Deux semaines après l'appel au dialogue d'Abelkader Bensalah, rien ne semble se profiler à l'horizon. Face au pouvoir qui veut contrôler le processus politique, l'opposition refuse de "dialoguer à n'importe quel prix". Malgré les divergences apparues, les partis de l'opposition tentent de renouer les fils de la discussion. Déjà chargé de coordonner la rencontre des "Forces du changement", réunies le 6 juillet dernier, Abdelaziz Rahabi est de nouveau à la manœuvre. L'ancien diplomate a décidé de reprendre les contacts avec les formations politiques de différents bords pour tenter de rapprocher les positions pour "avancer" vers un dialogue sérieux. "Le danger, c'est l'impasse actuelle", avertit-il. Malgré cela, l'homme, qui travaille dans la discrétion, a bon espoir de pouvoir recueillir un consensus. Il sait que "les divergences sont normales", mais il craint que la crise ne dure plus longtemps. "Il y a des signes positifs", se contente-t-il de dire. Mais selon des personnes qui l'ont approché, l'ancien ministre de la Communication ne souhaite pas "un dialogue à n'importe quel prix". À ceux qui lui demandent d'énumérer ses conditions, il renvoie aux conditions consignées dans la plateforme d'Aïn Benian. Il s'agit notamment de "mesures d'apaisement" que le pouvoir doit donner et le départ des symboles actuels du système. Ce sont, d'ailleurs, ces garanties que demande également l'autre partie de l'opposition. Les partis et les associations inscrits dans l'alternative démocratique posent des conditions à tout dialogue avec le pouvoir et sur le processus électoral. Parmi les garanties demandées, la libération des détenus d'opinion et la levée des contraintes imposées à l'exercice politique. Ces formations politiques ont d'ailleurs dénoncé les arrestations des jeunes militants qui ont porté l'emblème amazigh, Lakhdar Bouregâa et Louisa Hanoune. Malgré les divergences publiques, la fracture entre les parties de l'opposition n'est pas irréversible. Ali Benflis et Abdelaziz Rahabi multiplient les messages de bienveillance envers les partis de l'alternative démocratique. "Nous n'avons jamais dit que nous étions les seuls à avoir raison après la réunion d'Aïn Benian. Nous respectons toutes les autres propositions", a indiqué le président de Talaie El-Houriat dans une vidéo. L'homme rappelle également que "la différence est un avantage" pour une démocratie. "C'est normal qu'il y ait des différences. Sinon, nous allons reproduire le parti unique", tempère Abdelaziz Rahabi.