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Barbacha martyrisée...
Quatre jours de feux de forêt ont tout rasé
Publié dans Liberté le 14 - 08 - 2021

D'épais nuages de fumée voilent intégralement Barbacha qui se consume. Les villages Boughiden, Tiazibine, Bounçeur, Bouiche, Adouane, Bouamrane, Assefah et Kitoune sont littéralement décimés par des flammes d'une rare violence. En proie à des feux depuis deux jours, la région est plongée dans l'apocalypse. Durant quatre jours, les feux ont tout réduit en cendres, faisant disparaître le couvert végétal de la surface.
Aït Sidi-Ali est le village le plus durement touché. Quatre personnes d'une même famille, Taâzibt, ont trouvé la mort. Il s'agit de Hadjira et de son fils Brahim ; d'Abdelhak et de sa fille Amina, une étudiante de l'université de Béjaïa, enterrés jeudi sous la menace des flammes. Car, au moment de la mise sous terre, le cimetière était cerné par les feux. Une grande partie de la population tentait de stopper la progression des feux. Les habitants des villages voisins, Boughiden, Kitoune, Aït Ouyahia et Taâzibine, s'employaient, eux, à repousser la menace.
Ceux qui avaient envisagé d'assister à l'enterrement ont dû y renoncer. La route menant vers le village d'Aït Sidi-Ali est devenue très dangereuse. "Personne ne peut passer", insiste Saïd Aït-Hadad, du village de Khellil, qui nous conseille de rebrousser chemin. "Je vous déconseille de tenter l'aventure car vous risquez de ne plus revenir." Son ami, Nacer-Eddine, vient de faire évacuer sa famille du village Amtik Ouhafir, "où tout a brûlé", a-t-il relaté.
Face au péril, les villages menacés sont évacués. "Il y a une salle des fêtes dans le chef-lieu de Barbacha qui accueille des familles. C'est là que j'ai laissé la mienne en compagnie des autres familles des villages alentour", poursuit-il. Et il n'est pas le seul, car au moment où Kitoune, Aït Ouyahia et Tiazebine brûlent, on assiste à l'évacuation des familles. Djelloul Naceri, gérant d'une station d'essence à Barbacha, raconte qu'il n'a jamais vécu cela de sa vie : "Jai eu à éteindre des feux dans ma vie. Mais de ce type, jamais. Il est extrême, incontrôlable et mortel."
Djelloul explique qu'il était en train d'éteindre le feu avec les gens du village pendant la nuit de jeudi à vendredi quand il a aperçu un autre se déclencher un kilomètre plus loin : "Je veux bien qu'on m'explique comment cela est possible." Il interrompt la discussion pour rejoindre les volontaires, des jeunes et des moins jeunes des villages concernés mais aussi des villages voisins. "Le feu semble progresser dangereusement. Je dois y aller. On a perdu plusieurs oliviers et arbres fruitiers mais aussi notre cheptel. L'important est de sauver les maisons. Sinon, le reste, avec le temps, on peut le reconstituer."
Devant l'impossibilité de rejoindre le village Aït Sidi-Ali, nous avons contacté Nadir Benakli, qui a passé la nuit de jeudi à vendredi à lutter contre les flammes pour sauver les maisons, pour nous raconter le drame : "On a vécu l'enfer. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire cette nuit cauchemardesque. On déplore quatre morts, mais le bilan aurait pu être plus lourd. Et sachez que l'on a fait face à ce terrible incendie avec des moyens dérisoires. On a essayé de le maîtriser avec les moyens du bord vu l'ampleur de ce feu. Dieu merci, on a réussi à maîtriser la situation. Ils sont venus des villages voisins nous prêter main-forte. Aujourd'hui, un groupe de jeunes de chez nous est allé aider les villageois voisins."
Nadir Benakli assure que l'on a tiré des enseignements avec les feux ayant ravagé la wilaya de Tizi Ouzou. À titre d'exemple, lorsque les feux ont touché Boughiden, Taymiouine, un petit village, "on a évacué les vieux, les femmes et les enfants. Grâce aux jeunes et moins jeunes, on a pu sauver les maisons. Même si l'on déplore la perte de notre cheptel, des oliviers et autres arbres fruitiers. L'essentiel, on a pu sauver des vies humaines même si on en a perdu quatre avant-hier. La nuit, on fait le guet car ce feu a la particularité de progresser à une vitesse vertigineuse".
Toutefois, la grande leçon à tirer de cette épreuve, expliquent les villageois, est cette chaîne de solidarité qui redonne du courage. En effet, selon plusieurs témoignages, "ils sont venus de toutes les communes voisines pour prêter main-forte. De Bouandas, de Tala Ayfassen dans la wilaya de Sétif, de Kendira, d'Amizour, d'Akbou, de Béjaïa, etc. avec des camions et des fourgons remplis de denrées alimentaires, d'eau embouteillée, de matelas, de médicaments, etc. Lorsqu'on a réussi à éteindre le feu dans son village, on va chez les voisins continuer le travail. Ils partent aider parce qu'ils savent que de telles situations, on ne les combat pas seul mais collectivement", explique Makhlouf, un habitant du village Boughiden, qui a vécu un interminable cauchemar. Barbacha qui côtoie le ciel est fortement abîmée.
Il serait difficile de retrouver ses couleurs vives. Les cœurs serrés, les mines défaites et les mains brûlées. Il faudra peut-être du temps pour panser cette blessure creusée par les flammes. Mais elle renaîtra, sans nul doute, de ses cendres.

M. Ouyougoute


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