Le tribunal correctionnel de Cité Djamel, à Oran, doit rendre son verdict le 12 octobre prochain dans le procès du "camion fou" qui a foncé sur la foule des manifestants de la marche populaire du 8 novembre 2019, et fait un blessé en la personne de Guemoud Rabah, 59 ans. Hier, après la reprise des activités judiciaires suspendues pour cause de coronavirus, la défense de Rabah, qui s'est constituée partie civile, a déposé une demande de dommages et intérêts s'élevant à 400 000 DA. Le 17 novembre, le chauffeur, Ch. Mokhtar, 19 ans, employé dans une compagnie d'assurances, a comparu pour homicide et blessures involontaires et possession d'armes prohibées, soit deux bombes lacrymogènes et un couteau, découverts dans son véhicule. En janvier, l'accusé a été condamné à trois mois de prison ferme pour possession d'armes, mais le juge a préféré ordonner une expertise médicale pour évaluer le degré de gravité des blessures infligées à Guemoud Rabah qui, rappelle-t-on, avait témoigné sur une civière. Pour rappel, les faits remontent à la 38e marche quand Rabah a été fauché par un fourgon roulant à vive allure, à proximité de la direction de l'éducation. Poursuivi par une foule en colère, le conducteur a été intercepté par des policiers stationnés au rond-point Zabana et a été placé en garde à vue. Le blessé, qui saignait à la tête, a été immédiatement secouru par la Protection civile et le SAMU avant d'être transféré aux urgences du CHU d'Oran où les médecins ont conclu à la nécessité d'une intervention chirurgicale au bassin. Si les spécialistes en orthopédie et traumatologie de la clinique Fellaoucene n'ont pas estimé l'opération nécessaire, Rabah a été contraint de garder le lit pendant 45 jours. Lors du procès du 17 novembre, la victime a certifié que le conducteur l'avait ciblé. "(....) Je lui ai fait signe pour l'obliger à ralentir. Il m'a vu et il m'a foncé dessus volontairement alors que je me trouvais sur le trottoir. Et il ne s'est même pas arrêté", a-t-il juré. Mokhtar, lui, a affirmé avoir agi dans la panique, sans intention de percuter la victime.