Résumé : Tewfik a activé le haut-parleur du portable et ne rate rien de leur échange. Fathma ne pourra pas rentrer tout de suite. Kamélia a parlé calmement, pour ne pas l'inquiéter. Tewfik ne tarde pas à couper. Les pleurs du bébé leur parviennent. Kamélia se rend compte qu'il a de nouveau de la fièvre. Elle voudrait emmener le bébé à l'hôpital et en profiter pour demander de l'aide, mais Tewfik refuse… - Il a de la fièvre. C'est un bébé. Il ne simule pas. Touche-le, lui dit-elle en s'approchant de lui. Constate-le par toi-même. Mais Tewfik refuse de le toucher. - On ne peut pas le laisser souffrir. Je ne veux pas le perdre. Tu entends ? Si son état empire et que je le perds parce qu'il n'aura pas reçu les soins adéquats, j'en mourrais. Tewfik ! - Donne-lui un bain. Cela le soulagera. Kamélia décide de prendre sa température. Elle pousse un cri lorsque le thermomètre affiche plus de quarante. - Calme-toi. Tu vas l'effrayer avec tes cris. - Comment veux-tu que je me calme ? Il est brûlant de fièvre et tu voudrais que je me taise et ne fasse rien ? dit-elle en sortant le sac de son bébé pour y mettre le nécessaire. Je pars à l'hôpital. Que tu le veuilles ou non. Je ne vais pas laisser mon bébé dans cet état. - Donne-lui un bain, après on verra. - Promets-moi qu'on ira à l'hôpital si la fièvre ne baisse pas rapidement. Tewfik hoche la tête. Elle sort d'autres vêtements pour Adem. - Tu peux garder un œil sur lui ? Je vais remplir sa petite baignoire. Elle quitte la chambre sans attendre son consentement. La baignoire d'Adem est dehors, sur un meuble, au cellier, attenant à la cuisine. Son cœur bondit dans sa poitrine quand elle aperçoit un jeune homme qui porte le doigt à la bouche, pour lui ordonner de ne rien dire. Elle comprend que les agents d'intervention attendent le bon moment pour entrer et arrêter Tewfik. Elle laisse la fenêtre entrouverte. - Qu'est-ce que tu fais ? - J'arrive. Elle feint de rallumer le chauffe-bain avant d'aller à la salle de bains pour remplir la petite baignoire d'eau. Lorsqu'elle retourne dans la chambre, elle trouve son bébé dans les bras de Tewfik. Elle s'empresse de le prendre et d'aller à la salle de bains. Il les suit. Les mains tremblantes, elle déshabille Adem. Elle le mouille progressivement avant de l'allonger. Le bébé se met à barboter. - Tu vois, il va mieux, dit Tewfik. Dans un moment, la fièvre n'en sera qu'un souvenir. Tu n'as pas pris de sortie de bain ? Ou une grande serviette ? Où les ranges-tu ? - Dans l'armoire de ma chambre. Elle le regarde sortir et pense à s'enfermer dans la salle de bains avec son bébé, mais elle ignore si les agents allaient intervenir tout de suite. Elle pourrait crier, mais s'ils ne sont pas rapides elle se mettrait en danger, elle et son bébé. Elle doit patienter. Elle s'efforce de sourire à Tewfik quand il revient avec une grande serviette. Il l'ouvre pour qu'elle puisse l'enrouler sur Adem qu'elle venait de retirer de l'eau. - Merci, murmure-t-elle. Elle réalise qu'elle tremble encore et se demande s'il ne l'a pas remarqué. Tewfik touche Adem et sourit, satisfait. - Tu vois, il va mieux. - Tu avais raison, reconnaît-elle. Toi, tu as plus d'expérience que moi, lui rappelle-t-elle. Moi, c'est mon premier. Et à la mort de mon père j'étais très mal. Je crois que je me laissais mourir mais la mort ne voulait pas de moi. Tu sais, cela ne fait que deux jours que j'ai repris mon rôle de mère. Heureusement que ma mère était là. Elle s'en était occupée. Tewfik, je me sens perdue, sans elle.
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