Une dizaine de familles ayant construit illicitement leurs baraques sur lit de l'oued Dhous ont été littéralement emportées par les eaux. Le cas des familles sinistrées d'Ouled Bellil, une localité située à la sortie est de Bouira, reflète on ne peut mieux le "retour de bâton" de la politique laxiste menée par les pouvoirs publics durant ces dix dernières années. À trop fermer les yeux sur les dépassements des citoyens et la non-application des lois de la République, les autorités se retrouvent actuellement dans une véritable impasse. En effet, une dizaine de familles ayant construit illicitement leurs baraques sur lit de l'oued Dhous ont été littéralement emportées par les eaux. Plusieurs citoyens d'Ouled Bellil, qui est traversée par cette rivière, se sont retrouvés, en l'espace de quelques minutes, submergés par des torrents de boue et autres objets hétéroclites charriés par les eaux en furie. Ils ont tout perdu. Mobilier, équipement électroménager et autres effets personnels ont été emportés par les pluies diluviennes de la semaine passée. "Ma maison a été partiellement submergée. J'ai tout perdu !", dira un père de famille. "Il ne fallait pas nous laisser construire…" Sur les lieux du sinistre, nous avons constaté la présence de plusieurs familles, avec des enfants en bas âge, livrées à elles-mêmes et au froid glacial. "C'est vers 2h du matin que nous avons été surpris par la montée des eaux. Toutes les habitations ont été inondées. Nous nous sommes déplacés à la wilaya, mais personne ne s'est soucié de notre sort", affirme un septuagénaire dont le dossier de demande de logement remonte selon lui à 1987. Selon les familles sinistrées, les services municipaux relevant de la commune de Bouira ont été à maintes reprises saisis afin de procéder au gabionnage des rives de l'oued Dhous, en vain, nous a-t-on confié. Il est vrai que l'état de ce bidonville laisse vraiment à désirer. Nids-de-poule, crevasses et autres trous béants sont le lot quotidien des citoyens. À la question de savoir pourquoi ont-ils construit sur lit d'un oued tout en sachant les risques y afférant, les familles rencontrées ont une réponse toute trouvée. "Si on avait où aller, on ne construirait pas ici", affirment-elles. De leur point de vue, du moment que les pouvoirs publics, notamment les services de l'APC et ceux de la daïra, les ont laissé construire au départ, ils devraient, selon nos interlocuteurs, gabionner les rives de l'oued Dhous et aménager leur bidonville. "Il ne fallait pas nous laisser nous installer (…) maintenant, ils doivent nous régulariser", soutient le jeune Lyès Yahiaoui, dont le père s'est installé illicitement en 2002. "L'ex-wali nous avait assuré de veiller personnellement sur notre dossier. Mais force est de constater que depuis cet engagement, rien n'a été fait", a souligné un autre citoyen. Nombre de familles d'Ouled Bellil restent toujours non raccordées aux réseaux d'assainissement, de gaz et d'AEP, car ne disposant pas de permis de construire et leurs constructions sont jugées illicites. Le "niet" des autorités Face à cette situation aussi dramatique qu'ubuesque, l'APC de Bouira au même titre que le président de l'Assemblée populaire de wilaya (P/APW) évoquent la loi que leurs prédécesseurs ont allègrement piétinée. "Ces familles ont construit dans un cadre anarchique et illicite (…) on ne peut absolument rien pour elles", tranche un élu à l'APC de Bouira. Pour cet élu FLN, ce bidonville devra tôt ou tard être démoli et ses occupants chassés. "Les lois de la République ont été suffisamment piétinées et on ne peut plus se permettre de créer un précédent en les relogeant", a-t-il souligné. Pour le P/APW de Bouira, Ahmed Boutata, ces familles ne peuvent nullement prétendre à une quelconque opération de relogement du fait de leur sinistre. "Qui leur a dit d'aller construite au beau milieu d'un oued ? Non seulement c'est inconscient, mais formellement interdit", a-t-il indiqué avant-hier, lors de la 4e session de l'APW. Pour le 2e homme de la wilaya, ces familles peuvent protester autant qu'elles le veulent, elles ne peuvent en aucun cas, selon ses dires, espérer être relogées tout en étant dans le cadre de l'informel.