Durant les première et deuxième vagues de contamination à la Covid-19, de nombreuses failles dans la gestion de la lutte contre la pandémie ont été constatées. Le ministère de la Santé a même envoyé une commission d'enquête à Sétif pour situer les responsabilités. Cela fait plus d'un mois que les praticiens du secteur public ainsi que les médecins libéraux sont livrés à une bataille sans merci contre le maudit virus. Services d'hospitalisation dédiés à la Covid-19 et services de réanimation saturés, personnels épuisés et manque d'oxygène médical à cause de la forte demande, des capacités de production qui ne peuvent satisfaire les besoins de la demande à cause de la vétusté des installations au niveau de bon nombre d'hôpitaux, ont fait que la charge de travail stresse davantage les personnels de santé publique. Cependant, il est constaté que les cliniques privées n'ont pas mis la main à la pâte. Contrairement à la période des deux premières vagues enregistrées aux mois de juillet et novembre 2020, cette vague n'a concerné que les CHU et établissements publics hospitaliers. En effet, au moment où les malades et leurs parents crient au secours pour hospitaliser un patient, les cliniques privées n'ont pas été sollicitées pour dédier des pavillons ou du moins des lits aux patients ayant contracté le virus, notamment ceux en détresse respiratoire nécessitant de l'oxygène. Un état des faits qui inquiète beaucoup, d'autant plus que lors des première et deuxième vagues, des patrons de cliniques privées ont affiché leur accord pour accueillir des patients Covid-19 ou du moins, pour certains, les structures du public en matière d'intervention chirurgicale, notamment dans le cadre des urgences ou autres pathologies. "Je pense que durant les deux premières vagues les cliniques privées étaient plus impliquées. Je pense qu'il faut relancer cette option pour gagner des lits et du coup assurer l'hospitalisation des malades", nous dira un praticien exerçant au CHU Sâadna-Mohamed Abdennour de Sétif. Et de renchérir : "Nous avons des patients qui nécessitent une hospitalisation, cependant le nombre de lits est limité." Il est à noter aussi que l'option d'ouverture d'hôtels et autres structures pour accueillir des patients Covid-19 ne doit être retenue qu'après avoir eu recours aux structures hospitalières privées. "L'hospitalisation doit être assurée au niveau d'une structure adéquate afin de bien prendre en charge les patients et du coup pouvoir assurer les différents examens demandés par les médecins", nous dira un technicien supérieur en soins médicaux. Par ailleurs, nous avons constaté que des médecins spécialistes installés prennent en charge les patients atteints du nouveau coronavirus dont le variant Delta, tout en assurant le suivi, cependant l'on ignore si les services dédiés à l'épidémiologie sont dotés des différents chiffres et informations concernant les patients dépistés Covid-19 et qui n'ont jamais mis les pieds dans un établissement public hospitalier. Il existe un imprimé de maladies à déclaration obligatoire (MDO) qui doit être dûment rempli par le médecin traitant et qui doit être transmis dans un délai déterminé aux services concernés. Pis encore, des patients nous ont indiqué qu'ils ont enregistré plusieurs membres de leur famille qui ont contracté la Covid-19 mais qui n'ont jamais été contactés par les services d'épidémiologie. Il est à rappeler que la commission d'enquête présidée par le Pr Mohamed Belhocine, dépêchée à Sétif au mois de juin de l'année passée par le Premier ministre et le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a mis l'accent sur plusieurs dysfonctionnements dans la gestion du dossier Covid-19, dont la gestion des enquêtes épidémiologiques au niveau du chef-lieu de wilaya. Le président de la commission a par ailleurs fait l'éloge de l'équipe d'épidémiologies relevant de l'EPSP d'Aïn Oulmène, à une trentaine de kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Sétif, qui ont pu réaliser un travail remarquable autour des patients dépistés Covid-19. FAOUZI SENOUSSAOUI