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De la superstition et de la modernité
Contribution

Il y a quelque temps, dans le cadre de sa thèse doctorale, Lilian F, une étudiante de l'Université de Cambridge, m'avait demandée de définir la notion de modernité.
J'avais trouvé la question fort pertinente, c'est vrai, qu'est-ce donc la modernité ? Pourrait-on la définir par les gadgets technologiques, vite démodés et obsolescents ? Assurément, non, cela était bien trop réducteur !
Après quelques instants de réflexion, voilà la réponse que je finis par donner : « Selon moi, la modernité, c'est certes vivre dans un monde cerné et régie par la technologie, mais surtout le faire en ayant intégré l'état d'esprit, le mind-set qui a rendu possible l'avènement de ce progrès technologique. Si on utilise les gadgets de notre monde moderne en refusant la configuration mentale qui a favorisé leur émergence, nous nous excluons de la modernité, nous sommes condamnés à n'être que des consommateurs de modernité, voués à rester en marge du progrès. »
Un exemple, glané d'ailleurs sur les réseaux sociaux, illustre à merveille mon propos, il s'agit d'un panneau montrant d'un côté, Mark Zuckerberg : inventeur de Facebook, et de l'autre, Cheick Ali Mohammed Chawki, un mufti égyptien, auteur du livre : ‘'Facebok adabouhou wa ahkamouhou'', pouvant se traduire par « des bons usages islamiques de Facebook. »
Le parallèle fait sourire, cependant, il relève d'un rapport profond que le monde arabo-musulman entretient aujourd'hui à la modernité. En d'autres termes ; les pays dits modernes, ou occidentaux, lorsque l'on évoque la science ont des scientifiques, tandis que nos pays, en voie de développement, ont davantage de Ulémas.
D'ailleurs, saviez-vous qu'en Algérie, la journée nationale du savoir et de la science, instaurée sous l'ère Boumedienne, était justement célébrée le 16 avril, en hommage à Ibn Badis, penseur et président de l'association des ulémas algériens.
Lorsque l'on regarde sa biographie de plus près, on apprend qu'il était un brillant théologien et penseur, ayant étudié à la prestigieuse Mosquée de Zitouna en Tunisie.
Ibn Badis fut indéniablement un éminemment penseur et un théologien, mais il n'était pas un scientifique, du moins, pas au sens moderne du terme.
Certes, ce n'est qu'un détail, mais je trouve que cela entretient le flou qui existe déjà entre le sacré et le profane dans nos cultures.
Le mot arabe ''Ilm'' désigne à la fois la science et la théologie, quand on évoque un savant dans le monde arabo-musulman, dans la majorité des cas, il est surtout question d'un théologien.
La science repose sur les principes d'expérimentation, sur la constante remise en question, et sur la raison, tandis que la foi religieuse repose sur le principe de croyance absolue dans les textes sacrés. En utilisant le même mot pour ces deux disciplines, ne nourrit-on pas, inconsciemment ou non, une confusion entre le domaine de la science et celui de la croyance ?
Faut-il s'étonner ensuite que des rakis/exorcistes se retrouvent à officier au sein d'un établissement scolaire, censé justement être le lieu où l'on acquiert le raisonnement logique et la rationalité ?
C'est arrivé à Oran, l'information a été divulguée par Ennahar TV, la même chaîne qui, quelques mois auparavant, avait consacré une émission entière, et à heure de grande écoute, à la rokia d'une femme possédée par Cherkess, un djin, et non des moindres, puisqu'il se disait prince des Djins.
Cette fois-ci, il était question d'une école primaire où des bruits étranges terrorisaient les élèves ne dépassant pas la dizaine d'années.
Le phénomène persistait depuis un moment, c'était peut-être des canalisations vétustes, le système électrique mal entretenu, les fondations de la bâtisse, ou encore une bactérie qui provoque des hallucinations, qui sait ? On a décidé que le problème était beaucoup plus simple, puisque cela ne pouvait qu'être l'œuvre d'une entité invisible.
Si ce genre d'incident survenait dans les cultures qui reposent sur la rationalité, une enquête aurait été ouverte, on aurait dépêché toute une batterie d'experts pour éclaircir le mystère, des experts en bâtiment, en plomberie, voire des experts sanitaires. Le problème aurait été abordé sous différents angles, toutes les pistes rationnelles auraient été explorées pour trouver la solution.
D'ailleurs, n'avez-vous jamais remarqué que ces phénomènes inexpliqués, imputés à d'obscures forces invisibles, se produisent souvent dans les sociétés où on y croit fortement, bien souvent, ces forces semblent être la réponse à plein de problématiques.
Dans les sociétés régies par la rationalité, si une personne venait à affirmer qu'elle était possédée par esprits, elle passera peut-être les plateaux de télévision, mais plus probablement par une clinique psychiatrique.
Le reportage d'Ennahar Tv montrait des images d'enfants en proie à une hystérie collective, courant dans tous les sens en hurlant de peur.
Arrive ensuite l'expert ''rakiste'' pour expliquer fièrement, s'appuyant sur l'approbation et confirmation des enfants, qu'il était venu à bout des djinns qui peuplaient les lieux, qu'une nette amélioration était visible et qu'il prescrirait « un traitement » de 20 jours pour une guérison définitive.
Ces images peuvent faire sourire, mais elles sont justement aux antipodes de la modernité, que l'on croie ou non à l'existence de djinns ou autres entités, ce mode de pensée n'a rien à faire dans une école, lieu sacré de la raison. Quel message est délivré aux enfants, quelle conception du monde est dessinée ici ? Un monde où tout s'explique par le fantastique, où les djins, le mauvais œil et la sorcellerie seront responsables de tous leurs futurs problèmes.
Dans les temps anciens, les phénomènes de la nature étaient expliqués à travers les mythes, les Mayas par exemple pensaient que la pluie était l'œuvre du Dieu Chaac, qui avec sa hache, fendait les nuages. Dans la Grèce antique, on croyait que l'hiver survient à cause de Déméter triste de la descente de sa fille Persephone aux enfers.
L'avènement de la science a signé la fin de ces mythes, l'humain était parvenu à trouver des réponses rationnelles à ce qui jadis relevait du domaine de l'extra-ordinaire.
Avec l'avènement de l'intelligence artificielle, l'essor de la robotique et des moyens modernes de communication, le fossé ne fera que davantage se creuser, ainsi, il est plus que jamais urgent pour nos sociétés de prendre le train de la modernité en marche, auquel cas, celles-ci sont vouées à disparaître.

Par : Nesrine Briki, auteure et traductrice littéraire.


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