Deux des principaux suspects, le proche conseiller du prince héritier Mohammed ben Salmane et l'ancien numéro deux du renseignement, ont été disculpés. "La justice a été bafouée" avec la condamnation à mort, à huis clos, de cinq Saoudiens pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, a dénoncé hier le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire. Le procès n'a pas respecté "les principes internationalement reconnus de la justice" et cette condamnation pourrait être "un moyen de faire taire à jamais des témoins de l'assassinat", selon Christophe Deloire. Aucune accusation n'a été retenue contre le suspect Saoud al-Qahtani, proche conseiller du prince héritier Mohammed ben Salmane. Jamal Khashoggi, un collaborateur du Washington Post, a été étranglé et son corps découpé en morceaux par une équipe de 15 hommes venus de Ryad dans le consulat du royaume à Istanbul, selon les responsables turcs. Ses restes n'ont jamais été retrouvés. Après avoir donné plusieurs versions du meurtre, les autorités de Ryad avaient fini d'admettre qu'il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls et sans ordre de hauts dirigeants. Le procureur général d'Arabie Saoudite a annoncé hier que cinq Saoudiens avaient été condamnés à mort pour cet assassinat. "Le tribunal a condamné à mort cinq hommes qui ont directement participé à l'assassinat", a indiqué le procureur dans un communiqué. Mais deux des principaux suspects, le proche conseiller du prince héritier Mohammed ben Salmane et l'ancien numéro deux du renseignement, ont été disculpés. Le général Assiri était soupçonné d'avoir supervisé l'assassinat du chroniqueur du Washington Post et d'avoir été conseillé par Saoud al-Qahtani, confident du prince héritier. Saoud al-Qahtani a été interrogé mais n'a pas été inculpé "faute de preuves" et le général Assiri a été inculpé mais acquitté pour les mêmes raisons, selon le communiqué du procureur général. Conseiller royal, Saoud al-Qahtani qui a dirigé de violentes campagnes sur les réseaux sociaux contre les opposants saoudiens, n'est pas apparu en public depuis le début de l'affaire. "On peut s'interroger sur le caractère discrétionnaire de ces décisions", a poursuivi Christophe Deloire. "On espère bien que l'Arabie Saoudite va se rattraper avec un procès en appel public, et des preuves. Ce n'est pas en rendant la justice de cette manière que le royaume va reconstruire son image". Selon le communiqué du procureur saoudien, le tribunal de Ryad chargé de l'affaire a tenu au total neuf audiences en présence de représentants de la communauté internationale ainsi que de proches de Jamal Khashoggi. La Turquie a critiqué aussi les décisions de la justice saoudienne. Les décisions du tribunal sont "loin de répondre aux attentes de notre pays et de la communauté internationale pour éclairer tous les aspects de ce meurtre et pour la manifestation de la justice", a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. La CIA et une experte de l'ONU ont mis en cause dans l'assassinat le prince héritier saoudien et homme fort du pays qui dément avoir ordonné l'assassinat du journaliste critique même s'il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant du royaume.