"Mon fils est en prison depuis 5 mois et on nous interdit de manifester pour demander sa libération", criait la mère d'un détenu. Le sit-in programmé avant-hier à la place Audin à Alger par les familles, notamment les mères des détenus d'opinion, a été empêché par la police dépêchée en nombre sur les lieux de la manifestation initiée par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). En effet, il était presque 14h lorsque les premiers manifestants s'apprêtaient à occuper la place Audin. Aussitôt, des renforts de police sont arrivés sur place pour tenter de quadriller la placette. Quelques instants plus tard, des dizaines de citoyens se sont joints à l'action, bravant ainsi le cordon de sécurité formé autour de la place par des dizaines de policiers. Munis des portraits de détenus et de pancartes sur lesquelles il était porté des slogans appelant à la libération des détenus ainsi qu'au au rejet de la présidentielle du 12 décembre, ces proches et amis des détenus ont dénoncé l'instrumentalisation de la justice. Quelques minutes après le début de l'action à laquelle de plus en plus de citoyens ont adhéré, d'autres manifestants qui venaient du boulevard Mohammed-V, ont été refoulés par la police qui les a violemment empêchés de rejoindre la place Audin. Des interpellations ont été opérées. Les manifestants répondent par des slogans : "Vous méprisez le peuple", "Algérie libre et démocratique", "Libérez nos enfants, ils n'ont pas vendu de la cocaïne", "Nous n'allons pas voter ce 12 décembre". "Mon fils est en prison depuis 5 mois et on nous interdit de manifester pour demander sa libération", criait la mère d'un détenu, avant que la sœur d'un autre condamné récemment à six mois de prison ferme ajoute : "Ceux qui sont actuellement en prison savent qu'ils sont des otages d'un régime dictatorial. Ils finiront par recouvrer leur liberté et deviendront nos héros." "L'histoire a déjà fait de ces détenus les héros d'un peuple et de ceux qui les ont jetés en prison, des traîtres", a dit, pour sa part, un animateur du CNLD. "Nous n'allons pas nous taire. Nous allons encore manifester pour exiger la libération des otages", ajoute-t-il, tout en annonçant d'autres actions en faveur des détenus dans les jours à venir. Quelque temps après, les manifestants ont quitté les lieux. À noter qu'au moment de la manifestation, des dizaines d'automobilistes qui passaient par la place Maurice-Audin, saluaient les manifestants et d'autres klaxonnaient pour leur manifester leur soutien.
