Afin de combler le vide culturel, des cinéphiles et passionnés du 7e art investissent la Toile pour faire renaître le cinéma algérien de ses cendres. Le cinéma algérien a longtemps été absent des salles obscures et peine à trouver sa place d'antan, à cause de nombreux problèmes. Salles quasi inexistantes, manque de production, de distribution et de formation, sont autant de difficultés que traverse le 7e art DZ. Dans le peu de salles de cinéma disponibles, quelques-unes proposent des productions du box-office américain, tandis que les œuvres algériennes contemporaines sont les grandes oubliées ! De plus, la conjoncture sanitaire due à la pandémie de coronavirus n'a pas arrangé les choses avec la fermeture des cinémathèques et autres établissements. Ce qui a poussé les férus du 7e art à trouver refuge dans les sites de streaming et autres plateformes pour visionner les dernières nouveautés US. Mais chose remarquable, est le regain d'intérêt des cinéphiles pour notre cinéma ; ce constat a été fait à travers les différentes pages créées sur les réseaux sociaux, pour certaines lancées durant la période de confinement et d'autres qui existaient déjà. Parmi ces pages, on peut citer "Cilima bla drahem DZ" qui compte pas moins de 10 000 membres. Ses administrateurs avec l'aide des internautes ont réussi à récolter "200 heures de films DZ" entre longs et courts métrages et documentaires. Cette initiative a pour objectif de "répertorier des films algériens rendus publics et en libre accès, y compris par leurs auteurs et/ou producteurs. Ce groupe accompagne un geste qui devient collectif des auteurs à partager certains films durant la situation de confinement que nous connaissons toutes et tous en ce moment", ont précisé les initiateurs de ce groupe. Ces passionnés ont effectué un véritable travail d'archivistes, en proposant des films de tout genre réalisés à l'époque de l'âge d'or du cinéma algérien (60-70) ou encore des œuvres plus récentes ayant été primées, à l'exemple de En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui. Les réalisateurs aussi ont joué le jeu en diffusant en accès libre leurs produits. Une autre page créée récemment vient de faire le buzz grâce à son contenu. Intitulée "Cinephilia Society", elle a fédéré en quelques jours 13 000 membres. Lancée par un groupe de cinéphiles de la wilaya de Djelfa, à leur tête Nassim Brahimi, cette initiative est née "durant le confinement sanitaire", a expliqué son administrateur à l'APS. Il poursuit que le but est de mettre en place "une plateforme virtuelle dans laquelle les abonnés du groupe peuvent engager des échanges sur le monde du cinéma et de la télévision. Nous travaillons pour que nos abonnés, qu'ils soient fans de cinéma ou juste des internautes intéressés par l'art et la culture, vivent une belle aventure virtuelle". Pari réussi ! Ce cinéclub virtuel, qui propose des films DZ et internationaux ainsi que divers contenus ayant trait au cinéma, est une vraie tribune de débats. Les internautes ont, entre autres, l'opportunité de découvrir des rencontres virtuelles avec de grandes personnalités issues du 7e art. Parmi les invités de "Cinephilia Society", on retrouve le cinéaste égyptien Khaled Youssef ou encore le comédien syrien Djamal Slimane. Outre les pages pour combler le vide culturel, des festivals ont été organisés sur le web, donnant ainsi l'occasion aux cinéastes algériens de montrer leur travail. Dernièrement, nous avons découvert le Festival international virtuel du court-métrage, initié par l'auteur et cinéaste Djamel Mohamedi (administrateur de la page cinéma algérien), qui a drainé un grand nombre d'internautes à liker sur leur films préférés. Cet intérêt pour le cinéma a démontré qu'il y a un réel besoin pour la production DZ. Contrairement aux idées reçues sur l'abandon des salles obscures par les Algériens, ces initiatives prouvent que les cinéphiles sont là, et sont dans l'attente constante de revoir le 7e art algérien renaître de ses cendres.
