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L'effet Sissi
Derrière l'Actu
Publié dans Liberté le 25 - 04 - 2019

Il n'est guère besoin de grands discours pour commenter les dernières évolutions en date de la scène égyptienne. Version factuelle : 88,83% des électeurs qui ont voté sur le dernier référendum constitutionnel en date en Egypte (soit 44,33% du total des inscrits) ont validé une série de mesures qui renforcent le pouvoir présidentiel et celui de l'armée, étendent le mandat présidentiel à six années au lieu de quatre, et limitent encore plus les marges de manœuvre du pouvoir judiciaire. Lecture alternative : moins de la moitié de l'électorat égyptien s'est prononcée en faveur d'un prolongement du mandat présidentiel du chef de l'Etat Abdelfattah Sissi doublé de son acquisition de pouvoirs constitutionnellement étendus. Le président égyptien n'avait pas besoin de cette codification : les tours de vis supplémentaires apposés à l'Egypte le long de ces dernières années lui doivent énormément. Mais les choses passent mieux lorsque l'on peut se prévaloir d'un soutien populaire à de telles dispositions. À ce titre, si 11,17% des électeurs se sont prononcés contre le contenu de cette réforme constitutionnelle, cela ne souligne que mieux combien la marche Sissi reste extrêmement populaire. Ou, plus exactement, tel est le message que le pouvoir égyptien cherche à faire passer, à sa population, comme à ses pairs régionaux et internationaux.
Car d'exception égyptienne il est bien question dans le monde arabe, selon le prisme que l'on privilégiera. L'analyse des réalités égyptiennes à l'aune des critères démocratiques ne fait aucun doute : il fait moins bon vivre dans le pays aujourd'hui qu'avant 2011, et militants locaux comme ONG internationales ne peuvent qu'en témoigner. Mais, ramené à l'échelle sécuritaire et de la stabilité, le président Sissi applique des méthodes qui, de son point de vue surtout, portent leurs fruits. Aucune contestation populaire ne pointe à son encontre ; les politiques des pays avoisinants, Libyens comme Soudanais, lui demandent conseil ; ses pairs occidentaux comprennent ses besoins en armement, besoins pour lesquels il a d'ailleurs des sponsors ; quant à ses rivaux politiques, il s'avère que leur participation aux courses électorales du pays en vient parfois à se traduire par leur désistement au profit du maréchal Sissi, comme on le vit lors des élections présidentielles de 2018. Si tant est que le "Printemps arabe" ait connu un exemple de succès, c'est donc en Egypte qu'on le trouve. Et tant pis pour les militants des droits de l'Homme, les démocrates, les progressistes, et même les islamistes condamnés soit à croupir en prison, soit à faire profil bas… Le maître-mot passe par le système Sissi, et y déroger, c'est se mettre en travers de la marche naturelle des choses.
Car dans le fond, l'Egypte reflète bien la faillite des idéaux que d'aucuns ont voulu forcer, en Egypte comme ailleurs. Non pas que ces principes soient de mauvais acabit. Au contraire, la réalité égyptienne ne peut que pousser à la désolation, tant l'élan révolutionnaire porté par tant de jeunes et de moins jeunes avant 2011 déjà, et le nombre de vies qui ont été sacrifiées pour cette cause, auraient dû accoucher d'un résultat plus louable. Pour autant, en Tunisie comme en Egypte, le désaveu des électeurs pour leurs échéances électorales répond bien à des causes concrètes. On pourra pointer la déception de la population par rapport aux changements initialement escomptés, la césure qui prévaut entre populations éduquées et personnes moins sensibilisées, ou encore le manque d'offre convaincante de la part d'une élite politique qui n'a pas réussi à se réconcilier avec son électorat… Quelle que soit la raison de ce désaveu électoral, il est révélateur, et devrait nous pousser à réviser notre admiration souvent béate d'élans démocratiques qui, aussi louables soient-ils, répondent à des logiques plus complexes qu'une simple opposition de principe entre démocrates et non démocrates.
Par pragmatisme, et par honnêteté intellectuelle Francis Fukuyama, auteur de la célèbre théorie sur "la fin de l'histoire", avait finalement revu sa position concernant l'élan démocratique et libéral irrésistible qu'il prédisait pour le reste du monde une fois le mur de Berlin tombé ; son exemple reste à méditer.

B. M.

(*) Enseignant-chercheur à Madrid et directeur de Stractegia Consulting.


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