Plus que jamais déterminée à poursuivre leur mouvement de revendication d'une Algérie débarrassée du système et des "B", qui le représentent, la population d'Annaba est descendue dans la rue, hier, juste après la prière du vendredi. Timide au début, cette dixième mobilisation est allée en s'amplifiant à 15h, lorsque la foule se dénombrait par dizaines de milliers sur le Cours de la révolution, notamment. Toujours les mêmes, les slogans scandés étaient hostiles à Bedoui et à son gouvernement de transition, ainsi qu'au chef de l'Etat par intérim, Bensalah, et à Kamel Feniche, le nouveau président du Conseil constitutionnel, dont le départ est réclamé. Tout en rappelant le caractère pacifique de leur marche, les citoyens ont exigé des poursuites judiciaires contre les hommes d'affaires véreux et les oligarques connus pour leur proximité avec Saïd Bouteflika, le frère du président déchu. Le désormais célèbre "Tatnahaou ga3, goulna tatnahaou ga3 !", repris à l'unisson, a ponctué les chants patriotiques des manifestants qui ont sillonné les principales artères de la ville, depuis l'esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi, jusqu'au siège de la wilaya. On notera que les marcheurs ont réclamé que des élus et d'anciens walis d'Annaba, connus pour leur prédation, soient, eux aussi, jugés pour avoir contribué à la dilapidation des richesses nationales. Il s'agit tout particulièrement de Mohamed Ghazi, l'ancien chef de l'exécutif de la wilaya d'Annaba et ex-ministre du Travail, dont le portrait, barré d'une grosse croix rouge, était brandi par des jeunes.