L'homme qui a offert le titre de la première Ligue des champions africaine en 2014 à l'Entente de Sétif est de retour. Kheiredine Madoui revient avec de nouvelles idées et un projet ambitieux qui consiste en la construction d'une jeune équipe capable de relever le défi en championnat, et ce, en dépit d'un départ massif des joueurs-cadres. Il explique dans cet entretien son chantier, ainsi les raisons et les motivations de son retour. Liberté : Vous êtes de retour à l'Entente de Sétif. Peut-on connaître les vrais motivations de votre come-back ? Madoui : À vrai dire, ce n'est pas une surprise pour moi de revenir dans mon club que je considère aussi comme ma seconde maison. J'ai toujours répondu présent lorsque l'Entente avait besoin de mes services. Je ne peux donc pas tourner le dos au club qui m'a fait connaître au grand public en tant que joueur et entraîneur. J'ai également remarqué que les nouveaux dirigeants sont animés d'une très bonne volonté pour composer une jeune équipe capable de relever le s défis à l'avenir. J'ai donc adhéré à ce challenge qui me convient parfaitement. J'avoue que cela m'a fait énormément plaisir lorsque les dirigeants m'ont contacté pour prendre la barre technique du club, je n'ai pas hésité un seul moment, en dépit de nombreux contacts ici et ailleurs. Je veux réussir une belle saison avec la nouvelle génération de l'Entente qui est très motivée pour porter haut les couleurs du club. Doit-on comprendre par là que l'Entente est sacrée pour vous ? Dans le domaine sportif, l'Entente reste pour moi un club qui dépasse la passion et l'amour, c'est au niveau de ce club que j'ai entamé ma carrière, donc il n'y a rien à dire. L'ESS est plus que sacrée pour moi, au même titre d'ailleurs que tous les Sétifiens qui portent tous l'Entente dans leur cœur. Comment s'est faite la reprise au niveau du club et des entraînements ? De ce côté-là, el hamdoullah, j'ai été très bien accueilli tant par la direction que par les joueurs et les supporters qui m'ont témoigné leur soutien. Cela m'a vraiment touché et m'a donné une motivation supplémentaire pour me surpasser et donner le meilleur de moi-même au club. Tout s'est très bien passé. J'ai très vite repris le travail en organisant un stage au niveau du centre El-Bez de Sétif, où on a beaucoup travaillé. Justement, dans quel état avez-vous trouvé le club ? J'ai trouvé une équipe complètement ruinée. Je ne vous le cache pas, c'était catastrophique, il a fallu beaucoup de travail et de sacrifices pour que les dirigeants arrivent à remettre les choses en place. Là où tu touches, c'est le piège, on ne sait plus par où commencer. Je ne veux pas tirer sur l'ambulance, mais aujourd'hui, le club n'arrive même pas à payer les salaires des joueurs. Il y a une grave crise financière qui influe directement sur le groupe, il ne faut pas se cacher la face, l'argent est le nerf de la guerre. Cet argent, justement, manque terriblement à Sétif, comment voulez-vous motiver les joueurs et leur assurer le minimum, il faut que les gens prennent conscience de ce problème qui risque d'influer sur l'équipe. Les pouvoirs publics doivent regarder du côté de ce club qui draine des milliers de supporters chaque week-end. À Sétif, les jeunes n'ont que l'Entente et rien d'autre, je souhaite que ce problème soit résolu au plus vite, je sais que les dirigeants actuels ne ménage aucun effort pour mettre à la disposition du club tous les moyens dont on a besoin, ils sont à féliciter, mais cela reste insuffisant par rapport aux salaires des joueurs. En parlant des joueurs, il y a eu un départ massif, des Djabou, Bedrane, Bakir, Zeghba, Aïboud, et Banouh. Est-ce un handicap pour vous ? C'est clair que c'est un handicap dans la mesure où ce sont les cadres et les meilleurs éléments qui sont partis, mais bon ! On ne va pas s'arrêter là, il faut trouver des solutions et des remplaçants, on a ramené des joueurs ciblés pour certains postes, il y a aussi la promotion en séniors de cinq joueurs issus de la catégorie espoirs. J'ai remanié l'équipe en faisant un mélange avec les anciens comme Redouani, Bouguelmouna, Gacha, Nemdil et Djahnit et les nouveaux, pour le moment ça marche très bien. Il manque tout de même des joueurs influents au sein de l'équipe qu'on trouvera avec le temps, car j'ai trouvé un groupe très motivé, avide de démontrer de quoi il est capable. On sent chez les joueurs, cette envie de se surpasser pour démontrer qu'ils sont eux aussi capables de mener à bon port le club. Ça je l'ai décelé durant la préparation, c'est encourageant et donne de l'espoir pour l'avenir de cette jeune équipe. Quelle a été la réaction des joueurs et des membres du staff technique sur le cas du joueur Houari Ferhani par rapport à son problème cardiaque ? Cela nous a beaucoup touchés, on a paniqué au départ. Finalement c'était plus de peur que de mal, on vient d'avoir des nouvelles rassurantes sur son cas, il doit en principe reprendre dans quelques jours, c'est un joueur-clé dans mon échiquier, on va le récupérer avec beaucoup d'assurance à l'avenir. Quels sont les enseignements tirés de votre stage, et ce, à une semaine du début du championnat ? Je suis très satisfait de la préparation effectuée au centre El-Bez, les joueurs ont adhéré à notre démarche et notre plan de travail qui fut axé sur le volet physique et tactique, et les matchs amicaux qu'on a disputés durant cette phase, m'ont permis de mieux juger les capacités de tout un chacun et le niveau général de l'équipe. J'avoue qu'il y a des satisfactions, mais aussi des insuffisances qu'on comblera les prochains jours, car j'estime que nous sommes prêts à 70%, il reste encore quelques jours avant le début du championnat, on va tenter d'améliorer les compartiments où on a décelé des insuffisances pour être prêts contre l'USMA lors de la première journée du championnat. Cette année, ma priorité est de construire une équipe capable justement de relever le défi en championnat, on dispose d'un petit noyau autour duquel on construira une équipe d'avenir. D'ici un mois, l'équipe sera prête, on pourra alors parler des objectifs pour cette saison. R.A