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Saccage d'urnes à Amizour, heurts à El-Kseur
BéjaIa boude “la charte pour la paix et la réconciliation”
Publié dans Liberté le 01 - 10 - 2005

La population des communes de cette wilaya ne s'est pas déplacée aux urnes. Ambiance tendue.
“C'est l'Etat qui nous demande de lui pardonner !” Cette terrible sentence d'un jeune Kabyle de Béjaïa résume à elle seule l'état d'esprit dans lequel s'est déroulé le scrutin de jeudi. Devant le perron d'un café, l'un des rares ouverts ce jeudi, en plein cœur d'El-Kseur, une petite ville à une quinzaine de kilomètres à l'est de Béjaïa, Kamel, proche de la trentaine, contient difficilement sa “nervosité”. Pour lui, il est hors de question de voter. “Pour pardonner, il faut d'abord réunir tout le monde et débattre”, explique-t-il au milieu de badauds claironnant en chœur “ulac l'vote” (pas de vote), un slogan devenu presque rituel en Kabylie. Dans cette ville, rendue célèbre par la plate-forme qui porte son nom, la population locale, comme Kamel, n'a pas jugé utile de se rendre aux urnes pour accomplir le devoir électoral sur la charte pour “la paix et la réconciliation nationale”. Hormis quelques cafés, seul lieu des retrouvailles pour les jeunes, restés ouverts, la plupart des magasins ont baissé rideau. Par certains aspects, n'eut été ces petites grappes humaines que l'on voit de temps à autre au détour d'une ruelle, empêtrées dans des palabres interminables, on dirait une ville fantomatique. Une ambiance d'avant-l'orage. Des appréhensions qui se sont révélées fondées. À peine a-t-on ouvert les bureaux de vote que des jeunes, dont la plupart ne sont même pas en âge de voter, se sont précipités pour y saccager les urnes et jeter à même le sol, affirme un témoin, les bulletins de vote. “Vous voulez un cachet ?” s'enorgueillit un jeune, rencontré plus tard, en brandissant comme un trophée de guerre le tampon de paraphe subtilisé de l'un des bureaux de vote.
À quelques centaines de mètres de là, le siège de la daïra est en “état de siège”. Une centaine de jeunes environ lancent, au milieu de pneus encore fumant, des pierres en direction des policiers, qui répliquent par des bombes lacrymogènes, postés à l'extérieur du siège de la daïra. Un face-à-face qui durera plusieurs heures. Selon des sources locales, comme Ali Gherbi, l'une des figures du mouvement des archs hostiles au dialogue, 7 personnes ont été blessées alors que 5 autres ont été arrêtées avant d'être libérées en fin d'après-midi. 3 autres personnes ont été également arrêtées et libérées en début de soirée. Des informations que nous n'avons pas pu, pour autant, confirmer. “Recluses” à l'intérieur du siège de la daïra, les autorités ont refusé nos sollicitations au motif “qu'elles sont occupées” “Il s'excuse de ne pouvoir vous recevoir mais il a beaucoup de travail !”, répond un préposé au bureau. “Dites-lui seulement qu'on veut avoir les chiffres sur le taux de participation et le nombre de bureaux”, répondons-nous. Tentative vaine puisque personne ne voudra parler. Une chose demeure cependant certaine, ici on n'a pas voté. Mais il n'y a pas qu'à El-Kseur où la population a décidé de tourner le dos à cette consultation électorale. À Oued Amizour, à environ une dizaine de kilomètres d'El-Kseur, sorti de l'anonymat un certain mois d'avril 2001 après l'arrestation de deux jeunes lycéens après la mort de Guermah Massinissa, dès les premières heures de la matinée, près de 200 jeunes ont envahi les bureaux pour saccager les urnes. “Ils sont venus et ont brûlé les enveloppes”, témoigne un homme rencontré à la sortie de l'école fondamentale appelée 600/200. Sur les 1 600 inscrits sur les listes dans cette école qui compte trois bureaux, 9 personnes seulement, la plupart âgées, ont pu accomplir le vote avant le déferlement des contestataires. Le reste, tout le reste n'était pas visiblement concerné par ce vote de “la paix” et de “la réconciliation”. Massés sur une terrasse d'un café à un jet de pierre de l'école, de nombreux jeunes expliquent leur rejet du scrutin.
“Moi, je n'ai rien compris à la charte, je ne suis pas convaincu”, soutient Yacine, 27 ans. “On ne travaille pas ! et puis même si je vote, il va en “sortir” un oui”, renchérit un autre. Précision : “Ce n'est pas à cause de l'appel au boycott des partis et des archs mais parce que rien ne change. Bien sûr, on souhaite qu'ils s'allient !” Salim, proche de la trentaine, qui se définit comme un “chômeur professionnel”, lui, estime que “la Kabylie est marginalisée”. “Comment veux-tu qu'on se réconcilie avec un Etat qui croule sous des milliards dont on ne bénéficie pas”, se lamente-t-il. Il entrevoit même des relents de sectarisme dans la distribution des richesses nationales. “À chaque milliard distribué ailleurs, on comptabilise un martyr chez nous.” Terrible sentence. À quelques encablures de là, l'école El-Mokrani a vécu le même scénario. À 9 heures du matin, 5 personnes seulement sur les 3 254 inscrits avaient pu accomplir leur devoir de vote avant que les manifestants ne saccagent les urnes. Des pierres jetées jonchaient toujours la cour de l'école. Aux alentours de 11 heures, on se concertait au siège de l'APC s'il fallait continuer l'opération de vote ou alors procéder à la fermeture des bureaux. On craignait le pire. Il faut dire que sur les 39 bureaux que compte Amizour dont quelque 17 742 inscrits, 16 ont été contraints à la fermeture à cause des incidents et seulement 217 votants, des personnes du troisième âge, ont été enregistrés. Des incidents similaires, saccages d'urnes et incendies de bulletins, ont été également enregistrés, selon des sources dignes de foi, dans certains bureaux dans la daïra d'Akbou, au village Colonel Amirouche (ex-Riki), à Barbacha, à Tifrit et à Boudjellil. À Takrietz, à la sortie ouest de Sidi-Aïch, la route a été coupée par des manifestants à l'aide de pneus et de troncs d'arbre pendant plusieurs heures. Dans le reste des communes de la vallée de la sommam, à l'image de Sidi-Aïch ou encore du Sahel, la côte est de Béjaïa, ou au centre-ville du chef-lieu de wilaya, le calme a caractérisé le scrutin même si la population, dans son écrasante majorité, a boudé les urnes. Au collège Meziani, à titre d'exemple, au cœur de Béjaïa, l'un des plus importants centres, 207 personnes seulement ont voté sur 4 004 inscrits. Un sondage établi à 14 heures. Et dans la rue rien n'indique que c'est un jour de scrutin. Tandis que les commentaires allaient bon train sur le taux de participation, au siège de la wilaya l'ambiance est plutôt bon enfant. Face à “l'unique” qui défile des chiffres et les bousculades des “votants” dans d'autres régions, l'attachée de presse communique aux journalistes présents les derniers résultats enregistrés à la fermeture des bureaux. Sur 418 976 inscrits, 48 304, soit un taux de 11,53% ont accompli leur devoir électoral dont 39 261, soit un taux de 86,13% ont dit “oui” à la charte. Quant au nombre de bulletins qui ont exprimé le “non”, ils sont évalués à 13,87% soit 6 321. La palme d'or de la participation revient à la daïra de Kherrata avec 37,31%, alors que le taux le plus faible a été enregistré à El- Kseur avec 0,53%. Mais curieusement, cette commune qui compte pourtant 15 135 inscrits n'a pas été comptabilisée dans le dépouillement final… Une donne qui ne change pas fondamentalement toutefois la tendance générale exprimée par Béjaïa, à savoir un boycott massif. Décidément, la réconciliation entre la Kabylie et le pouvoir central n'est pas pour demain…
K. K.


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