou gardiens de collections privées, les férus des vieilleries se sont donné rendez-vous au salon de l'antiquité et de la brocante au Bastion 23 afin d'exhiber la diversité du souk de l'art du terroir", a déclaré notre interlocuteur. Et à voir de près, la prise est plutôt bonne et aurait fait pâlir de jalousie Ali Baba et ses 40 voleurs. Donc, autant voir où mettre le pied, du fait que c'est encombré d'objets muséaux du sol de la "s'qifa" jusqu'au "beit" (pièce) de l'ouasteddar, où nous fûmes accueillis par Benhafid Moncef Eddine qui révèle ses prises aux curieux de l'art, sous le pavillon de "L'art de la Casbah". De la numismate à la médaille, notre hôte a plus d'une pièce de monnaie dans ses albums de philatélie, à l'exemple d'un lot d'outillage, où la lampe de poche et le magnétophone à bande magnétique se mêlent à un lot d'appareils photos qui ont dû faire des heureux parmi la corporation de reporters photographes. Autre récolte, le lot d'"antiques" machines à écrire de la secrétaire du XXe siècle et l'assortiment de "quinquet" ou la lampe à pétrole qui illumina des générations d'indigènes qui n'avaient pas le confort du courant électrique dans leurs douerate à la Casbah. Nous quittons notre hôte pour retrouver une "messalha" (balai) qu'expose Hadj-Hammou de Telemly à côté du traditionnel tabsi âachaouate et de la chéchia. Certes que c'est beau, mais ceci n'est rien comparé à ce qu'il y a dans les "ghorfate" (chambres) du foqani, à l'exemple du jeu de cartes en or qui est la propriété du collectionneur Lyès Benrahmoune. Authentique ! Outre cela, notre hôte s'enorgueillit aussi d'un "oûd" (luth) nacré, qui est une rareté dans le genre. Enfin, le meilleur est à venir avec le couple d'ingénieurs qui est uni par des liens de l'art, à savoir l'artiste autodidacte Bachir Moussadegh et sa galeriste d'épouse F. Z., qui étalent "La complainte des mendiants arabes", dont celle de "Moh Smina, l'aveugle de la place de la Lyre" qu'avait écrite feu Ismaël Aït Djafer. "J'ai peint Moh-Smina pour immortaliser l'œuvre d'Ismaël Aït Djafer encore méconnue de nos jeunes", a déclaré Bachir Moussadegh, ce faiseur de tableaux de "la khamsa" ou la main de Fatma pour se prémunir contre l'œil de l'envieux. À eux deux, Bachir et F. Z. partagent une pile de disques 45 T et 33 T sur lesquels nos tourtereaux ont tant dansé ainsi que le jeu des osselets et d'autres curiosités du passé, qu'il faut aller voir au Palais des Raïs. Allez-y ! C'est jusqu'au 4 janvier au Bastion 23. Louhal Nourreddine