La veille du 5 juillet dernier, le siège de l'association Golf Club d'Alger a été fermé en présence d'un huissier de justice assisté d'une centaine d'éléments de la force publique. Homme de communication, il hésite quelque temps avant de nous relater les faits d'une affaire entachée d'une flagrante injustice qui lui a causé un préjudice financier important et une atteinte grave à son intégrité. Lui, c'est Noureddine Benmiloud, président de la Fédération algérienne de golf et du GCA. D'un ton plein d'amertume, il lâchera : “Nous avons été mis dehors comme des malfrats.” Ce jour-là rien ne justifiait, selon lui, la réquisition d'autant de policiers dans la mesure où le personnel du GCA, soucieux d'éviter des troubles à l'ordre public, n'opposa aucune résistance au déroulement de l'expulsion. Un digne comportement qui n'a pas été apprécié à sa juste valeur. Cependant, ce que regrette M. Benmiloud ce n'est certainement pas le manque de civisme qui a caractérisé cette intervention mais beaucoup plus l'absence de respect des procédures dont a fait preuve l'OCO à l'égard d'une affaire qui traîne depuis 1998. Elle était sur le point de connaître son épilogue à la faveur d'une reconnaissance du droit de jouissance du terrain de golf au profit du GCA en tant que locataire sous la condition d'apurer une situation d'arriérés de loyers de 73 mois. En revanche, l'OCO est tenu de prendre en considération les frais dus aux travaux d'aménagement effectués par le GCA et les déduire de la dite situation. Au total, il est donc convenu de payer une somme avoisinant 350 millions de centimes à la charge du GCA. Mais voilà que, contre toute attente et au moment où l'on s'attendait à clore ce dossier, à l'origine de plusieurs blocages d'investissements, surgit, d'on ne sait quelle manœuvre, une histoire d'expulsion qui, pour le moins qu'on puisse dire, reste énigmatique. Sinon, comment expliquer qu'après plus de sept années d'efforts en concertations parrainées par une kyrielle de ministres, l'affaire du terrain de golf de Dely Ibrahim retourne à la case départ. Il y a bien anguille sous roche. “Pour le commun des observateurs, il est aisé de constater que la décision du MJS a été hâtive. Pire, il y a de l'arbitraire puisque l'activité du GCA relève du régime associatif régi par la loi. Comment peut-on suspendre une association ou du moins l'activité qu'elle a choisi d'exercer ? Dans notre cas, ce sont nos nombreux adhérents golfeurs qui sont sanctionnés”, proteste M. Benmiloud. Ce dernier tient également à préciser que si l'enjeu est lié au restaurant, une hypothèse plausible, il ne voit personnellement aucun inconvénient que l'OCO le gère comme il l'entend. “L'essentiel est que les adhérents, avec qui nous sommes liés par des engagements, puissent renouer avec la compétition sans subir de contraintes”, explique-t-il. Actuellement, une partie seulement du terrain leur est ouverte mais ils ne peuvent disposer pleinement des lieux, ce qui a contraint la majorité à ne plus fréquenter le GCA. Le manque à gagner pour l'association se chiffre à quelque 3 milliards de centimes (de juillet à septembre) représentant les cotisations, le sponsoring et les recettes du Club House et du restaurant. Cette somme devait être injectée dans l'aménagement du terrain que le président du GCA projetait d'en faire un parcours de 18 trous conforme aux normes mondiales. Un projet colossal qu'il envisageait de concrétiser sur place avec un hôtel de classe internationale et une série de commodités attenantes. Un terrain de golf doté d'infrastructures nécessaires comme on en trouve dans le monde. Malheureusement, le seul terrain destiné à cette discipline semble être une convoitise privilégiée qu'on veut curieusement transfo mer en terrain d'entraînement pour des athlètes en mal de compétition. Quand on sait que nos voisins le Maroc et la Tunisie disposent chacun de 30 et 11 terrains de golf, il y a de quoi s'interroger sur le mobile d'une telle décision. À l'heure de la mondialisation, l'on se demande de quelle manière attirerons-nous les touristes et les investisseurs si on rejette déjà l'idée de développer une pareille discipline ? Tout récemment, M. Guidoum a manifesté la volonté de créer un terrain de golf dans chaque wilaya. Comment réussir un tel gage quand on n'arrive même pas à entretenir l'unique terrain de golf de l'Algérie ? Fermé aujourd'hui, il risquera dans peu de temps de se transformer en friche. A. F