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Le dur chemin de la résistance
Sidi-Ali Bounab
Publié dans Liberté le 10 - 11 - 2005

Comment les terroristes ont pris le contrôle de la région ? Comment de vaillants Patriotes ont pu organiser la résistance pour que la peur change de camp dans la région de Timezrith, même si d'importants groupes continuent à faire des incursions à partir de Sidi-Ali Bounab dont ils ont pris possession depuis 1993 ?
À Sidi-Ali Bounab, dans ce Tora Bora algérien, l'insécurité règne toujours en maître. Des dizaines de terroristes continuent à écumer cette colline boisée et au relief escarpé. Mais, faut-il le dire, il est loin le temps où c'étaient eux l'Etat. Flash-back sur une résistance héroïque menée par des hommes humbles et généreux.
Timezrith, cette chaîne de villages perchés sur des collines, depuis très longtemps oubliées, a l'œil, à l'Ouest sur la Kabylie et à l'Est sur Tadmaït, Zemmouri, Bordj Ménaïel, toute la wilaya de Boumerdès. “C'était une région paisible” même si la vie est si comparable à sa géographie, dure, pénible et sinueuse. C'est au début de 1993 que le premier groupe de terroristes s'y installe. Il a été ramené par un certain Houghni Djamel alias “Errougi”, un enfant de Timezrith résidant à Aïn Taya. Le rejoindront après des Algérois, des gens de Bordj Ménaïel, de Baghlia et de Naciria. S'appuyant sur des soutiens locaux tel Rabah Ellaz alias “Edhebah”, l'égorgeur, et quelque temps après, un adolescent de Toursal, Sizid Sedik, surnommé “El-Ghoulem”, probablement à cause de son jeune âge à l'époque (17 ans), les groupes terroristes commencent, raconte un Patriote, à faire main basse sur les villages avant de tenter d'étendre leurs tentacules vers M'kira, Oued Ksari. Le chef-lieu de la commune de Timezrith ne tardera pas alors à passer sous leur contrôle. Ils détruiront d'abord tous les édifices publics. La mairie, la poste, la maternité, tout ce qui symbolisait en tout cas l'Etat, dans cette APC créée de toutes pièces lors du dernier découpage administratif, ont été dynamités. Le collège l'échappera belle en 1995. Les terroristes passeront à une autre étape. Ils sèmeront la terreur parmi la population en confisquant aux citoyens leur carte d'identité.
Le règne de l'omerta
Ils exécuteront aussi tous les gens soupçonnés d'avoir des liens avec les services de sécurité. “Gare à celui qui prendra un café avec un policier ou un gendarme ! Le soir même les terroristes pointeront chez toi pour t'égorger”, raconte un citoyen d'Aït Messaoud, un village situé à un jet de pierre de Sidi-Ali Bounab. Les malades mentaux, eux également, n'ont pas échappé à la sauvagerie des terroristes qui les ont tous “liquidés”. C'est l'omerta. Les groupes armés ont fini par s'imposer comme unique autorité dans la région. Ils se sont tout simplement substitués à l'Etat qui était totalement absent dans ce qui était considéré alors comme zones libérées, “manatek moharara”. Pour régler leurs différends, les villageois allaient jusqu'à Bounab pour se plaindre auprès des “émirs”. “C'est le règne de la terreur”, raconte un enseignant d'El-Had N'mezrith qui découvrit un matin d'hiver ses élèves traumatisés par ce qu'ils venaient de voir sur le chemin de l'école : “Le corps décapité d'un citoyen tué la veille par les terroristes.” Ces derniers régentaient même l'intimité des familles en s'introduisant, comme bon leur semblait, dans les domiciles mais aussi pour perquisitionner les maisons à la recherche d'armes ou de munitions et pour détruire les cassettes audio. “Il était strictement interdit d'écouter de la musique ici”, témoigne un citoyen de Aït Messaoud.
Dans ce climat de terreur, point de contestation. 700 à 800 terroristes écumaient la région. Jusqu'en 1994 où la situation n'était plus supportable pour la population.
Qui oserait défier cette horde d'assassins ? C'est en ce moment qu'un intrépide Patriote tentera d'organiser la résistance. Il est de Aït Messaoud. Son surnom suffit à lui seul pour tracer l'histoire de la résistance dans “cette zone libérée” du GIA puis du GSPC. Il s'agit de ammi Saïd “le lion des montagnes”. Le résistant est inaccessible. C'est une véritable forteresse qui l'entoure. Si ce n'est un autre Patriote qui a difficilement accepté de nous mettre en contact avec lui, nous ne l'aurions pas vu. À sa rencontre, il se contentera de nous dire qu'“avec tout ce qu'il m'est arrivé, je tiens avec des boulons, je demeure un homme de paix et de réconciliation”. En quittant son village, nous nous sommes arrêtés sur les lieux du premier attentat dont il fut la cible. C'est tout près de chez lui que les terroristes, avec des complicités locales, lui ont tendu un guet-apens au retour d'une veillée ramadhanesque à M'kira. Mais ammi Saïd ne conduisait pas cette nuit-là. C'était un de ses amis, Mohamed, qui était au volant de sa voiture de marque Dacia, racontent les Patriotes rencontrés à Ibouaâzounène. “Le lion des montagnes” échappera avec deux de ses compagnons au guet-apens. C'est le conducteur qui y laissera sa vie. Blessée au pied, la victime s'est extirpée du véhicule pour se cacher un peu plus loin, à l'instar des autres occupants, à la faveur de la nuit. Mohamed n'aura pas la chance qu'ont eue ses amis. Un des terroristes, originaire du village voisin Toursal, le sinistre Sizid Sedik, en activité jusqu'à ce jour, lui ôtera de sang-froid la vie. La complainte de Mohamed qui implorait les criminels de l'épargner car, leur disait-il, “je n'ai rien à voir avec les Patriotes, je ne suis qu'un conducteur”, s'avérera vaine. El-Ghoulem ne l'entendra pas de cette oreille ; contrairement à ses comparses qui ne voyaient pas de mobile pour le tuer, il reviendra sur ses pas pour l'achever après lui avoir reproché “de conduire la voiture d'un taghout”. La victime laissera trois orphelins. Les Patriotes expliquent combien était difficile alors d'organiser la résistance dans ces contrées. Ils savaient qu'ils mettaient leur vie en péril. Un jeune qui a tenté auparavant d'intégrer les rangs de la garde communale de M'kira a été assassiné avant même qu'il ne prenne les armes. Les terroristes avaient l'œil et l'oreille partout. À Aït Messaoud, c'est un jeune de Timezrith qui les renseigne sur tout ce qui bouge. Et l'information sur l'engagement de Lemmou Boualem, la vingtaine révolue, dans la lutte antiterroriste n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Les criminels viendront l'enlever avec quatre de ses amis qui n'ont pas tardé à être libérés. Mais lui, après avoir été torturé pendant quatre jours à Sidi Bounab, le pauvre Boualem sera exécuté et sa tête sera plantée sur un poteau à El-Had N'mezrith. Sous la torture, Boualem aurait, selon nos sources, donné le nom de deux policiers de son village. Heureusement, ces derniers n'étaient pas à la maison quand les terroristes étaient venus les chercher.
“Le lion des montagnes” et la difficile naissance de la résistance
C'est dans ce climat de terreur, donc, que la résistance a pris forme. Ammi Saïd, surnommé “le lion des montagnes”, diront les citoyens de Toursal, réussira à rassembler 14 Patriotes autour de lui. Ce n'était pas chose aisée ! Qui oserait approcher son voisin pour lui dire s'il acceptait de prendre les armes et se jeter dans la gueule du loup ? L'exécution du jeune Boualem et le premier attentat contre ammi Saïd qui a coûté la vie à Mohamed le chauffeur auraient découragé les plus téméraires. “Après avoir déposé les dossiers pour l'acquisition des armes, nous ne dormions pas sachant que les terroristes avaient des taupes partout”, avoue un patriote de la région. “Et le jour où on a reçu les armes, des fusils de chasse le 6 mars 1995, raconte ce résistant en bombant le torse, nous sommes rapidement passés à l'offensive en organisant le soir même une embuscade, la première contre un groupe de terroristes qui s'apprêtaient à dynamiter le collège de Timezrit. On a abattu l'un d'eux. L'accrochage a duré de 20h à 3h30 du matin. Mais comme on n'était pas à armes égales, nous avons fait appel aux renforts”. Le moment était venu pour que la peur change de camp. “Nous organisions des barrages, des fouilles, des embuscades”, ajoutera Hassène qui soulignera que “c'est ainsi que la population a commencé à sortir de l'étau de la terreur”. Une année après, l'Etat nous dote de klashs. La chasse aux terroristes est lancée. “Nous n'avons laissé aucun coin et bientôt nous donnerons l'assaut à Sidi-Ali Bounab”, s'enorgueillit ce Patriote qui nous montrera toutes les caches et les kasmates découvertes et détruites par son groupe. Des forêts entières sont passées au peigne fin. Taouint, Chlout, Toursal Iouanoughene, Bouchakour et Aït Sidi Amara. À Ouariacha, cinq terroristes, tous des “émirs”, ont été abattus dans une opération combinée, armée et Patriotes. Trois klashs, un FMPK et un superposé ont été récupérés. Les terroristes subissent leur premier revers, eux qui avaient perdu déjà 15 de leurs acolytes. Ces derniers tentaient de faire sauter le pont de Naciria. Et parmi eux figurait l'“émir” régional du GIA, un certain Hadj Rabah qui sera remplacé, d'ailleurs, par Hassan Hattab. L'ancien “émir” du GSPC sévissant à l'époque à Boubarak a été empêché par les patriotes de la région d'assister à l'enterrement des 15 terroristes à Sidi-Ali Bounab. La traque continuera sans relâche, affirmeront les Patriotes qui reprendront le contrôle de toute la région. Même les villages qui étaient sous l'emprise des groupes armés ont été libérés. Des groupes de légitime défense sont nés partout. L'heure est venue pour donner l'assaut à Sidi- Ali Bounab. Ce n'était pas une chose aisée, le terrain était miné, les terroristes nombreux. 700 à 800 éléments armés.
L'assaut de Sidi-Ali Bounab et la bataille des 24 jours
En décembre 1998, l'armée nationale populaire et les patriotes de la région prennent d'assaut cet infranchissable territoire. De surprise en surprise, ils découvriront que Sidi-Ali Bounab recelait un immense tunnel. Les terroristes avaient pris la fuite par l'autre bout. Des témoins racontent qu'un officier avait laissé sa vie au début de cette bataille qui a duré 24 jours. En progressant à l'intérieur de ce labyrinthe, les forces combinées retrouvent un véhicule neuf de marque Peugeot 306. Les terroristes l'utilisaient pour éclairer le tunnel, souligne un Patriote qui indique que trois cadavres non identifiables y ont été découverts. Au bout de 24 jours de bataille, l'antre a été détruit. Le chef patriote de Timezrit, ammi Saïd Alias “le lion des montagnes”, et son adjoint Ahcène, un jeune patriote, parmi les premiers ayant pris les armes dans cette région autrefois sous le joug des terroristes islamistes, ont été grièvement blessés, racontent leurs compagnons de lutte. “Une bombe a explosé sur eux. Ammi Saïd et Ahcène s'en sont sortis miraculeusement. Le premier a été blessé six fois dans son combat contre le terrorisme. Deux fois par bombe et quatre fois par balle. Le second a failli aussi perdre la vie lorsqu'une partie de son crâne s'est détachée sous l'effet de l'explosion d'une bombe”. D'autres opérations seront menées par la suite à Sidi-Ali Bounab et ses environs. 14 terroristes seront abattus une année après à Aït Sidi Amara. Les forces combinées détruiront également plusieurs caches, des kasmates et un hôpital. Dans la foulée, d'autres tunnels seront découverts à Oued Aberane et Tala Oughou durant les années 2000.
Des dizaines de terroristes activent encore à Sidi-Ali Bounab
Les groupes armés n'ont pas quitté les lieux après l'assaut de décembre1998. Nous apprenons de sources concordantes, qu'un important groupe de terroristes affiliés au GSPC écume toujours Sidi-Ali Bounab, un terrain totalement miné. Ils sont environ 52 éléments armés si l'on comptait les 13 terroristes qui ont rejoint récemment les rangs de l'ancienne organisation de Hassan Hattab. Ils ne font pas partie, indiquent les mêmes sources, de la faction d'El Ansar, l'aile la plus radicale du GSPC aux côtés des factions d'el-Farouk et Ennour. Ces terroristes, toujours en activité, et qui continuent à endeuiller des familles entières, ont pour sinistres noms Bey, Moad, Abdellah. Le premier est à la tête de la seriat de Timezrith composée, selon nos sources, de 16 éléments. Ils ont été signalés dernièrement dans la région avant qu'ils ne commettent samedi dernier le forfait au village Ouled bentafath situé sur la route des Issers-Timezrith. Un Patriote nous a même dit que des citoyens de cette localité ont constaté un mouvement suspect de personnes pas loin du lieu de l'attentat commis contre le garde communal de Timezrith. La vieille, ils ont été vus en train d'accomplir leur prière au lieu- dit Aïn Zelzal à proximité du lieu du drame. Baisse de vigilance oblige, tout le monde croyait que ces terroristes voulaient se rendre ou négociaient leur éventuelle reddition. Un terroriste notoire qui répond au nom de Belaïd, un véritable sanguinaire et son groupe auraient été également aperçus à la lisière de la ville des Issiers dont il est originaire et ou sa famille réside toujours. Ceux qui l'ont vu disent qu'il était vêtu d'une tenue afghane, ses cheveux descendant en tresses jusqu'à la ceinture. Pourquoi arrivent-ils à se déplacer aussi facilement d'une forêt à une autre, d'un village à un autre ? Outre les réseaux de soutien qu'ils arrivent à maintenir, les éléments de ces groupes armés, ont fini, depuis le temps qu'ils sont là, par connaître la région mieux que les autochtones, indique notre interlocuteur. Ici, dit-il, en parlant de la réconciliation nationale, il n'y a pas un terroriste qui n'a pas tué. Ils ont tous les mains tachées de sang.
K. D.


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