En cette soirée de samedi 29 décembre, le Théâtre régional de Mostaganem a présenté, en ce 13e FNTP, la pièce Baccalauréat dans le clair-obscur d'une cave où "commence la première aventure de la vie". Le baccalauréat est à gué de l'ultime année de lycée et est établi à la lisière de l'accès à l'université. Seulement n'y entre pas qui veut s'il n'a pas le fameux sésame qui requiert de l'effort et point d'abracadabra. Alors, pour se procurer ce quitus, certains potassent en groupe à la bibliothèque de quartier pendant que d'autres, plus nantis ceux-là, s'offrent en solo un "prof" (Adila Soualem) qui soit aussi particulier à un groupe d'élèves. Débute alors en cette soirée de samedi 29 décembre le challenge interprété par le TR de Mostaganem au 13e FNTP (Festival national du théâtre professionnel) au TNA, dans le clair-obscur d'une cave où "commence la première aventure de la vie" à huis clos. Celle d'une déclaration d'amour maladroite mais qu'humanisent des mots plagiés du style raï, mais qui sont doux d'intention et adressés à l'adorable rousse qui a eu une risette pour l'"ado" (Aïssa Chouat) sur Triq lycée. Seulement, le rêve, pour avancer dans la vie, s'en trouve frelaté par l'amas de planches qui a servi à l'usinage d'un mobilier scolaire fragmentaire si lugubrement posé sur la scène de l'opéra Mahieddine-Bachtarzi. Et pour cause, "les lattes dérivent de ces caissons qui ont servi à l'importation d'idées qui ne sont pas les nôtres et d'autres façons de vivre qui ne sont pas non plus les nôtres", a déclaré le metteur en scène Azzedine Abbar. Enflammée telle la "Torchaka" que l'on connaît, la maîtresse si vieillotte continue de prodiguer un savoir frappé d'obsolescence dans une portion de cave qu'elle partage avec un vieux comédien qui a fini là dans les oubliettes de l'ingratitude. Mais le fait qu'il fut boudé par Dame gloire importe peu au sage comédien qui "avoue avoir vécu", puisqu'il reste tout de même imbu d'une époque bénie où nos théâtres et nos salles de cinéma tournaient à guichets fermés. Mais ça, c'était avant l'invasion de feuilletons cairotes à l'eau de rose qui ont fini par dévergonder notre mode de vie et surtout notre parler de tous les jours. Et depuis ces tartuferies, l'Algérien, d'habitude débonnaire et boute-en-train, a perdu énormément de sa verve d'obédience méditerranéenne. S'il en est une preuve, "un chouia de houb ce n'est pas h'ram mais makrouh" (un peu d'amour n'est pas péché, mais il reste tout de même proscrit) dans une société d'hommes où la culture du trabendo et de la chawarma de la malbouffe a poussé le livre vers la porte de sortie. "À l'origine le texte de Baccalauréat l'œuvre d'un enseignant à la retraite que j'ai néanmoins revue, réécrite et cela a abouti à un spectacle pour des adolescents qui s'interrogent sur autant de questions d'actualité qui requiert l'apport d'un public de 7 à 77 ans." "Comique ou tragique, il importe à la critique théâtrale de classer cette pièce où le lugubre se le dispute à Bertolt Brecht (1898-1956)", a ajouté Azzedine Abbar. Et au tomber de rideau, notre interlocuteur a laissé le libre choix au public de répondre à la question : "Que reste-il à une jeunesse en perte de repères et qui s'enferme dans le virtuel ?" Mais peut-être bien que la question n'amerrit, pas car il y a trop de vagues. Louhal Nourreddine