La scène politique se réanime enfin. Après une éclipse qui aura duré plusieurs mois, les partis politiques réinvestissent lentement la scène. Elles sont plusieurs formations politiques à tenter de redynamiser leurs structures et à sortir de la longue léthargie dans laquelle elles sont plongées. Pris de court par le mouvement populaire du 22 février 2019, rares étaient les partis qui ont su ou pu accompagner le soulèvement. À cette situation provoquée par le mouvement populaire s'est greffée la pandémie de Covid-19 qui a mis en veilleuse toute activité publique, y compris celle des partis politiques. Hormis quelques formations qui ont tenu bon devant la déferlante citoyenne du 22 février, d'autres partis semblent être laminés par la colère citoyenne contre le régime en place. Ce même mouvement, qui a supplanté les rares structures partisanes à travers lesquelles le discours antipouvoir passait tant bien que mal, s'est imposé de lui-même comme l'interlocuteur incontournable. Sans pour autant remettre en cause l'existence de ces partis, seules quelques formations de l'opposition ont continué, timidement, à activer. À l'exception du RCD, du FFS, du MDS, du PLD et du PT — ces dernières sont réunies au sein du PAD —, toutes les autres formations, notamment celles du pouvoir ou qui gravitaient autour de lui, subissent le mouvement populaire comme un long jour sans pain. Ils battent de l'aile et n'arrivent toujours pas à se ressaisir pour jouer le rôle qui devait être le leur. Laminées et balayées presque définitivement de la scène politique, ces formations n'ont donné signe de vie que pour tenter de se replacer. C'est le cas du FLN et du RND qui ont tenu, au pied levé, des congrès extraordinaires pour se remettre sur selle avec de nouvelles équipes dirigeantes. Le TAJ et le MPA sont aux abonnés absents. Si pour le TAJ, le congrès, que devaient tenir récemment certains de ses membres, a été renvoyé à une date ultérieure, faute de quorum, au MPA, les choses évoluent d'une autre manière et rien n'indique que le parti fondé par Amara Benyounès opérerait un quelconque changement pour le moment. Les partis du pouvoir font ainsi face à des situations complexes. Les chefs des partis de l'ex-Alliance présidentielle sont tous incarcérés. Les appareils qu'ils ont mis sur pied pour coopérer avec le pouvoir de Bouteflika deviennent caducs et trouvent du mal à redorer leur blason, tant la rue exige leur dissolution. Même topo pour les formations islamistes les plus en vue sur la scène politique. Ni le MSP et encore moins le FJD de Djaballah n'ont pu échapper au rouleau compresseur de la rue. Absents des manifestations publiques, le parti de Makri et celui de Djaballah ont choisi de rester à l'écart et de patienter. Surtout que le chef du MSP s'était impliqué avec Saïd Bouteflika dans ses tentatives de maintenir son frère au pouvoir. Avec cette réanimation qui remet du mouvement sur la scène politique, il y a lieu de souligner que l'avant-projet de Constitution soumis au débat et l'annonce d'élections législatives peuvent donner encore de punch aux partis politiques. Mohamed Mouloudj