"L'Etat joue un rôle de soutien, mais ne peut fournir toutes ces opportunités d'emploi", a affirmé, depuis Tunis, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena, Ferid Belhaj. La Banque mondiale a remis au goût du jour ses inquiétudes sur le chômage dans la région Mena (Moyen-Orient etAfrique du Nord). Depuis Tunis, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena, Ferid Belhaj, a indiqué que cette région doit créer 300 millions d'emplois d'ici à 2050 pour répondre aux besoins de sa population. "Chaque pays de la région doit créer 10 millions d'opportunités d'emploi chaque année, en ouvrant la voie au secteur privé, qui constitue le moteur de l'économie", a déclaré Ferid Belhaj lors d'un séminaire, vendredi, consacré à la présentation du rapport de la BM sur le développement dans le monde 2019. Selon lui, il est nécessaire d'optimiser les ressources humaines via des réformes éducatives et en soutenant les compétences, ainsi que le secteur privé. "L'Etat joue un rôle de soutien, mais ne peut fournir toutes ces opportunités d'emploi", a-t-il souligné. Sur la question de l'emploi, l'Algérie est plus que jamais mise en demeure, sur fond de risques liés notamment au ralentissement de la croissance et à la baisse de l'investissement public qui tirait l'essentiel de la croissance de ces dernières années. Dans ses dernières "Perspectives économiques mondiales" publiées début octobre, la Banque mondiale a révisé à la baisse, à 2,5%, sa prévision de croissance pour l'Algérie en 2018, contre 3% anticipé dans son rapport d'avril, maintenant, en revanche, inchangée sa projection pour 2019 à 2,7%. Son institution jumelle, le FMI en l'occurrence, qui a confirmé dans un rapport distinct le trou d'air dont souffre le moteur de croissance, a prévu un rebond du chômage à 13,3% en 2019, contre une prévision de 11,6% pour l'année en cours. Les prévisions des deux institutions de Bretton Woods ne sont guère rassurantes, alors que le pays vit à crédit depuis octobre 2017. Cette nouvelle donne pourrait compliquer l'équation du retour tant espéré de la croissance, alors que la contribution des hydrocarbures au PIB s'essouffle conséquemment à la baisse des investissements dans le secteur. À ce stade, l'impact de la planche à billets sur l'investissement et la croissance sont complexes à déterminer, étant donné que les tirages de monnaie effectués jusqu'ici (4 005 milliards de dinars à fin octobre) ont servi plutôt à colmater des trous de trésorerie qu'à financer des projets d'investissement publics. Sur ce plan, force est de reconnaître qu'il n'existe pas de précédent historique comparable pour juger l'efficacité de cette option. L'idée de base était d'augmenter les dépenses budgétaires pour tenter un retour de la croissance et la dynamique des embauches. Une année après avoir opté pour le financement monétaire, les résultats au plan de la croissance et de l'emploi sont quasi nuls, alors que le FMI prévoit un retour à l'assainissement des finances publiques dès 2019, ce qui impliquerait un coup de frein de l'activité. Selon le FMI, l'expansion budgétaire au moyen de la planche à billets "donnera initialement un coup d'accélérateur à l'activité économique. Mais celui-ci sera probablement de courte durée, non seulement en raison de l'assainissement des finances publiques programmé pour la suite, mais aussi du fait que, compte tenu des entraves considérables au développement du secteur privé, les injections de liquidités profiteront principalement à la consommation, et non à l'investissement. La hausse de l'inflation pourrait réduire progressivement l'efficience économique et dissuader les investisseurs". Un risque qui pourrait se traduire à l'avenir par l'incapacité du pays à créer les 10 millions d'emplois par an suggérés par la Banque mondiale à même d'absorber les besoins de ses populations. Ali Titouche