Ce projet structurant bute sur des oppositions de citoyens, dès lors que le tracé initial présenté par l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) n'a pas manqué de susciter une véritable levée de boucliers des riverains. Après plus de dix ans de retard, le projet de dédoublement et de modernisation de la voie ferrée Béjaïa-Beni Mansour, sur une distance de 87 km linéaires, est encore à ses premiers balbutiements. En effet, l'entreprise nationale Cosider, en charge de la réalisation du projet, vient d'entamer les travaux de creusement de l'un des trois tunnels prévus, en l'occurrence celui situé au niveau du village Amtik Ouguemoun, dans la commune de Semaoun, d'une longueur de 669 mètres linéaires. Selon un communiqué de la wilaya de Béjaïa, le lancement des travaux au niveau des deux autres tunnels, l'un à Sidi Aïch (907 ml) et l'autre à Takrietz (281 ml), devrait intervenir incessamment. "L'entreprise réalisatrice a mobilisé les moyens requis pour la réalisation de ce projet tant attendu par les citoyens. Elle va embaucher à 90% la main-d'œuvre locale et s'occupera de la formation de ces jeunes recrues", a indiqué la cellule de communication de la wilaya. Au total, il y a 55 ouvrages d'art à réaliser sur cette nouvelle ligne ferroviaire, qui se chevauche sur l'ancienne voie ferrée sur une distance de 35 km. Pour rappel, ce projet structurant, inscrit en 2009 et considéré comme prioritaire par les représentants des autorités publiques, bute sur des oppositions de citoyens, dès lors que le tracé initial présenté par le maître de l'ouvrage, à savoir l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), n'a pas manqué de susciter une véritable levée de boucliers de la part des riverains, dont des propriétaires terriens et d'habitations, des industriels... Il y a même des équipements publics, tels que des établissements scolaires, des cimetières..., qui sont appelés à être démolis, si l'on se réfère au premier tracé qui propose une zone d'emprise longeant l'actuelle ligne ferroviaire. Les localités les plus touchées par l'opération de démolition des bâtisses situées à proximité de la nouvelle voie ferrée sont Tazmalt, Allaghane, Village du colonel Amirouche (ex-Riquet), Akbou, Ouzellaguen, Takrietz (Souk-Oufella) et Oued Ghir. Les citoyens s'opposant au tracé initial se sont organisés en association pour défendre leurs biens immobiliers et autres unités industrielles. Dans la seule commune d'Akbou, on avait recensé pas moins de 115 cas de démolition, alors qu'à Tazmalt on parle de 60. Face à la mobilisation des citoyens protestataires, qui avaient bénéficié du soutien de certains élus locaux, les responsables de l'Anesrif ont dû réviser le tracé initial dans le but de minimiser les dégâts, mais non sans accentuer la sinuosité de cette ligne ferroviaire, ce qui ne manquera certainement pas de se répercuter sur la vitesse du train. Pourtant, le facteur de rapidité des trains demeure l'objectif principal de cet investissement, lorsqu'on sait que les promoteurs du projet promettent une vitesse de 160 km/h pour le transport de voyageurs et 100 km/h pour celui de marchandises. À noter que l'enveloppe budgétaire allouée à cette réalisation s'élève à pas moins de 106 milliards de dinars, alors que les délais d'exécution des travaux sont initialement fixés à 60 mois.