Par dizaines de milliers, ils ont manifesté pour le neuvième vendredi consécutif hier au centre-ville de l'antique Cirta, qui ne pouvait plus contenir l'afflux de citoyens venus des quatre coins de la wilaya. Le neuvième acte de la marche citoyenne du vendredi a ressuscité, à bon escient, des slogans commémorant le 18e anniversaire des événements d'Avril 2001 de Kabylie. "Nous sommes un peuple mature et tourné vers l'avenir, mais nous ne sommes pas non plus amnésiques. Si nous tenons à nous réapproprier ces slogans, c'est pour dire que nous ne sommes pas oublieux et surtout pour rappeler à ce pouvoir ses propres méfaits, ceux des événements de Kabylie d'Avril 2001 et des crimes commis contre des innocents qui luttaient comme nous pour la démocratie et la liberté", dira Me Moumene Chadi, un avocat activiste des droits de l'homme, très en vue à Constantine depuis le début du "hirak". En effet, outre les slogans habituels, ceux de "Pouvoir assassin", "Ulac smah" et "Massinissa taana" ont également été scandés par des marcheurs aussi nombreux que les fois précédentes. Les derniers développements survenus sur la scène politique, dont la démission du président du Conseil constitutionnel et la nomination anticonstitutionnelle d'un successeur en la personne de Kamel Feniche, n'ont fait que renforcer les Constantinois dans leurs convictions, celles de ne concevoir aucune solution à la crise ni perspective de construction d'un Etat moderne, de justice et de démocratie avec le personnel politique en place. D'où l'indéfectible attachement à la notion de "dégagisme" qui n'épargne aucune figure du sérail des deux dernières décennies. Par dizaines de milliers, ils ont manifesté pour le neuvième vendredi consécutif hier au centre-ville de l'antique Cirta qui ne pouvait plus contenir l'afflux de citoyens venus des quatre coins de la wilaya. Mot d'ordre de circonstance, "Bensalah dégage" a rythmé la majeure partie de la procession. Pendant près de trois heures, les marcheurs n'ont pas ménagé le chef de l'Exécutif Noureddine Bedoui, le nouveau président du Conseil constitutionnel Kamel Feniche ou encore les oligarques accusés d'avoir pillé les richesses du pays et les partis dits de la majorité, le FLN et le RND en l'occurrence. Autre slogan repris à l'unisson et en boucle : "Djazayer echouhada". Cela, au moment où la marche compacte s'immobilisait, tellement l'itinéraire traditionnel empruntant la rue Abane-Ramdane et le boulevard Belouizdad, via les places de la Pyramide et des Martyrs en forme de boucle, ne pouvait plus contenir d'autres arrivants. Autant dire que ce fut l'une des plus imposantes marches organisées à Constantine en ce 9e vendredi consécutif, et ce, depuis le 22 février dernier.