Le bras droit du leader chiite Moqtada Sadr, sous le feu des critiques pour avoir retiré son soutien aux manifestants anti-pouvoir en Irak, a assuré hier à des médias que son mouvement "fera chuter" le Premier ministre désigné Mohammed Allawi s'il nomme des ministres partisans. Il y a une semaine, le turbulent et versatile M. Sadr a annoncé donner sa chance à M. Allawi, retirant à la révolte populaire lancée en octobre son principal soutien politique et logistique. Mais ce soutien – qui place Moqtada Sadr sur la même ligne que les factions pro-Iran, au même titre que les paramilitaires du Hachd al-Chaabi, ses rivaux de longue date – n'est pas inconditionnel, prévient Kazem al-Issaoui, bras droit de M. Sadr. "Nous n'avons pas fait d'Allawi notre candidat. Nous disons seulement que nous ne lui opposons pas de veto", affirme cet ancien haut commandant militaire de l'Armée du Mehdi, la puissante milice sadriste au temps des violences confessionnelles et de l'occupation américaine. Et, menace-t-il, "si Moqtada Sadr apprend que M. Allawi a donné des ministères à certaines parties, notamment les factions armées chiites, l'enfer va se déchaîner en Irak pour lui et il va chuter en trois jours". Les sadristes – qui disent ne vouloir proposer aucun ministre issu de leurs rangs – espèrent un futur cabinet composé uniquement d'indépendants. Et si ces ministres indépendants n'obtiennent pas la confiance du Parlement, ils ont un "plan", prévient M. Issaoui. "Nous prendrons le parti (de M. Allawi) et nous assiégerons la Zone verte" de Bagdad où siègent les députés et ces derniers "accepteront qu'ils le veuillent ou non" le cabinet proposé, assure-t-il. Depuis plusieurs jours maintenant, les sadristes ont déserté les défilés, suscitant les slogans hostiles des manifestants antigouvernementaux. Des affrontements entre les deux parties ont fait huit morts dans les rangs des protestataires qui refusent la nomination de M. Allawi. R. I./Agences