Le chef de l'Etat soudanais Omar al-Bachir, confronté à une contestation populaire depuis plus de deux mois, a remis temporairement la direction de son parti au nouvel adjoint de cette formation. M. Al-Bachir, qui règne sans partage sur le Soudan depuis trois décennies, a dirigé le Parti du Congrès national (PCN) au pouvoir, depuis sa création. "Le président Omar al-Bachir a transmis son mandat de chef du parti à Ahmed Haroun", nommé plus tôt cette semaine comme adjoint à la tête du PCN, a indiqué jeudi soir cette formation dans un communiqué. "Il agira comme le chef par intérim du PCN jusqu'à la prochaine réunion générale du parti, lors de laquelle un nouveau président sera élu", a-t-il précisé, sans préciser de date. Ahmed Haroun est visé par un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité de la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans le conflit au Darfour, une région de l'ouest du Soudan meurtrie par les violences. Jeudi, plusieurs personnes ont été arrêtées lors de nouvelles protestations à Khartoum et Omdurman, malgré l'état d'urgence décrété le 22 février par M. Al-Bachir après plus de deux mois de contestation antigouvernementale. Huit personnes ont été aussi condamnées à de lourdes peines de prison pour avoir manifesté dans la rue, ont rapporté les agences de presse. Quatre manifestants ont été condamnés à cinq ans de prison, trois à trois ans et un à six mois pour "participation à un rassemblement interdit" par trois tribunaux différents à Khartoum, selon l'agence officielle Suna. Il s'agit des premières condamnations prononcées depuis l'instauration mardi de "tribunaux d'exception", chargés de réprimer les violations de l'état d'urgence. Pour rappel, face au plus sérieux défi depuis son arrivée au pouvoir, M. Al-Bachir a limogé, le 22 février, le gouvernement aux niveaux fédéral et provincial et nommé à la tête des 18 régions du pays 16 officiers de l'armée et deux responsables de la sécurité. Depuis le 19 décembre 2018, les manifestations antigouvernementales secouent le Soudan. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des manifestations. Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts. R. I./Agences