Résumé : Faouzi apprendra certaines réalités sur une affaire qui avait défrayé la chronique en son temps. Ammi Ahmed lui certifia que le bébé retrouvé dans le puits n'était pas une garantie. Le corps était si décomposé qu'on ne pouvait vérifier certains détails. Comme par exemple une tache de vin que l'enfant portait sur la cuisse droite. Faouzi demande des renseignements sur la famille. - Ils habitent toujours Batna ? - Bien sûr. Si Mabrouk frôle aujourd'hui les quatre-vingt-dix ans. Il habite toujours dans l'ancienne maison. Celle qu'il avait fait construire pour sa famille lors de son exode rural. Sa première femme est décédée il y a quelques années. Mais lui, il a toujours bon pied bon œil malgré le poids des ans. Bien entendu, il n'est plus ce commerçant actif que les gens reconnaissaient à la voix et à la démarche, mais il a gardé toute sa lucidité et son autorité. - J'aimerais rencontrer les parents de l'enfant disparu. Ammi Ahmed hausse les épaules. - Qu'est-ce qui t'en empêcherait ? Ces gens sont très accueillants. Mais... - Mais ? Qui y a-t-il Ammi Ahmed ? - Eh bien, je ne sais pas si cette histoire que tu viens de déterrer ne va pas les choquer encore une fois et réveiller de vieilles blessures. Faouzi acquiesce. - J'y ai pensé. Je n'aimerais pas les blesser, mais je dois absolument connaître la vérité. Je ne vais tout de même pas retourner sur mes pas et tirer un trait sur un évènement qui risque de chambouler toute une vie. - Hein ? Il y a anguille sous roche ? Faouzi se ressaisit. - Non. Je voulais seulement dire que si cet enfant qu'on a retrouvé au fond d'un puits n'était pas le véritable bébé, l'affaire pourrait avoir un autre rebond. Peut-être retrouvera-t-on la fille disparue. - Après toutes ces années ? Je doute fort mon fils. - Eh bien, pour mettre le holà à tous ces doutes, je dois discuter avec les parents. À qui pourrais-je m'adresser ? - Si Mabrouk est trop vieux. Il se repose auprès de sa seconde épouse. Son aîné Lamri vit toujours près de lui dans la grande maison avec sa petite famille. Il est grand-père à son tour tout comme El-Hachemi et Mustapha d'ailleurs. Mais ces deux derniers habitent chacun de son côté. Ils ont construit de belles villas sur le grand boulevard. En ce qui te concerne, tu devrais plutôt t'adresser directement à Mustapha. C'est lui le premier concerné dans cette triste affaire, puisque le bébé était sa propre fille. Je ne sais pas si tu vas le trouver chez lui cependant, car il se déplace souvent. Mais tu trouveras sûrement son fils aîné, Kamel. Le cadet, Nabil, est installé à Constantine depuis plusieurs années déjà. Faouzi se tourne vers Ammi Aïssa le chauffeur. - Tu connais la famille de Si Mustapha, bien sûr. - Et comment ? Ne suis-je pas un enfant de la région ? Qui ne connaît pas cette famille ? Ses commerces sont les plus réputés dans la région et même dans les wilayas limitrophes. - Bien. Alors tu m'emmèneras chez Si Mustapha cet après-midi. En attendant, j'ai quelque chose à vérifier. Il va falloir que je contacte la rédaction. Dépose-moi à mon hôtel d'abord. Il se penche et embrasse Si Ahmed sur le front. - Merci. Merci beaucoup Ammi Ahmed. Grâce à toi, je commence à reprendre espoir. Tu ne peux pas savoir à quel point tu viens de m'aider dans mes recherches. - Que Dieu te vienne en aide, mon fils. Essaye de ne pas heurter les sensibilités. Chez nous les Chaouia, on n'aime pas trop qu'un étranger vienne fouiner dans les affaires de famille. Faouzi prend congé et saute dans le taxi de Ammi Aïssa qui le déposera à son hôtel. Faouzi remonte dans sa chambre, et sans prendre le temps de s'installer il se saisit de son portable et appelle Hamid. Ce dernier décroche. - Salut Faouzi. Tu as du neuf ? Faouzi lance d'une voix rauque : - Il y en aura dès ce soir si tu consens à me donner un précieux renseignement. - Je t'écoute. - Débrouille-toi pour savoir si Hakima porte une tache de vin sur sa cuisse droite. - Quoi ?! - Je veux savoir si Hakima porte une tache de vin sur son corps. Hamid lève les yeux au ciel. - Autant me demander d'accompagner les astronautes sur Mars. - Je ne plaisante pas, Hamid. Ce renseignement est primordial. Ce point pourra me confirmer dans mes investigations. - Mais que veux-tu que je fasse ? Hakima est au festival de Cannes. Tu ne veux tout de même pas que je l'appelle pour lui demander si elle porte... - Idiot ! Je te prenais pour l'un de mes meilleurs journalistes ! - Donne-moi donc un tuyau ! - Un tuyau ? Mais il est sous ton nez, Hamid ! Tu n'auras qu'à contacter sa copine Nawel.
(À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.
