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“Nous n'avons même pas de quoi acheter du pain”
Publié dans Liberté le 20 - 09 - 2005

La plupart ont quitté leur travail pour s'investir dans la lutte contre le terrorisme. Maintenant que l'Etat n'a plus besoin d'eux, des Patriotes se retrouvent sans le sou, livrés à un avenir incertain.
Sahraoui Mohamed a 54 ans. Patriote pendant onze ans, il vient de restituer son arme. Auparavant, il travaillait chez Sogedia, une entreprise de savonnerie, implantée à proximité du port. Sa famille et lui occupaient un logement à Gallieni, sur les hauteurs d'Alger. “J'habitais tout près de l'ambassade de Grande-Bretagne”, fait-il observer, nostalgique de cette vie quiète et confortable où les fins de mois difficiles constituaient son unique souci. Aujourd'hui qu'il a tout perdu, Mohamed se morfond dans un quotidien long et sans espoir. Sa progéniture ayant grandi dans le dénuement, il sombre, résigné à son sort. “Je n'ai même pas de quoi acheter des chaussures ou des fournitures scolaires aux plus jeunes”, se plaint-il. D'ouvrier digne, il s'est transformé en mendiant, quêtant la charité de l'Etat. Dans sa main, il tient deux demandes manuscrites de l'allocation scolaire. “Même les jeunes ne trouvent pas de travail. Qui voudra m'employer à 54 ans ?” glose le père de famille comme pour faire pardonner son indigence. Emporté par sa fougue nationaliste, il avait quitté Sogedia en janvier 1996, sans assurer ses arrières. Crédule, Mohamed croyait pouvoir y retourner une fois son devoir accompli. La guerre finie, il apprendra que Sogedia a été dissoute. C'est devenu une habitude pour lui de partir les bras ballants, sans gratification ni reconnaissance. Une décennie après avoir combattu les terroristes dans la Mitidja, il apprend que son nom est rayé de la liste des Patriotes. Le prétexte à son renvoi est cette fâcheuse bronchite qu'il a contractée en juillet dernier au maquis de Sidi-Sarhane à Chréa. Très malade, Mohamed est rentré chez lui sans penser un instant qu'il encourait une sanction aussi grave. “En allant récupérer mon solde, on m'a dit que mon nom n'est plus porté sur la liste”, relate-t-il. Ses plaintes auprès du coordinateur du sous-secteur militaire de Bougara ne lui seront d'aucun secours. Une semaine plus tard, il lui est demandé expressément de restituer son arme. Qu'allait-il devenir ? Si les 11 000 DA qu'il touchait en guise de prime mensuelle étaient loin d'être un luxe, ils lui permettaient au moins d'acheter du pain pour ses enfants. Et maintenant ? Depuis que l'armée s'est séparée de lui, Mohamed erre. Il tue le temps auprès de ses anciens compagnons d'armes à Haouch Omar. Cet ancien domaine viticole situé à quelques kilomètres du centre de Boufarik abrite des familles de Patriotes. Dix en sont morts durant les années de feu. Au milieu des maisons est érigé le gîte de ces hommes ayant bravé la mort en espadrilles. “Firkat El Wataniin” (groupe de Patriotes) est-il écrit sur les murs en parpaings du poste. Sur les habitations voisines, des guérites sont élevées. Ce qui donne à l'ensemble l'aspect d'une forteresse. Au début des années 1990, des paysans résidaient dans le Haouch. La menace terroriste les avait délogés. “C'était une zone libérée”, plaisante Mohamed Louzri. Chef Patriote, il se souvient de cette bataille âpre livrée à une horde du GIA dans la ferme. Après avoir planté le drapeau de la République sur le toit d'une des maisons, les vaillants défenseurs y sont restés. Certains s'y sont installés avec femmes et enfants comme Djamel. Toujours en activité, ce père de famille ayant perdu deux frères, l'un égorgé dans un faux barrage et l'autre tué par une bombe, craint de se retrouver aujourd'hui à la rue. Une plainte déposée par l'ex-chef de daïra de Bouinan a abouti à une décision d'expulsion visant trois ménages. Pour qu'ils soient poussés à partir, les locataires endurent le pire. Mohamed Bendjabou n'a plus d'électricité dans son domicile. Il y a trois mois, il était désarmé. Le motif selon lui était “ de faire de la politique” . “J'ai même eu la chance d'obtenir le droit d'asile mais j'ai refusé de quitter mon pays”, note le Patriote. Tout aussi misérable que ses camarades, il se lamente du sort incertain de ses enfants. “Mon garçon vient d'être exclu du collège alors qu'il est toujours en âge d'être scolarisé”, confie-t-il. Sa jeunesse consumée dans les maquis de Sidi-Sarhane, Aissaouiya et Maasouma, il ne sait que faire de ses deux mains lesquelles, pendant longtemps, ont porté le fusil. “Certains Patriotes ont quitté les orangeraies pour la montagne”, assène M. Louzri. Ayant eu la chance inouïe de réintégrer son poste à Air Algérie, il n'oublie pas ses compagnons. “Sans son intervention, l'école avait failli être détournée”, informe Djamel reconnaissant. L'établissement construit à l'entrée de Haouch Omar est l'unique consolation des habitants. “Nous sommes oubliés”, dénoncent-ils unanimes. Plus que tout autre, Dini Larbi endure cette indifférence. Mutilé suite à une embuscade à Chebli en 1995, depuis il est à l'abandon. Ayant dix bouches à nourrir, il “mendigote”. D'autres ont pris le chemin de la perdition. “À Boufarik, d'anciens Patriotes vendent de la drogue”, soutient M. Louzli. Certains sont en prison à cause de cela. “Pourquoi la solidarité (de l'Etat) ne nous touche pas ? Djamel Ould Abbès va voir des gens ailleurs. Qu'est-ce qui l'empêche de se rendre chez les familles des Patriotes et de donner des cartables à leurs enfants ?” s'insurge Mohamed Sahraoui. Demandant à ce que la situation sociale des Patriotes soit prise en charge par les pouvoirs publics, il réclame pêle-mêle des postes d'emploi, une couverture et une aide sociales. “Nous ne demandons pas des villas à Club-des-Pins mais un statut qui nous protège”, exige encore l'ex-Patriote. La sollicitation d'un statut ne date pas d'aujourd'hui. À la fin de la dernière décennie, les Patriotes des quatre coins du pays ont tenté de se rassembler au sein d'une association. Leur objectif étant d'obtenir des droits. Face aux pressions politiques, ils ont dû abandonner ce projet. Aujourd'hui encore, des Patriotes encore en activité refusent d'exprimer leurs griefs publiquement par peur d'être désarmés. Les réunions sont interdites.
“C'est comme si nous travaillons au noir. Celui qui ose parler est renvoyé”, a le courage de dire M. Louzri. Les militaires viennent de lui retirer son Klash. À la place, ils lui ont donné un fusil à pompe. L'armée a deux obligations vis-à-vis des Patriotes : les armer et les payer uniquement. “Nous vous donnons les armes. Nous vous désignons les lieux des embuscades. Le reste ne nous regarde pas”, se font-ils dire. Qui alors doit s'en préoccuper ? “Nous avons défendu le drapeau. À ce titre, tout le monde, du président de la République au plus petit soldat, doit être concerné par nos problèmes”, réplique sèchement M. Louzri. Dans la Mitidja, 2 000 Patriotes sont dans l'attente de cette sollicitude.
S. L.


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