Le plasticien et enseignant à l'université de Mostaganem a animé, les 16 et 17 août derniers, à la galerie Ifru.design, deux ateliers d'acrylique destinés au grand public. Dans cet entretien, il revient sur cette expérience, sur l'enseignement de l'art et sur ses futurs projets artistiques. Liberté : Vous avez dirigé, les 16 et 17 août derniers, à la galerie Ifru.design, deux stages techniques de peinture acrylique à l'adresse du grand public. Pouvez-vous nous en parlez plus en détail ? Saïd Debladji : Je tiens à préciser en premier lieu que j'avais dû reporter le premier rendez-vous de juillet à cause du décès d'un ami artiste qui s'appelle Djebbar Fethi, il était enseignant à l'Ecole les beaux-arts de Mostaganem. Cet atelier est venu à la demande de certains ami(e)s qui fréquentent la galerie Ifru.design. La peinture acrylique est diluable à l'eau, donc facile à utiliser. De plus, elle peut avoir les qualités de l'aquarelle et de la peinture à l'huile quand elle est utilisée comme texture. Pendant l'atelier, il y a eu un récital poétique animé par Louisa Adjaouati invitée par Amel Bara-Kasmi, propriétaire et gérante de l'espace. L'artiste a pour rôle d'expliquer les différentes techniques et parler de son expérience avec ce médium, on a travaillé sur toile, sur le papier et sur de l'isorel. Vous enseignez aussi l'histoire de l'art à l'université Abdelhamid-Ben-Badis de Mostaganem, et avant cela à l'Ecole des beaux-arts de la même ville. Est-ce la même chose d'enseigner l'art à des initiés et à des débutants ? L'échange dans le cadre d'un atelier est enrichissant autant pour l'artiste que pour les participants. Pour l'enseignement de l'art à l'université c'est bien. En tant qu'artiste ça me permet de rester à jour. Bien sûr, à l'Ecole des beaux-arts c'est mieux, mais il faut que les méthodes et les programmes changent, et soient mieux adaptés à notre époque. L'enseignement des arts en général a besoin d'un nouveau souffle. Nous devons changer nos méthodes. Nos programmes font de l'art une chose inaccessible alors que c'est tout le contraire ! À cela s'ajoutent le manque de vision et d'objectifs à long terme. En définitive, on forme uniquement pour former… En tant que plasticien, vous privilégiez dans vos travaux les techniques mixtes ; acrylique, peinture à l'huile, une manière de préserver cette liberté de "ton" qui vous est chère ? En effet, je privilégie les techniques mixtes et j'aime revisiter plusieurs styles, changer, brouiller les traces, j'aime que ma peinture suscite des questionnements. Les mythes et légendes urbaines, algériennes et maghrébines en général, sont au centre de votre œuvre picturale… La symbolique des mythes et légendes je la transpose dans les temps actuels, parce que j'aime être actuel. Une peinture doit susciter des questionnements, au-delà de son côté esthétique. L'identité est omniprésente aussi dans mes travaux, je représente et me ressource d'une culture millénaire, la nôtre. Enfin, un prochain projet artistique ou une exposition pour les mois à venir ? J'ai exposé en Espagne à Alicante avec des artistes espagnols. L'exposition est toujours accrochée et elle fera l'objet d'une expo itinérante jusqu'à 2020. Par ailleurs, je prépare une autre exhibition sur le thème des mythes et légendes de la Méditerranée en Espagne, intitulée "Mare nostrum" (notre mer). Elle comprendra plusieurs supports et médiums en plus de la peinture.