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"Le nouveau chef de l'Etat a une marge de manœuvre très réduite" très réduite"très réduite"
Mohamed Hennad, politologue et professeur à l'université Alger 3
Publié dans Liberté le 19 - 12 - 2019

Le politologue Mohamed Hennad estime que l'élection présidentielle qui a vu l'intronisation d'Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays "a, peut-être, résolu le problème des tenants du pouvoir mais pas celui du pays". Mais devant le défaut de légitimité qu'il doit traîner comme un boulet, la question se pose quant à sa manière d'agir face au mouvement populaire. Quelle position adoptera-t-il ? Aura-t-il les coudées franches pour mener à terme le dialogue qu'il a promis avec le hirak ? Quel sera le rôle de l'armée, avec le retour de la vitrine civile du pouvoir ? Sur quelle base sociale et politique s'appuiera le nouveau président pour gouverner ? C'est là autant de questions auxquelles a tenté de répondre, dans cet entretien, Mohamed Hennad.
Liberté : Quelle marge de manœuvre pour Abdelmadjid Tebboune, devant le défaut de légitimité auquel il doit faire face, après son élection, à l'occasion d'un scrutin massivement rejeté par la population ?
Mohamed Hennad : Force est de constater que le dernier scrutin a été organisé d'une manière autoritaire et précipitée pour, soi-disant, mettre fin au vide constitutionnel ! C'est pour cette raison que l'on est en droit de considérer que l'élection présidentielle a, peut-être, résolu le problème des tenants du pouvoir mais pas celui du pays. Après de longs mois de hirak, l'Algérie avait le droit d'espérer beaucoup mieux : une élection consensuelle avec des figures nouvelles comme candidats pour nous faire oublier la îssaba.
Ainsi, et quelles que soient sa bonne volonté et sa détermination, le nouveau président sera, au moins pour un certain temps, considéré par beaucoup d'Algériens comme celui que le haut commandement des forces armées a imposé au peuple. Sa marge de manœuvre sera, de ce fait, très réduite d'autant plus qu'il sera appelé à prendre des décisions qui pourront être très difficiles.

Comment agira le nouveau président face à la mobilisation de la rue ?
Evidemment, un pouvoir qui manque de légitimité est obligé d'utiliser des moyens "non conventionnels", y compris le recours à la force le cas échéant. Pour le moment, le nouveau président – qui n'est pas encore investi – se présente comme un homme du hirak, mais il n'a, pour le moment, rien promis pour ce qui est dans l'immédiat comme gage de bonne volonté et de mesures destinées à établir la confiance entre le peuple et ses institutions politiques.
Pour ce qui est du plus ou moins long terme, beaucoup d'Algériens considèrent que le mandat de M. Tebboune risque d'être un "cinquième mandat", preuve en est que le nouveau président a promis beaucoup de choses dans presque les mêmes termes que le président déchu dans son discours du 18 mars 2019, notamment une révision profonde de la Constitution et du système électoral, avec la promesse d'un dialogue sincère et inclusif. Ajouté à cela la sempiternelle question de la nécessité d'impliquer la jeunesse dans la réalisation du projet national.
Dans son premier discours, M. Tebboune a tendu "la main au hirak". Sera-t-il capable de rompre avec la ligne de conduite dure du chef d'état-major pour engager un vrai dialogue avec le mouvement populaire qui ne le reconnaît pas et qui revendique un changement radical ? Quelles chances de réussite pour le dialogue proposé ?
Il faut se rendre à l'évidence que la question de la "main tendue" est trop souvent une simple clause de style ! Elle peut être aussi une manière de dire : "Maintenant que je suis là, vous n'avez d'autre choix que d'accepter de traiter avec moi selon mes termes !" En tout cas, cette façon d'agir est conforme à la ligne de conduite dure du chef d'état-major. Quant à la capacité du nouveau président à engager un vrai dialogue, rien n'est moins sûr parce qu'on peut aisément imaginer qu'il y ait des "lignes rouges" que le haut commandement militaire imposerait dans tout dialogue.
Sachant que ce dialogue sera d'autant plus nécessaire qu'il s'agira d'essayer de mettre à contribution les différentes forces politiques et sociales nationales, non seulement pour faire accepter la nouvelle direction du pays, mais surtout pour maîtriser la contestation contre les mesures que le gouvernement sera bien obligé de prendre pour redresser l'économie du pays, notamment en matière d'assainissement, de transferts sociaux et d'équilibre de la balance des paiements du pays.
Les partis politiques qui étaient, jusque-là, au pouvoir, notamment le FLN et le RND, sont sur le déclin. Avec quelle majorité va gouverner le nouveau président et surtout va-t-il appliquer son programme ou sera-t-il contraint de faire des concessions ?
Vu les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection présidentielle, M. Tebboune semble refuser de s'enfermer dans un cadre partisan, a fortiori celui du FLN et du RND. Tout soutien de ces deux partis le desservira et confirmera la continuité dans l'absurdité ! En tout cas, l'histoire retiendra que lesdits partis n'ont servi que de couverture à la gabegie et à la corruption et l'Algérie ne regrettera sûrement pas leur disparition ! Cela étant, le nouveau président préfère, plutôt, avoir le soutien du plus grand nombre possible de ses concitoyens. Comment procédera-t-il ? Difficile à deviner !
Pour ce qui est de l'assise politique du pouvoir, en fait, le hirak a mis à nu, non seulement le système, mais aussi les partis politiques de l'opposition. Force est de constater que ceux-ci n'ont pas pu peser sur le cours des choses alors que le pays était en pleine perdition. Leur incapacité était due, d'abord à leurs faiblesses internes, ensuite au fait qu'ils n'aient pas été en mesure de s'entendre sur l'essentiel, c'est-à-dire sur une plateforme commune qui transcenderait leurs clivages – si clivage il y a réellement – pour asseoir les règles d'une pratique politique saine et efficiente.
L'option de la transition semble s'éloigner. Quels scénarios possibles alors pour le pays ?
Bien au contraire, nous serons toujours en période de transition tant que le déficit politique persistera. L'expérience montre bien que la politique du fait accompli n'a jamais fait avancer les choses pour la simple raison que cette politique, au lieu de s'attaquer aux problèmes, s'attaque à ceux qui les posent. Il faut que les tenants actuels du pouvoir l'admettent : nous ne sommes plus dans un monde qui admet l'autoritarisme. L'autoritarisme est devenu la risée de ce monde !
Quant aux scénarios possibles pour le pays, il faut d'abord résoudre ce problème de l'abstention de toute une région du pays. Ce problème n'est pas seulement d'ordre politique, il est aussi d'ordre juridique dans la mesure où les habitants de cette région peuvent continuer à dire qu'ils ne sont nullement tenus par les décisions prises par la direction du pays pour la simple raison qu'ils n'ont pas voté !
Avec une façade désormais civile, quel rôle va jouer l'état-major de l'armée à l'avenir ?
Le haut commandement des forces armées va évidemment continuer son "accompagnement". Il se plaît dans ce rôle. Quant au caractère civil de la façade du pouvoir en Algérie, ça a toujours été le cas depuis l'indépendance du pays même quand le chef de l'Etat était militaire. Depuis cette date, les chefs militaires tiennent toujours à garder le pouvoir réel pour eux et laisser la responsabilité aux civils qu'ils adoubent ou du moins ne contestent pas.
Pour que les choses changent vraiment, il faudra se rendre à l'évidence que cet état de fait n'arrange ni les militaires ni les civils. Il est temps d'y mettre fin ! Comment ? D'abord, il faut un renouvellement consensuel de la direction politique à travers un processus politique adéquat et un renouvellement de la direction militaire pour se mettre à l'ère de l'organisation moderne de l'outil de défense nationale. À terme, il faudra que l'Etat algérien ait droit à un ministre de la Défense nationale qui soit civil. Ensuite, la légitimité politique devra cesser de puiser sa source dans l'idée "novembriste" pour se mettre au diapason avec les normes universelles en matière de gouvernance.

Entretien réalisé par : Nissa Hammadi


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