Aucun gouvernement américain n'a connu autant de changements dans sa composition que celui de Donald Trump en un laps de temps aussi court, avec des crises à répétition en raison des décisions unilatérales du locataire du bureau ovale. Le chef du Pentagone, Jim Mattis, qui a brutalement annoncé jeudi sa démission du gouvernement, au lendemain de l'annonce du retrait des troupes américaines en Syrie, est la huitième démission au sein de l'administration Trump depuis le début du mandat de ce président pas comme les autres. Le départ de cet homme d'expérience, très respecté sur la scène internationale et qui incarnait une forme de stabilité au sein d'une administration traversée de secousses, constitue un coup dur pour le président des Etats-Unis. Ce dernier, qui semble de plus en plus isolé, risque d'avoir sur les bras un dossier très compliqué à gérer, en l'occurrence celui d'un "shutdown", s'il ne signe pas une loi budgétaire provisoire qui permettrait d'éviter la paralysie d'une partie des administrations fédérales, comme il menace de le faire. Donald Trump a en effet rejeté le compromis conclu mercredi entre sénateurs républicains et démocrates, qui constitue une mesure d'urgence pour éviter le "shutdown". Donald Trump insiste pour que le financement du mur qu'il veut construire à la frontière du Mexique, à hauteur de 5 milliards de dollars, soit inclus dans le budget. Rappelons que ce mur est l'une de ses promesses de campagne les plus importantes, mais cette idée ne parvient pour autant pas à séduire les parlementaires de son propre camp. Ceci étant, la politique étrangère des Etats-Unis depuis l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche est loin d'être partagée par plusieurs membres de son administration, encore moins par ses alliés. Martelant que les Etats-Unis n'avaient pas vocation à être le "gendarme du Moyen-Orient", Trump a défendu jeudi avec force le retrait des quelque 2000 soldats américains déployés dans le nord de la Syrie. "Il est temps que d'autres se battent enfin", a-t-il lancé sur twitter, estimant que l'Amérique n'avait "RIEN" obtenu d'autre que la perte de vies précieuses et de milliers de milliards de dollars, et invitant "la Russie, l'Iran, la Syrie et beaucoup d'autres" à prendre le relais contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique, dont il avait clamé la veille la défaite. Son homologue russe Vladimir Poutine, à la manœuvre en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad, a salué une décision "juste". "Donald a raison", "Nous avons porté des coups sérieux à l'EI en Syrie", a-t-il lancé. Mais la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, alliés des Etats-Unis dans la lutte contre l'EI et cibles régulières de ses attaques, n'ont pas caché leur inquiétude après l'annonce du retrait américain, qui a provoqué une levée de boucliers dans la propre famille politique de Trump. Merzak Tigrine