Placée en confinement total, la ville de Blida a vécu hier, au premier jour de la quarantaine, à un rythme extrêmement ralenti. Barrages filtrants aux entrées de la ville, commerces fermés, à l'exception des magasins d'alimentation générale, des pharmacies et de quelques rares buralistes, rues et ruelles désertées, Blida est coupée du monde depuis hier pour une durée de dix jours renouvelables. Une situation de confinement intégral à laquelle les Blidéens doivent s'adapter. Dès le lever du jour, la capitale de la Mitidja est en effet quadrillée par un dispositif de sécurité impressionnant. Des barrages de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale sont installés sur toutes les issues vers la ville des Roses et toute sa périphérie. Des hélicoptères survolent la cité. Dans les zones urbaines, policiers et gendarmes appellent les citoyens avec des mégaphones à observer les consignes sanitaires pour parer à la propagation du Covid-19. Les habitants étant en confinement total, Blida est quasiment une ville morte. Réduite au strict minimum, la circulation automobile est très contrôlée au niveau des artères de la ville et ses environs. Dans les foyers, les confinés vivent mal la situation, en raison du manque de communication autour des modalités d'application de cette quarantaine de dix jours renouvelables. "Le confinement est une bonne chose, certes, mais il fallait que les pouvoirs publics expliquent à la population les modalités de vie et le comportement à adopter. Depuis hier (lundi, ndlr), tous les buralistes sont fermés. Et à partir d'aujourd'hui, nous allons vivre la pire des situations que nous n'avons jamais vécue", témoigne un cadre commercial qui travaille dans un grand groupe basé à Alger. Pour ce dernier, les pouvoirs publics tardent à expliquer de quelle manière sera vécu ce confinement. "On ne sait pas si nous pouvons sortir prendre un bol d'air comme il se fait ailleurs. Nous ignorons également comment faire le cas où nous aurions besoin d'aller chez le médecin pour soigner une autre pathologie. On ne sait pas s'il y a des formulaires à remplir, encore moins auprès de quelle autorité ou administration se les procurer (…)", se plaint-il, citant en outre le problème des dérogations spéciales pour ceux qui travaillent en dehors de la wilaya, définir des horaires pour permettre aux pères de famille de se déplacer dans leurs quartiers pour faire les emplettes et sortir les déchets ménagers ou encore la permission, en cas de nécessité absolue, de se déplacer pour prendre en charge un parent vulnérable. "Dans mon cas, je fais du télétravail. Du coup, le confinement ne me dérange pas. Mais si mon patron m'appelle pour une mission d'urgence, je m'interroge à qui m'adresser. Nous avons besoin de beaucoup plus d'informations et d'orientation. Je m'interroge aussi comment je dois prendre en charge mon fils dont le médecin traitant est basé à Alger", se préoccupe encore ce cadre. Du côté de la zone industrielle de Beni Tamou, les entreprises qui exercent dans les secteurs névralgiques, comme l'agroalimentaire, ont pris leurs dispositions pour que l'activité se poursuive afin d'approvisionner le marché en produits de première nécessité, comme la semoule et la farine ou encore le lait et ses dérivés. C'est le cas de Danone Djurdjura Algérie, qui assure le maintien de sa collecte de lait auprès des 700 éleveurs et l'ensemble de ses activités. "Nous nous engageons à contribuer de façon active et responsable dans le combat que mène l'Algérie dans cette épreuve en poursuivant notre activité, tout en prenant soin de nos collaborateurs, tous conscients de leur devoir dans le respect absolu des gestes barrières", indique le directeur général de Danone Algérie, Hervé Barrère, affirmant que la lutte contre le coronavirus est à la fois une "mission" et une "priorité absolue".
