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“Nous n'abandonnerons pas nos armes”
Des dizaines de citoyens réclament la restitution de leurs fusils de chasse À Bouira
Publié dans Liberté le 17 - 08 - 2005

Selon les manifestants, rien qu'au niveau de la wilaya de Bouira, plus de 13 000 fusils de chasse ont été retirés à leurs propriétaires (un peu plus de 9 000, selon les officiels).
C'est devenu un rituel. Depuis trois ans, chaque mardi, des dizaines de paysans affluent de leur village vers la place centrale de Bouira, où ils se rassemblent pendant une demi-heure avant de s'ébranler, en cortège, vers le siège de la wilaya. Ils étaient au rendez-vous, hier, plus déterminés que jamais à récupérer les fusils de chasse que l'Etat leur a confisqués en février 1993. Laouadi Saïd, la soixantaine bien entamée, est venu de Aïn Bessam, distante de 25 km du chef-lieu de wilaya. L'éloignement ne l'a jamais empêché jusqu'alors de participer activement au sit-in hebdomadaire. “Nous voulons récupérer nos biens. Nous n'abandonnerons pas avant d'avoir gain de cause”, nous déclare-t-il sur un ton qui n'admet aucune compromission. Il est aussitôt rejoint par d'autres manifestants, pratiquement tous ployant sous le poids du troisième âge. “Pour nous, un fusil a la valeur d'une femme. En nous l'enlevant, ils nous ont délesté de notre dignité”, assène un contestataire, en effleurant du bout des doigts sa moustache pour mieux signifier la profondeur du déni et de l'outrage que lui et ses compagnons subissent, depuis douze ans. Plus qu'une question d'honneur légèrement bafoué ou de biens spoliés, les protestataires réclament leurs armes par souci de survie dans un environnement relativement hostile. Ils se plaignent des sangliers qui ravagent les cultures et menacent leur vie et celle de leur famille sans qu'ils n'aient la possibilité de les abattre ou du moins de repousser leurs attaques. “Nous sommes confrontés régulièrement aux vols des têtes de bétail, car les voleurs savent que nous n'avons plus nos armes”, témoigne un villageois. Mazreg Mohamed, un ancien moudjahid, montre des signes d'irritabilité. “Nous avons remis aux autorités nos fusils docilement parce que nous savions que c'était ce qu'il fallait faire. Nous les réclamons depuis quatre ans dans la légalité. Mais si on persiste à nous dénier nos droits, nous agirons comme les archs”, menace-t-il. Selon les manifestants, rien qu'au niveau de la wilaya de Bouira, plus de 13 000 fusils de chasse ont été retirés à leurs propriétaires (un peu plus de 9 000 selon les officiels). Les autorités ont pris cette décision quelques semaines à peine après que des terroristes (fin 1992), qui se sont fait passer pour des gendarmes, eurent enlevé une quinzaine de carabines à des fermiers du village Chouiriet (commune de Mesdour, à 60 km au sud-est du centre-ville de Bouira). Dès que la situation sécuritaire s'est quelque peu améliorée dans la région — exactement en 2001 —, les paysans ont commencé à revendiquer la restitution de leurs armes. Ils n'ont eu de cesse depuis de frapper aux portes des autorités locales ou régionales dans la perspective de faire aboutir leur requête. Au début du mois de juin dernier, une délégation des contestataires a fait le déplacement au commandement de la Ire Région militaire (Blida) afin d'exposer leurs doléances directement aux autorités militaires. Le protocole du chef de la région leur a promis alors de leur arranger une entrevue avec son supérieur. Rendez-vous est effectivement pris pour le 20 juin avec le chef de la Région militaire. Ce dernier, à en croire les manifestants, leur a demandé de lui donner un peu de temps pour prendre en charge le dossier. “Nous lui avons accordé 56 jours”, rapporte M. Maïz. Ils sont néanmoins retournés le voir avant-hier, avant l'expiration du délai. Un officier leur a alors appris que “le général” est à Bouira. Naïvement, ils ont cru qu'il était enfin porteur de bonnes nouvelles. Hier vers 10h, des délégués ont demandé une audience au chef de cabinet du wali, quêtant une information nouvelle. Au bout d'une demi-heure, ils ressortent du bâtiment, la déception peinte sur leur visage. “Il nous a dit qu'il n'avait rien de nouveau à nous communiquer”, lance Rachem Brahim. “À Blida, on nous a pourtant assuré que le problème est en voie de règlement au niveau du ministère de l'Intérieur”, ajoute-t-il. “Nous attendrons encore une semaine, puis nous prendrons d'autres dispositions pour arriver à nos fins”, renchérit un autre avant de dire qu'il ne comprenait pas pourquoi les fusils, gardés par la police, ont été rendus à leurs propriétaires, mais pas ceux pris par la gendarmerie. À ce propos, Kamel Bouricha, chef de cabinet du wali, donne une explication. “Au fur et à mesure que des fusils étaient récupérés, ils étaient acheminés dans des caissons vers les commandements de la gendarmerie. Les derniers quotas sont restés aux mains de la police. En 1999, quelques fusils ont été restitués à leurs propriétaires qui habitent des zones urbaines totalement sécurisées, après enquête minutieuse. Puis l'opération a été gelée une année après”. Il certifie qu'il n'a jamais fermé sa porte aux paysans qui viennent le voir chaque mardi, depuis plusieurs années. “La réunion avec eux est programmée dans son agenda de la journée”, confirme le chargé de la communication au niveau du siège de la wilaya. “Leurs manifestations sont spontanées et leur revendication légitime, mais je n'ai à chaque fois qu'une seule réponse à leur donner : je n'ai pas d'instructions particulières les concernant.” Il indique qu'il fait, chaque semaine, un compte rendu du rassemblement et de l'entretien avec les délégués des manifestants aux services compétents du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. “Mon travail s'arrête là”. Il souligne, par ailleurs, que le problème n'est pas spécifique à la ville de Bouira. Il est d'envergure nationale. Il revient évidemment aux autorités nationales de satisfaire la revendication des citoyens, qui veulent récupérer leurs fusils de chasse. D'autant que ces derniers ne semblent pas disposés à renoncer à leur exigence. Les paysans de Bouira manifestent les mardis. Ceux de Béjaïa ont pris exemple sur eux, mais ont choisi le dimanche. La tache d'huile risque de s'étendre à d'autres villes rapidement.
S. H.


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