Après avoir vécu les 14 jours de "confinement" à l'hôtel Raïs à Aïn Taya, les 52 personnes rapatriées de Chine, dont 14 membres de l'équipage d'Air Algérie, ont pu rejoindre, hier en fin de matinée, leur domicile. Les personnes rapatriées de Chine sont 31 Algériens, 4 Mauritaniens et 3 Libyens, dont la plupart étaient installés à Wuhan. Elles ont été mises sous observation médicale rigoureuse pendant deux semaines, soit la durée de la période obligatoire de l'incubation du coronavirus. "Tous les ressortissants rapatriés de la ville chinoise Wuhan ont quitté ce matin (hier matin ndlr) l'hôtel sans présenter le moindre symptôme lié à cette maladie, apparue en Chine il y a deux mois. On n'en a fait aucun prélèvement et il n'y a eu aucune évacuation vers El-Kettar. Durant toute la durée de l'incubation obligatoire, avec ma collègue Dr Sofia Ferah, on s'est mis à chercher des signes cliniques du coronavirus. Parmi le groupe figuraient aussi trois femmes enceintes, deux Algériennes et une Libyenne. À la fin du séjour, ils se sont vu ainsi délivrer des certificats de bonne santé dont les étudiants auront certainement besoin", nous a affirmé hier Dr Saba Hadjar, exerçant à l'hôpital d'El-Kettar, qui a fait partie du staff médical, mobilisé pour observer les étudiants rapatriés depuis leur arrivée à Alger, le 3 février dernier. L'équipe médicale, deux infectiologues, un psychologue et un infirmier, faisaient, en fait, un suivi au quotidien. "Les rapatriés de Wuhan étaient auscultés deux fois par jour. On mesurait la tension et on prenait la température des confinés toutes les trois heures, selon le protocole requis." Contacté par nos soins, Mohamed Amine Lekhal, coordinateur des étudiants algériens à Wuhan, n'a pas caché sa joie de pouvoir enfin quitter le lieu de confinement et de rentrer chez lui, après avoir vécu deux semaines dans l'hôtel. "Les médecins qui nous suivaient quotidiennement ont conclu à l'absence totale de symptômes liés à la pneumonie virale. On nous a d'ailleurs délivré, avant-hier soir, lors d'une collation présidée par les ministres de la Santé et des Transports, des certificats de bonne santé. Ce qui confirme que nous sommes indemnes et que nous n'avons pas importé de coronavirus de Wuhan", témoignera Mohamed Amine, étudiant en post-graduation en architecture, qui nous a rappelé les circonstances qui ont précédé le rapatriement des étudiants de Wuhan, mis en quarantaine depuis le 23 janvier dernier. "Il est encore des Algériens qui ont préféré rester à Wuhan et attendre que les choses reviennent à la normale dans cette grande ville qui compte beaucoup de campus universitaires. Ils ont refusé de rentrer au pays avec le groupe d'Algériens qui a été rapatrié le 2 février à bord d'un vol spécial", soutiendra notre interlocuteur. Interrogé sur la panique qui a suivi l'apparition de cette maladie, fin décembre dernier, Mohamed Amine Lekhal rappellera que les Algériens n'ont aucunement cédé à la panique. "À dire vrai, la communauté algérienne ne s'est pas affolée, même après la décision de mise en quarantaine de la ville. La communauté s'est adaptée à la situation. Ils ont gardé leur sang-froid malgré la propagation du virus dans plusieurs villes de la province. En somme, la communauté s'est souscrite aux mesures préventives urgentes édictées par les autorités sanitaires chinoises. C'était le jour où les chaînes de TV algériennes privées commençaient à distiller des informations erronées sur les étudiants que les choses ont déstabilisé la communauté. Ce qui a d'ailleurs affolé nos proches qui nous harcelaient matin et soir pour rentrer au pays", regrettera-t-il. À la question liée au comportement des Algériens après l'interdiction de circuler dans la ville de Wuhan et de se déplacer, Lekhal Mohamed Amine expliquera que les Algériens installés en ville ont su gérer leur quotidien malgré toutes les mesures de restriction. "Ceux qui habitaient en ville parvenaient tout de même à s'approvisionner en denrées alimentaires nécessaires des supermarchés qui ouvraient uniquement la matinée, par contre les étudiants installés dans les cités universitaires n'avaient pas le droit de sortir des campus", détaillera le coordinateur des étudiants algériens. Pour leur retour en Chine, notre interlocuteur expliquera que les étudiants sont en contact permanent avec leurs universités, qui les tiendront au courant de l'évolution de la situation. "Dès qu'il sera possible de reprendre les cours, on le fera", conclura Mohamed Amine Lekhal.
