Tout en affirmant qu'il "reste déterminé à poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux afin de consolider la paix sociale", le gouvernement avertit qu'il va "faire face avec fermeté à toute velléité de porter atteinte à l'ordre public". Le gouvernement Djerad s'en est de nouveau pris aux syndicats, qui ont mis fin à la trêve sociale, dans un contexte politique et socioéconomique explosif et à la veille du scrutin législatif anticipé du 12 juin prochain. Dans un communiqué rendu public jeudi, les services du Premier ministère évoquent, avec un ton agressif et aux relents complotistes, "une exploitation de l'activité syndicale par certains mouvements subversifs visant à semer la fitna a été récemment relevée, des mouvements qui avaient été identifiés par le passé et leurs plans dénoncés", faisant référence aux mouvements de grève qui touchent notamment les secteurs de la santé, de l'éducation nationale et plus récemment le corps constitué de la Protection civile, même si ce dernier échappe à toute tutelle syndicale. "Les travailleurs, qui ont de tout temps été la force vive de la nation, doivent faire la distinction entre l'exercice des droits syndicaux consacrés et l'expression de leurs revendications professionnelles qui doivent être examinées à travers un dialogue ouvert comme l'a exprimé le président de la République à maintes reprises, notamment dans sa déclaration lors du Conseil des ministres tenu dimanche 2 mai 2021, et entre les appels de certains mouvements subversifs qui ne cherchent qu'à compliquer la situation et exploiter leur situation socioprofessionnelle à des fins douteuses", a ajouté ce communiqué. Tout en affirmant qu'il "reste déterminé à poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux afin de consolider la paix sociale", le gouvernement avertit qu'il va "faire face avec fermeté à toute velléité de porter atteinte à l'ordre public", a conclu le communiqué. Cette nouvelle sortie du gouvernement intervient après l'échec de la tentative de dialogue actée mercredi entre les syndicats de l'éducation nationale et des représentants du ministère de tutelle, suite à quoi les responsables syndicaux ont annoncé le maintien de la grève nationale, prévue du 9 au 11 mai. Par ailleurs, il s'agit de la deuxième réaction du gouvernement à l'adresse des syndicats, qui sont montés au créneau ces dernières semaines pour réclamer des revalorisations salariales et une relance du dialogue social, après deux ans de trêve, à cause de la situation politique (révolution populaire du 22 Février 2019) et de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de coronavirus depuis quatorze mois. Le gouvernement s'est ouvertement attaqué aux syndicats, qualifiant les "récents mouvements de contestation comme une manœuvre visant à servir des objectifs clairs, mêmes s'ils ne sont pas déclarés, visant à perturber le climat de changement que les pouvoirs publics ont initié, notamment par l'installation des nouvelles entreprises dans le cadre du projet de l'édification de l'Algérie nouvelle". Car, affirmait M. Djerad, "en dépit de ces efforts, il a été observé ces derniers temps une augmentation des protestations syndicales, derrière lesquelles se trouvent parfois des organisations syndicales non agréées". Quelques jours plus, c'était au tour du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire de s'en prendre aux agents grévistes de la Protection civile, dont 230 employés ont été exclus au lendemain de la grande manifestation du 2 mai à Alger, où des centaines de sapeurs-pompiers ont marché et organisé un sit-in devant le siège de leur direction générale à Hydra. "Nourri par des parties servant des agendas hostiles à l'égard de l'Algérie, ce mouvement intervient au moment où la tutelle a procédé à l'examen des préoccupations socioprofessionnelles des affiliés de ce corps et à la prise en charge des revendications soulevées dans le cadre de la loi, comme affirmé par le syndicat national des agents de la Protection civile publié le 29 avril 2021", avait indiqué le jour même le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.