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LOIN DE LA MER, PRÈS DE LA MORT
ENFANTS ET ADOLESCENTS ENVAHISSENT LES LIEUX INTERDITS À LA BAIGNADE
Publié dans Liberté le 07 - 09 - 2020

La Protection civile a comptabilisé 69 morts par noyade dans les barrages, les oueds, les mares d'eau, les retenues collinaires et les bassins d'eau en 3 mois.
Avec les pics de chaleur, les M'Silis envahissent les lieux interdits à la baignade
Loin de la mer, près de la mort
Avec des pics de température atteignant les 40 degrés à l'ombre, voire plus, tous les moyens pour se rafraîchir sont permis, et ce sont les oueds et les retenues collinaires qui se présentent comme alternative.
"Nous devions partir à Jijel, comme chaque année, mais nous ne sommes pas allés, cette fois-ci." Entre amertume et compréhension, cet adolescent de Slim, localité sise à 128 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de M'sila, ne se fait aucune illusion : "Sans piscine, sans lieux de loisirs, ce ne sont plus vraiment des vacances !"
Dans cette commune pas loin de la wilaya de Djelfa, où la température peut dépasser largement les 40°C, trois jeunes gens nous expliquent que cette année, ils n'iront pas à la plage, là où ils avaient l'habitude de passer au moins une dizaine de jours chaque été.
"Pas de baignade à la plage", résume l'un d'eux. Pourquoi ? "Ah ça, il faut le demander à nos parents !", répond un autre. "Les familles y renoncent pour compenser les pertes de revenus dues au coronavirus", explique l'autre adolescent qui rappelle qu'ils ont supporté le confinement, l'isolement, le stress depuis l'annonce de la pandémie. "Mais avec la chaleur et le manque d'eau, c'est l'enfer !"
En effet, si pour beaucoup de M'silis, les vacances ne seront pas tout à fait comme imaginées il y a quelques mois, dans les quartiers populaires de la capitale du Hodna et ses communes, ces changements sont durs car de nombreuses familles passeront les deux mois d'été à la maison.
Pour les enfants et les adolescents, l'absence de piscine, de lieu de loisirs et de moyens financiers pour se déplacer dans les wilayas du Nord les pousse, en cette période de grandes chaleurs, à se rendre vers des plans d'eau au péril de leur vie.
"Nous sommes à la recherche de fraîcheur, mais à la vue de cette eau, nous n'avons pas pu résister à piquer une tête", dira Douadi, un habitant de M'sila-ville, rencontré au site thermal Hammam Belaribi, situé à proximité du barrage Ksob et à 10 kilomètres du centre-ville de M'sila.
Les nageurs avertis optent pour une mare d'eau profonde, non loin de Hammam Belaribi, creusée par la nature et alimentée par l'oued Ksob qui fait le bonheur des jeunes.
Ces derniers, peu soucieux des risques liés à la baignade dans des zones polluées et les plans d'eau qui pourraient être toxiques, n'hésitent pas à faire des plongeons acrobatiques depuis un perchoir en béton.
Avec des pics de température atteignant les 40 degrés, voire 45° à l'ombre, tous les moyens pour se rafraîchir sont permis, et ce sont les oueds et les retenues collinaires qui se présentent comme alternative à ces jeunes.
Il est vrai que ces lieux, où la baignade est formellement interdite, se sont transformés par la force des choses en "piscines" improvisées pour des centaines de jeunes vivant loin des plages ou n'ayant pas les moyens de s'offrir des sorties estivales. Mais pas sans risque de noyade. Le recours des jeunes à ces lieux de baignade dangereux a été à l'origine de la disparition tragique de plusieurs enfants.
En 2018, les services de la Protection civile de la wilaya de M'sila ont enregistré le décès de 8 enfants de moins de 18 ans. En 2019, les mêmes services ont enregistré 5 décès : 3 enfants et 2 adultes.
Pour cette année 2020, le confinement dicté par la crise sanitaire en cours, la sécheresse et les campagnes de sensibilisation ont limité les sorties et, par conséquent, les noyades. "Aucune noyade n'a été enregistrée cette année", dira le colonel Abdellah Benkhelifa, directeur de la Protection civile de la wilaya de M'sila.
L'extraction du sable accentue le danger
Mais le risque est toujours présent. Généralement, les victimes sont décédées dans des plans d'eau et des retenues collinaires situés à Sidi Ameur, à M'sila, à Maârif, à Khoubana, à Tamssa et à Boussaâda, à cause des trous profonds creusés par des pelleteuses.
"L'extraction sauvage du sable des oueds en plus de la déviation des cours d'eau, les lits des oueds sont truffés de trous qui stockent les eaux de pluie", dira Farès, un habitant de la commune de Maârif, 45 kilomètres au sud de M'sila.
En juin 2019, les services de la wilaya de M'sila ont fermé plusieurs carrières d'extraction de sable des oueds de M'sila, localisées à Boussaâda et à Tamsa. Les enquêtes dénotent l'ampleur de la catastrophe écologique qui frappe les oueds de cette région. Les dégâts sur l'environnement ne sont pas faits pour améliorer les conditions de vie dans ces contrées steppiques.
La Protection civile n'a cessé, depuis le début de la saison, de sensibiliser les riverains de ces étendues d'eau sur les dangers encourus par leurs enfants sachant que ces lieux ne sont pas surveillés par les pompiers.
Le directeur de la Protection civile de M'sila explique que "les risques pour ces baigneurs imprudents sont réels, car c'est de l'eau douce, parfois polluée, plus lourde et chargée de particules stagnantes.
De plus, les fonds de ces bassins sont composés de boue et de vase. Tous ces éléments font que les personnes qui s'y risquent le font avec beaucoup de difficultés et leurs mouvements et déplacements dans ces eaux sont lourds et ralentis.
À cela s'ajoutent la fatigue et la détresse dues à la non-maîtrise de la nage, ce qui conduit inévitablement à la noyade car la personne en difficulté éprouve beaucoup de mal à s'extirper de ces eaux et à rejoindre la rive ; et cette faiblesse physique est d'autant plus vraie vu l'âge des victimes qui dépasse rarement les 16 ans".
Il ajoute que "si pour les petits, le risque provient de l'absence de la notion de danger et de la non-maîtrise de la nage, l'autre péril qui guette les adolescents demeure celui de se montrer aventureux, plus courageux.
Ils sont nombreux à se lancer des crâneries, à se dépasser et à chercher à être des héros. Mais ces comportements également, qui ont lieu dans la plupart des cas entre copains, loin de la surveillance des parents, les exposent carrément à la mort", explique-t-il.
Le colonel Benkhelifa précise également que "ces retenues d'eau se trouvent dans des coins isolés, en plein désert ou dans des champs agricoles, où rares sont les personnes qui pourraient leur porter secours.
De même, les éléments de la Protection civile ne sont prévenus et ne peuvent intervenir que trop tard, c'est la raison pour laquelle nous appelons à plus de vigilance les parents d'adolescents vivant non loin de tels bassins, qui devraient interdire à leurs enfants la baignade en ces lieux".
Manque d'infrastructures de loisirs
Outre les conditions climatiques défavorables, le manque d'infrastructures de loisirs et surtout les piscines ont poussé, ces dernières années, les citoyens à se baigner dans ces eaux troubles. Pour une population qui dépasse un million d'âmes, la wilaya compte seulement une dizaine de piscines dont une moitié n'est pas fonctionnelle et le reste fermé pour cause de coronavirus.
"Le nombre de piscines dans notre wilaya n'a cessé de baisser depuis les années 1980, une période au cours de laquelle M'sila et Boussaâda disposaient de piscines communales, deux à M'sila aujourd'hui dans un état de délabrement avancé et une à Boussaâda", dira Lahouès, un jeune athlète de Boussaâda.
La ville de M'sila possède deux autres piscines, un bien de la commune, mais qui, malheureusement, ne sont pas opérationnelles depuis plusieurs années. La première, située au stade municipal de la ville et dotée d'un forage, demeure fermée devant la forte demande des jeunes.
Quant à la seconde piscine, située à la sortie nord de la ville de M'sila, elle est dans une situation déplorable, privant ainsi des centaines, voire des milliers, d'enfants de la ville de se rafraîchir et d'échapper au calvaire de la chaleur.
"Depuis 1970 où M'sila a été promue au rang de wilaya, on a construit trois piscines semi-olympiques, une au chef-lieu de la wilaya, une autre dans la ville de Boussaâda et la troisième à Sidi-Aïssa. Même le privé n'a pas investi dans ce créneau", ajoute le jeune athlète.
À l'heure où les investissements publics et privés dans ce créneau sont quasi inexistants et que le manque de structures se fait plus que jamais ressentir, tout porte à croire que les enfants des zones rurales et autres régions enclavées de la wilaya de M'sila continueront à aller vers les différents plans d'eau pour s'y baigner, souvent au péril de leur vie.

Reportage réalisé par : CHABANE BOUARISSA

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