"Aujourd'hui, même si la situation semble maîtrisée à Oran, et en espérant que cela va continuer, il faut être prudent", prévient l'épidémiologue Fouathi. Alors que la wilaya d'Oran est classée 3e pour le nombre de cas de Covid-19 positifs, d'après les statistiques du ministère de la Santé, dans les rues d'Oran et surtout dans les communes rurales et les quartiers périphériques, un relâchement des mesures de distanciation sociale se fait remarquer. Un constat qui interpelle les professionnels de la santé appelant avec insistance à plus de vigilance, y compris dans les semaines à venir, avec l'attente du pic de l'épidémie redouté par beaucoup. Pr Fouatih, chef du service de l'épidémiologie du CHUO, s'est exprimé pour nous sur l'évolution de l'épidémie : "Aujourd'hui, même si la situation semble maîtrisée à Oran, et en espérant que cela va continuer, il faut être prudent pour dire à quel moment nous arriverons à ce pic. Pour la simple raison que nous ne connaissons pas ce virus, et que dans le monde entier il y a d'énormes problèmes induits par la pandémie." D'autres spécialistes, comme les réanimateurs, sont aussi du même avis que Pr Fouatih, expliquant que la suite des événements en termes de contamination sera vitale. "Nous sommes bien sûr inquiets. Même si pour l'instant les choses sont plus ou moins maîtrisées, c'est l'après qui sera difficile ; il faut rester mobilisé et agir au niveau des moyens, de l'organisation, pour avoir la réponse à apporter au fur et à mesure de l'évolution", explique également une réanimatrice du CHUO. Mais nos interlocuteurs sont unanimes à dire que ce fameux pic dépendra aussi et surtout du comportement de la population qui doit à tout prix prendre conscience que "cette maladie, ce virus est très grave". Et à l'épidémiologue d'ajouter : "Nous constatons toujours dans la rue des comportements avec des gens qui se font des embrassades, restent regroupés. Il faut qu'ils aient conscience que c'est dangereux. C'est un volet qui m'inquiète et il faut agir plus à ce niveau." Il estime que l'on doit anticiper le pic de l'épidémie, rappelant qu'en la matière le virus a déjà déjoué des projections dans le monde. Le comportement de la population sera déterminant pour faire barrage à la propagation du virus. Aucun des médecins et des soignants d'ailleurs ne parle à l'heure actuelle de déconfinement. D. LOUKIL