Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, aura toutes les peines du monde à convaincre l'opposition et les rebelles,dont la principale revendication est son départ du pouvoir. Après quatre mois de crise, à la suite de l'apparition de la rébellion armée dans le nord et l'ouest du pays en septembre dernier, la Côte d'Ivoire retient son souffle, à l'occasion de la réunion de Paris qui s'ouvre demain. La présence de l'ensemble des protagonistes, pouvoir, opposition et rebelles est différemment appréciée. Si certains y voit là la possibilité d'un règlement définitif du conflit, d'autres pensent, au contraire, que cela compliquera encore plus la situation en raison des revendications exprimées, notamment par les rebelles, qui exigent le départ pur et simple du président Laurent Gbagbo du pouvoir et l'organisation d'élections générales. Cette exigence sera certainement rejetée par le parti au pouvoir, à savoir le Front populaire ivoirien (FPI), qui espère resserrer les rangs autour de son patron, Gbagbo. La mission du FPI s'annonce des plus aléatoires, car il aura affaire non seulement aux trois mouvements de rébellion (MPIGO, MPCI et MJP), mais également à son éternel rival le RDR d'Alhassane ouattara. Ce dernier, actuellement en exil à Paris, constitue la principale attraction de la vie politique en Côte d'Ivoire. Il est considéré comme la “bête noire” du président sortant, Konan Bedié et du président en poste Laurent Gbagbo. Maintenant qu'il a réglé son sempiternel problème d'inéligibilité et de nationalité, après avoir officiellement obtenu la nationalité ivoirienne en juin 2002, Alhassane Ouattara se présentera en force à la conférence. En effet, sa position a été confortée par les trois mouvements rebelles, dont les revendications sont quasi similaires à celles de son parti, contenues dans son appel lancé à Dakar le 20 décembre dernier. La constitution d'un front commun entre les mouvements rebelles et le RDR mettra véritablement le parti de Laurent Gbagbo (FPI) en mauvaise posture. Celle-ci pourrait devenir encore plus inconfortable si les deux autres partis, le PDCI (parti unique de 1960 à 1990) et l'UDPCI (du défunt général Robert Gueï), épousent les revendications des rebelles et du RDR. Jusqu'à hier le PDCI et l'UDPCI affirmaient qu'ils se rendraient en France sans revendications particulières. “Nous ne sommes pas partie prenante au conflit, par conséquent nous ne disposons pas de revendications à faire valoir”, a déclaré le secrétaire général adjoint du PDCI, Djedje Rady. Du côté de l'UDPCI, il n'y a aucune demande spécifique, mais une oreille attentive sera prêtée à l'argumentation du RDR de Ouattara. Du rôle d'arbitres au départ, ces deux parties peuvent s'aligner sur les positions des opposants déclarés à Laurent Gbagbo. Ce denier qui s'est doté d'un “plan de sortie de crise”, comportant certaines concessions sans pour autant satisfaire toutes les demandes, insiste sur “la légalité constitutionnelle, le respect des institutions et le dépôt des armes par les rebelles”. La volonté des uns et autres ne suffira certainement pas à régler la crise ivoirienne, à moins que des concessions soient faites de part et d'autre. K. A.