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"Le Brent à 75 dollars sur les 6 prochains mois"
Saïd Beghoul, expert en énergie, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 20 - 11 - 2018

Saïd Beghoul, expert en énergie, estime, dans cet entretien, que l'Arabie saoudite et la Russie ont tissé une alliance de long terme pour augmenter ou diminuer leur production et freiner la hausse ou la baisse des prix.
Liberté : Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a fini, vendredi 16 novembre, à 66,76 dollars à la Bourse de Londres, en hausse de 14 cents par rapport à la clôture de la veille. Mais loin des 86 dollars enregistrés début octobre. Pourquoi une telle fluctuation, selon vous ?
Saïd Beghoul : J'aimerais que l'on fasse un petit retour en arrière, pour mieux comprendre la problématique. On avait constaté qu'au fur et à mesure qu'on s'approchait de la date de mise en œuvre
(5 novembre) des sanctions américaines contre l'Iran, une forte composante spéculative s'installait. Le marché n'a pas manqué de réagir.
Les spéculateurs cherchaient et cherchent encore à provoquer un repli des prix pour s'approvisionner à bon marché en pensant à une augmentation future des cours dans l'espoir de revendre leur produit à un prix supérieur et de tirer des bénéfices du seul fait de l'évolution prédite du marché même si ce dernier aura évolué autrement.
L'élan spéculatif a surtout affecté le brut américain (WTI) qui est passé rapidement de 77 dollars en octobre à 55 dollars ces derniers jours. Mais au fond, l'offre et la demande sont restées le principal fondamental du marché.
La production et les exportations iraniennes ont chuté d'environ 50% entre avril et septembre 2018, ce qui a porté les prix du Brent à environ 86 dollars le 3 octobre dernier.
Mais depuis cette date, les cours ont entamé une descente du fait que le président Trump, qui voulait un prix plus bas à la pompe pour gagner la confiance des américains lors des élections de mi-mandat du 6 novembre dernier, a commencé à lâcher du lest en laissant entendre que des dérogations d'exception vont être accordées à certains pays pour qu'ils continuent à s'approvisionner en pétrole iranien durant une période de six mois.
Cela signifie que le pétrole iranien continuera à couler alors que l'Arabie saoudite et la Russie avaient déjà rouvert leurs vannes à 10,4 millions de barils/j et 11,4 millions de barils/j pendant que la production américaine est montée à 11,7 millions de barils/j. Ces trois pays contrôlent, à eux seuls, plus de 33% de la production mondiale. Par ailleurs, l'Irak annonce que ses exportations à partir du gisement de Kirkuk ont atteint 100 000 b/j et pourraient arriver à 300 000 b/j.
Ce qui fait qu'actuellement, et avec le ralentissement économique en Asie et en Chine notamment, il y aurait au moins 1 million de barils/j de surplus sur le marché alors que le déficit iranien est, finalement, plus faible que celui auquel tout le monde s'attendait.
Voilà ce qui explique la chute des prix d'environ 20 dollars en l'espace d'un mois. Je m'attendais personnellement à ce scénario, bien que beaucoup d'analystes s'attendaient à un baril à 100 dollars après les sanctions iraniennes.
Sur le terrain, les sanctions américaines à l'encontre de l'Iran n'ont pas réussi, pour le moment, à influencer les marchés… Comment expliquez-vous cela ?
Je crois qu'il est encore trop tôt pour dire que l'objectif des sanctions est atteint ou non. Il est bon de rappeler qu'après un premier volet de sanctions entrées en vigueur le 6 août, qui touchaient certaines transactions financières et, entre autres, le secteur automobile, Washington s'est attaqué à l'or noir.
Les Etats-Unis ont rétabli, lundi 5 novembre, des sanctions contre le secteur pétrolier de l'Iran afin de contraindre le pays à engager des négociations sur l'arrêt de ses programmes d'énergie nucléaire et de missiles balistiques, et à cesser son soutien aux chiites dans les conflits régionaux du Moyen-Orient. Il est vrai que, quelques mois avant la mise en application du premier volet des sanctions, tout le monde croyait que les prix allaient flamber pour atteindre 90 à 100 dollars du fait que ces sanctions allaient priver le marché de la totalité de la production iranienne.
Mais il n'en est pratiquement rien pour le moment. Finalement, les sanctions dites de tolérance zéro initialement prévues par Trump ressemblent en réalité à des sanctions allégées, du fait que l'administration américaine a autorisé 8 pays (Chine, Inde, Emirats arabes unis, Turquie, Corée du Sud, Italie, Taïwan, Japon) à continuer à acheter du pétrole iranien durant 6 mois.
Il est vrai qu'au lendemain du 5 novembre, le marché est resté pratiquement imperturbable du fait qu'il a déjà réagi par anticipation, mais dans une tendance baissière inattendue. Mais au final, on peut dire que l'"effet sanctions" a bien influencé le marché.
Les pays Opep et non-Opep semblent avoir pris au sérieux ce qui est en train de se jouer au niveau des marchés pétroliers (schiste américain qui revient, une offre en hausse, une demande atone…). Ils n'arrivent toutefois pas à enrayer la baisse des cours. Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet ?
Tout le monde s'est fait piéger : l'Opep, Trump, les investisseurs… voire les analystes. Sous la pression de Trump, en juin dernier, l'Opep et l'Arabie saoudite devaient augmenter la production de 2 millions de barils/j pour compenser le présumé déficit iranien. L'Arabie saoudite n'avait pas trop tardé pour rouvrir ses vannes et relever sa production de 500 000 b/j, suivie de la Russie (environ 300 000 b/j) pour ne citer que ces gros producteurs engagés dans le deal Opep-non Opep, toujours en vigueur. Il s'agit également de deux pays qui étaient disposés à augmenter progressivement leur production et certainement un peu celle de quelques membres de l'accord pour équilibrer l'offre et la demande, compte tenu du devenir de la production iranienne après les sanctions, et ce, afin d'empêcher les prix de s'envoler. Ironie du sort, ces mêmes pays qui avaient augmenté la production, il y a à peine un mois, viennent d'envisager de prendre "un virage à 180 degrés" dans leur stratégie qui consiste plutôt à diminuer la production d'un volume qui sera connu lors de la réunion de l'Opep prévue le 6 décembre prochain à Vienne.
Mais on parle déjà d'une coupe pouvant aller jusqu'à 1,4 millions de barils/j, d'autant plus que la production américaine a atteint 11,7 millions de barils/j cette semaine, ce qui a fait grossir les stocks, les ramenant à ceux d'il y a deux ans.
Après discussions, il y a quelques jours, aux Emirats arabes unis, une tendance s'est dégagée au sein des pays producteurs (Opep et non-Opep) pour une baisse de l'offre d'un million de barils/j. Est-ce suffisant pour équilibrer les marchés ?
Si la réduction d'un million de barils/j concerne uniquement les seuls membres de l'Opep, cela pourrait être à peine suffisant pour éponger le surplus sur le marché, surtout si les alliés de l'Opep (spécialement la Russie) vont faire un effort de réduction de quelques centaines de milliers de barils.
À ce titre, l'Arabie saoudite vient d'annoncer, d'ores et déjà, une réduction de 500 000 b/j en attendant les décisions à prendre lors de la réunion de l'organisation, le 6 décembre à Vienne, même si Trump pense toujours que malgré cette chute des prix, ces derniers devraient être encore plus bas et qu'une réduction de la production de l'Opep est non souhaitable. Il n'est toutefois pas dit qu'au lendemain de cette réunion et de l'éventuelle réduction qui s'ensuivra, les prix vont remonter systématiquement à plus de 80 dollars. Cela reste encore difficile tant que l'Iran continuera à produire et à vendre son brut aux huit pays bénéficiant d'une dérogation américaine.
Durant les six prochains mois, les prix du Brent pourraient tourner autour de 75 dollars. Par ailleurs, la production américaine ne cesse d'être soutenue par une activité de forage forte d'environ 890 appareils cette semaine, soit le plus haut niveau d'activité depuis 2015, ce qui indique que durant le premier semestre 2019, la production étasunienne pourrait atteindre les 12 millions de barils/j et obligera l'Opep à fournir encore plus d'efforts pour équilibrer le marché.
La Russie va-t-elle jouer le jeu ?
Tous les pays engagés dans l'accord Opep-non Opep en vigueur ont, en principe, plus ou moins, un rôle à jouer, mais, sur le terrain, seules les grandes puissances pétrolières ont la possibilité de faire entendre leurs voix et peser sur le marché.
Partant de ce principe, et depuis l'accord Opep-non Opep de 2016, la Russie, aujourd'hui deuxième producteur mondial, après les Etats-Unis, et l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, ont toujours travaillé en coulisse et décidé quoi faire avant de se réunir avec le reste du groupe des 24 (Opep-non Opep).
D'ailleurs, l'Arabie saoudite et la Russie ont tissé une alliance de long terme pour augmenter ou diminuer leur production et freiner la hausse ou la baisse des prix et réguler le marché selon l'offre et la demande. Les deux pays prennent les décisions en commun avant de consulter les autres grands pays producteurs.
Cette alliance russo-saoudienne sera certainement reconduite dès la fin de 2018 quand l'accord actuel Opep-non Opep sur les quotas de production arrivera à expiration. Comme disaient certains, l'Opep est de facto morte, mais l'Arabie saoudite en a toujours besoin pour la collecte d'informations et de recommandations.
Donc, la Russie doit jouer le jeu. Son économie est aussi dominée par les recettes des hydrocarbures.
Entretien réalisé par : Youcef Salami


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