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LE CONSOMMATEUR À LA MERCI D'UN MARCHE DEREGULE
SPECULATION ET HAUSSES INJUSTIFIEES DES PRIX
Publié dans Liberté le 04 - 08 - 2021

Des prix de référence devraient être instaurés pour les produits de première nécessité afin de protéger l'intérêt des consommateurs.
Les différentes stratégie mises en œuvre par les ministres qui se sont succédé au département du commerce n'ont pu atténuer un tant soit peu l'instabilité des prix sur le marché national. Il ne passe pas une année sans que de sérieuses perturbations bouleversent les divers créneaux d'activité à travers tout le territoire national.
L'instabilité des prix est devenue désormais "l'une des caractéristiques du fonctionnement de l'économie algérienne", estime Brahim Guendouzi, professeur d'économie à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. "Même si les statistiques de l'ONS publiées régulièrement en la matière font ressortir une fluctuation plus ou moins stable, il n'en demeure pas moins que la plupart des prix affichés connaissent souvent des hausses, parfois injustifiées, sauf évidemment pour les biens et services subventionnés par l'Etat", constate l'économiste.
Pour lui, plusieurs facteurs sont à l'origine des perturbations actuelles du système des prix. Guendouzi évoque de prime abord, le problème de la dérégulation de l'offre constatée sur un grand nombre de produits en raison de la situation difficile que traversent la plupart des entreprises aussi bien pour produire que pour s'approvisionner en matières premières notamment sur les marchés extérieurs. Ce qui engendre des distorsions dans les prix, relève-t-il. La persistance dans le temps de la crise sanitaire, dont l'évolution demeure jusqu'à aujourd'hui incertaine, fait apparaître, remarque-t-il, "des surcoûts au niveau de la production, qui se sont répercutés sur les prix de gros et de détail".
L'autre problématique, et non des moindres soulevée par notre interlocuteur, a trait aux protocoles sanitaires qui se sont imposés depuis les débuts de la Covid-19 et qui ont fait que l'activité commerciale en général "soit confrontée à des difficultés organisationnelles ayant des implications sur les approvisionnements, la logistique et le stockage des produits, particulièrement ceux de large consommation".
Cette contrainte a eu, selon lui, des répercussions négatives sur le niveau de l'offre et une incidence, par ricochet, sur les prix. La non-maîtrise du secteur de la distribution dans notre pays constitue également, souligne cet expert, un autre facteur qui a provoqué une instabilité des prix. Brahim Guendouzi remet en cause aussi la conscience professionnelle et la discipline d'un certain nombre d'intervenants sur le marché. "Il existe une multitude d'acteurs dont une grande partie ne possède même pas un minimum de professionnalisme susceptible de donner à l'activité une certaine stabilité", déplore-t-il.
D'autant plus que nombre d'intermédiaires activent carrément dans l'informel avec tout ce que cela provoque comme désagréments à savoir un manque de traçabilité, absence de facturation, un paiement en cash, et sans chèques... Parmi les raisons qui donnent lieu à tous ces déséquilibres, ce spécialiste met l'accent, en outre, sur la dépréciation du dinar par rapport à l'euro et au dollar, enregistrée ces derniers mois.
Ce qui, par conséquent, a certainement fait renchérir les prix des biens et services importés que ce soit pour la consommation finale ou pour la production, explique-t-il. Pire encore, ajoute-t-il, "l'on s'attend de plus en plus à une hausse des prix du fait que l'économie nationale présente une forte dépendance vis-à-vis des importations".
Déséquilibre entre l'offre et la demande
En termes plus clairs, argue-t-il, l'on assiste, actuellement, à un désajustement entre l'offre et la demande causé par la pandémie de la Covid-19 au niveau des chaînes d'approvisionnement à l'international. Ce qui s'est traduit par une hausse des prix de nombreux produits de base ainsi que les tarifs du transport maritime.
Même les mesures d'ordre réglementaire prises récemment afin de réguler les activités d'importation de produits et de matières premières destinés à la revente en l'état (décret exécutif n°21-94 du 9 mars 2021 et l'article 118 de la loi de finance 2021 imposant aux importateurs le paiement à l'aide d'un instrument de paiement à terme "payable à trente jours") sont, elles aussi, susceptibles d'entraîner des hausses de prix pour un grand nombre de produits importés.
L'autre argument avancé par l'universitaire est que la crise sanitaire, qui continue de secouer le monde entier, "a eu pour effet un recul de l'économie réelle puisqu'une contraction du PIB (produit intérieur brut) a été enregistrée en 2020 entraînant ainsi une récession économique, alors que la masse monétaire a enregistré une hausse de l'ordre de 7% sur la même période". En conséquence, "l'économie nationale enregistre un cycle inflationniste avec lequel il faudra s'accommoder", indique-t-il.
Ces tendances inflationnistes qui caractérisent continuellement la situation économique du pays sont dues en partie au comportement inadmissible de certains commerçants indélicats qui profitent des moments de crise pour se permettre un gain à la fois facile et rapide. "Nous dénonçons cette catégorie de commerçants opportunistes dont la plupart n'ont pas de registre du commerce.
Cette classe de commerçants ne fait pas partie de notre organisation", tient à préciser Issam Bendrissi, secrétaire national et directeur de cabinet au sein de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Il soutient mordicus que ces marchands exploiteurs de crises et de conjonctures activent tous dans le marché parallèle qui absorbe, évalue-t-il, environ 70% de l'économie nationale. "Et le marché noir est exploité comme un terrain propice pour la spéculation", insiste M. Bendrissi.
La puissance de ces espaces commerciaux illicites pousse les commerçants légalement installés, en effet, à s'aligner sur les prix pratiqués par leurs concurrents de l'informel. Le responsable de cette organisation syndicale propose aux autorités l'instauration provisoire de prix de référence, des prix plafonnés pour certains produits de large consommation ou très prisés lors des différentes conjonctures.
Le poids de la spéculation
C'est le cas des produits de consommation supposés efficaces pour une immunité plus renforcée au corps de l'être humain contre notamment le coronavirus. L'on cite le citron, les clous de girofle, le gingembre, l'ail qui ont enregistré ces derniers mois une forte demande encourageant les commerçants à tripler leurs prix. Les prix de quelques centaines de grammes de ces produits passent tout simplement de 100 à 350, voire 700 DA, chez les détaillants. "Etant donné la frénésie qui s'empare des consommateurs, les pouvoirs publics doivent plafonner provisoirement les prix de ces produits le temps que la pandémie s'atténue un peu", suggère le représentant de l'UGCAA.
Interrogé à propos de la supposée crise de la farine, il avoue que le problème est réglé. "Il s'agit en fait de l'arrêt technique décidé par les minoteries qui a provoqué une pénurie de la farine sur le marché. Alerté, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a aussitôt instruit ces unités de reprendre le travail et de suspendre leurs congés", affirme Issam Bendrissi. Elles sont plus de 430 minoteries actuellement en activité qui ont reçu pas moins de 317 000 quintaux de blé tendre, dit-il. Ces usines produisent quelque 420 000 tonnes de farine dont un quota de 510 q est destiné aux boulangeries.
Cela dit, reconnaît-il, il existe des spéculateurs parmi les gérants de ces minoteries qui, en fermant leurs usines, s'adonnent à la revente des sacs de farine, achetés à 2 000 DA, pour les céder à 2 900 DA. Certains boulangers, regrette-t-il, ont fermé prétextant une pénurie de farine mais ils n'hésitent pas à revendre celle-ci en deuxième main. Ce syndicaliste se dit partisan d'une révision profonde du système des prix et des subventions qui, selon lui, génèrent souvent des spéculations. "Il faut que les subventions soient orientées vers les véritables nécessiteux", propose-t-il.
Par ailleurs, les autorités compétentes doivent imposer le système de facturation et l'usage obligatoire du chèque dans les transactions commerciales, indique-t-il. Car, explique-t-il, cette situation où la facture et le chèque ne sont pas utilisés profite uniquement aux producteurs et aux importateurs et non pas aux petits commerçants.
Contacté à propos de cette instabilité des prix, le président de l'Association nationale pour la protection des consommateurs, M. Mustapha Zebdi, souligne que le problème n'a aucun lien avec l'offre. Celle-ci demeure suffisante. Cependant, certains acteurs du marché veulent créer la panique afin de provoquer une rareté de produits avec laquelle ils justifieront une hausse des prix.
Pour lutter contre ces perturbations, il faut instaurer, suggère-t-il, des prix de référence notamment pour les produits de première nécessité. Cela peut être confié à une commission qui regroupera des représentants des ministères du Commerce, de l'Agriculture et de l'Industrie. Elle aura pour principale mission de protéger autant que faire se peut le consommateur et préserver son pouvoir d'achat.

Badreddine KHRIS


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