Ottawa a décidé d'imposer des sanctions contre 17 Saoudiens liés à l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a annoncé la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, jeudi soir, en marge du Sommet du G20 à Buenos Aires. La décision du gouvernement fédéral a été prise en vertu de "la loi sur la justice pour les victimes de dirigeants corrompus" entrée en vigueur depuis octobre 2017, a précisé le département des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public le même jour. Les sanctions contre ces ressortissants saoudiens, soupçonnés d'être responsables ou complices de l'homicide extrajudiciaire du journaliste du Washington Post commis le 2 octobre dernier dans les locaux du consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul, ciblent essentiellement le gel de leurs avoirs au Canada. Ces ressortissants saoudiens, âgés entre 30 et 57 ans, et dont les noms ont été publiés en annexe du communiqué d'Ottawa sont également interdits d'entrée au territoire canadien, selon les dispositions de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, indique-t-on de même source. Au-delà de ces sanctions, Ottawa dit continuer de "réclamer un compte rendu transparent et rigoureux des circonstances entourant le meurtre de Kashoggi". "Le meurtre de Jamal Khashoggi est odieux et constitue une atteinte inadmissible à la liberté d'expression de toutes les personnes. Le Canada continue de réclamer une enquête crédible et indépendante. Les responsables du meurtre de Jamal Khashoggi doivent rendre des comptes et faire face à la justice", a souligné la ministre canadienne des AE pour qui la version de Riyad sur cette affaire manque de "cohérence et de crédibilité". Les Etats-Unis ont adopté des mesures similaires. La sortie de Freeland tranche avec la prudence adoptée par Ottawa au lendemain de l'assassinat de Kashoggi, lorsque le Premier ministre Justin Trudeau était interpellé sur le sujet au sommet de la Francophonie en Arménie. L'on se souvient du clash qui a frôlé la crise diplomatique entre Ottawa et Riyad en août dernier. Bombant le torse, l'Arabie Saoudite avait alors rappelé son ambassadeur à Ottawa et menacé de geler les échanges commerciaux et les vols aériens Toronto-Riyad. Cette levée de boucliers de la part du royaume saoudien faisait suite à la déclaration de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, exigeant la libération de militants détenus, dont la sœur de Raïf Badawi, lui-même incarcéré depuis 2012. Y. A.