Les attaques commises par les groupes armés contre les civils se sont multipliées au Mali, selon le dernier rapport de l'ONG Human Rights Watch, rendu public hier. Intitulé "Combien de sang doit encore couler ? : atrocités commises contre des civils dans le centre du Mali, 2019", le document de 9 pages détaille les atrocités commises par ces groupes, parfois sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, notamment dans le centre du Mali, qui cristallise depuis plus de deux ans toutes ces violences contre des civils isolés. "À travers la région centrale du Mali, des groupes armés tuent, mutilent et terrorisent des communautés, apparemment sans craindre de devoir rendre des comptes", dénonce Corinne Dufka, directrice de Human Rights Watch pour l'Afrique de l'Ouest et autrice du rapport, qui fait état d'au moins 456 civils tués et de centaines d'autres blessés en 2019. "Le bilan humain en vies détruites s'alourdit à mesure que se répètent les cycles mortels de violence et de vengeance", ajoute-t-elle. "Au Mali, des groupes armés ont intensifié leurs attaques contre des civils, massacrant des habitants dans leurs villages et exécutant des hommes après les avoir forcés à descendre des véhicules de transport public dans lesquels ils se déplaçaient, en raison de leur appartenance ethnique", explique en fait l'ONG, soulignant que "de nombreux villageois ont été brûlés vifs, tandis que d'autres ont été tués par des engins explosifs". Outre les groupes terroristes majoritairement liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), il y a aussi les groupes d'autodéfense qui se sont rendus coupables de nombreux massacres, attisant les tensions intercommunautaires opposant souvent l'ethnie Dogon aux Peuls. Depuis quelques mois, il y a aussi la multiplication des attaques revendiquées par la nouvelle nébuleuse terroriste qui se fait appeler l'Etat islamique dans le Grand Sahara. "Les attaques documentées ont eu lieu dans plus de 50 hameaux et villages situés pour la plupart à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, et ont entraîné des déplacements de grande ampleur et des épisodes de famine", affirme HRW, précisant que "le recrutement, par les islamistes armés, de membres des communautés pastorales peules (ou foulanis) a attisé les tensions avec les communautés agraires, et celles-ci, face aux mesures de sécurité inadéquates du gouvernement, ont constitué des groupes d'autodéfense". Et de noter que "l'accès aisé à des armes militaires et l'impunité ont contribué au caractère létal des attaques". Selon toujours ce rapport, "depuis 2015, Human Rights Watch a documenté les meurtres, par des milices ethniques et par des islamistes armés, de près de 800 civils dans le centre du Mali. Seuls deux procès pour meurtre ont eu lieu".