Du statut d'observateur qui suit de près les marches populaires de contestation entamées contre le régime de Bouteflika et son clan, les Etats Unis d'Amérique passent à celui de soutien aux manifestations pacifiques initiées par le peuple algérien. L'administration de Donald Trump s'exprime de nouveau sur la situation qui prévaut en Algérie. Par la voix du porte-parole adjoint du département d'Etat, Robert Palladino, Washington apporte son soutien aux appels de la rue demandant au président Bouteflika de renoncer à ses fonctions. Lors du dernier point de presse animé, ce jeudi, le porte-parole adjoint du Département d'Etat américain n'y est pas allé par quatre chemins pour réitérer la position de l'administration américaine quant aux mouvements pacifiques de contestation organisés dans plusieurs régions du pays depuis le 22 février dernier. "Les Etats-Unis respectent les droits du peuple algérien à se rassembler et à exprimer pacifiquement ses opinions à propos de l'accomplissement de ses aspirations économiques et politiques", a affirmé Robert Palladino, qui a été interrogé sur les demandes de départ du président Bouteflika que le peuple algérien réitère chaque vendredi. Cette nouvelle réaction américaine confirme la première prise de position du pays invitant les autorités algériennes à respecter le droit du peuple à s'exprimer pacifiquement ; ce rappel pouvant probablement donner une autre tournure politique aux manifestations algériennes de rue. C'est dire que la position de Washington a encore évolué par rapport à celle exprimée au début de mars dernier. "Nous observons ces manifestations en Algérie et nous allons continuer à le faire. Et les Etats-Unis soutiennent le peuple algérien et son droit à manifester pacifiquement", avait-il déclaré le 5 mars. La nouvelle déclaration du représentant de la diplomatie américaine est intervenue, faut-il le souligner, quarante-huit heures après l'appel "surprise" du chef d'état-major de l'ANP Gaïd Salah à l'application de l'article 102 de la Constitution pour la destitution du président Bouteflika. Lequel appel est motivé, selon son initiateur, par le souci de faire sortir le pays de l'impasse politique. Le représentant du département d'Etat, qui ne s'est pas ouvertement prononcé sur la proposition de Gaïd Salah, préfère se ranger du côté des 40 millions d'Algériens qui aspirent au changement du régime. Dans le sillage des soutiens exprimés notamment de la part de l'Union européenne au peuple algérien qui exige le départ pur et simple du président Bouteflika, la Maison-Blanche confirme, une fois de plus, que la solution à la crise politique qui secoue l'Algérie est entre les mains du peuple algérien qui aura à se prononcer sur la manière avec laquelle devra être menée la période de transition. "C'est au peuple algérien de répondre à la question de savoir comment accomplir la période de transition qui est en cours", a ajouté Robert Palladino, tout en expliquant que l'administration de Trump respectait "le droit des Algériens à exprimer leur point de vue". Néanmoins, Washington, qui ne manque pas de relever le caractère pacifique exceptionnel des manifestations populaires organisées depuis cinq semaines, a tenu à saluer "l'engagement du gouvernement algérien à assurer la sécurité de tous les manifestants".