"En dehors des hydrocarbures, l'Algérie n'est pas un pays exportateur". Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), estime que dans notre pays on ne maîtrise pas encore les mécanismes du commerce extérieur. "Pour le commerce extérieur, nous avons travaillé comme des amateurs et des bricoleurs", lâche-t-il. Il en veut pour preuve, le montant dérisoire évalué à 645 millions de dollars issu des exportations hors hydrocarbures (EHH) réalisé ces dernières années. De ce total, la moitié, soit 300 millions de dollars est l'œuvre du groupe Cevital, premier exportateur hors hydrocarbures en Algérie. Plus de 72% des EHH sont, selon lui, des fertilisants (ammoniac, urée…). Ce constat est la conséquence du manque d'intérêt réservé par les pouvoirs publics à ce créneau, pourtant porteur. "À part le pétrole et le gaz, les exportations n'ont jamais été une priorité réelle dans notre pays", déplore-t-il lors de son intervention hier au Forum d'El Moudjahid. En Algérie, relève-t-il, c'est toujours le "politique qui donne le rythme à l'économique". Ali Bey Nasri cite des exemples concrets de ce qu'il avance. Le plus édifiant demeure l'accord d'association qu'a signé l'Algérie en 2002 avec l'Union européenne (UE) et entré en vigueur en 2005. Tous les économistes s'accordent à dire que ce partenariat a été mal négocié. C'est le président déchu qui, faut-il le rappeler, avait imposé sa signature, poussant les négociateurs à accélérer le processus de sa mise en œuvre. Résultat : "L'Algérie perd en fiscalité douanière plus de 2,5 milliards de dollars/an", indique le président de l'Anexal. Qu'en sera-t-il lorsque la zone de libre-échange prévue par cet accord sera opérationnelle, en principe, durant l'année en cours ? Avec le démantèlement tarifaire, le manque à gagner sera énorme pour le pays et les entreprises algériennes seront "phagocytées" par les géants européens. Même topo pour la Grande zone arabe de libre-échange (Gzale) ainsi que la toute nouvelle zone africaine (Zlecaf) à laquelle vient d'adhérer notre pays et qui débutera dès le mois de juillet prochain. "L'on n'a jamais fait d'études d'impact avant de s'engager dans ces espaces commerciaux libres", relève-t-il. Pas suffisamment préparée pour ce type de compétitions, l'Algérie subira des pertes sèches. La majeure partie des produits algériens, en effet, ne sont pas compétitifs à l'international parce qu'entre autres raisons, la matière première utilisée par les industriels est importée. D'où l'urgence, suggère-t-il, de réexaminer la participation algérienne à tous ces lieux d'échanges commerciaux internationaux". Le message s'adresse, bien entendu, au nouveau ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Aïssa Bekkaï, à qui il demande de se rapprocher davantage du monde économique surtout des opérateurs et des entreprises de production. Outre la révision, la modernisation et la contextualisation de la réglementation des changes, voire de toutes les lois relatives au commerce, Ali Bey Nasri, propose au ministre délégué de rouvrir le dossier déjà finalisé de la stratégie nationale des exportations qui attend toujours sa mise en œuvre depuis plusieurs mois.