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Djoudi Attoumi la ferveur révolutionnaire et la passion de l'écriture
HOMMAGE
Publié dans Liberté le 07 - 09 - 2021


Par : RACHID HANIFI
Le moudjahid et écrivain Djoudi Attoumi vient de nous quitter, après avoir résisté à la Covid-19 pendant près de deux mois. Il donnait pourtant, ces derniers jours, l'impression d'avoir résisté et vaincu la maladie, après quelques inquiétudes précédentes, liées à des difficultés respiratoires. Deux jours avant sa tragique disparition, sa fille Mina me rassurait en disant que le patient était en principe hors de danger et que sa sortie de l'hôpital ne saurait tarder. Je restais malgré tout prudent, voire inquiet, ce que j'avais affirmé à un ami commun, en précisant qu'à cet âge (83 ans) et après un déficit d'oxygène de plusieurs semaines, je craignais que le cœur du malade ne finisse par lâcher. Lorsque la nouvelle de sa disparition m'est parvenue, j'avais compris que ma crainte était fondée, sans toutefois savoir si la mort était due à une myocardite secondaire à la Covid ou bien à un IDM (infarctus du myocarde) lié à l'hypoxie (déficit d'oxygène). Si Djoudi, qui avait survécu à son combat de six années contre l'armée coloniale, a fini par céder face à un virus invisible, après un combat d'une quarantaine de jours. C'était la volonté de Dieu et je suis persuadé que ses derniers instants de vie, le courageux malade a dû les affronter avec beaucoup de sérénité, renforcée par une foi profonde et sincère. Je disais à ses filles qu'elles avaient de quoi être fières du père qu'elles ont eu, comme lui-même devait l'être de ses filles qui l'ont assisté jour et nuit, acceptant les risques de contamination qui les guettaient.
J'ai eu le privilège de connaître Djoudi Attoumi en 1971, lors d'un stage pratique que j'effectuais, en tant qu'externe des hôpitaux, au niveau de l'établissement de psychiatrie qu'il dirigeait à Oued Athmania, situé à quelques kilomètres de Constantine. Le respect et la sympathie mutuels se sont d'emblée installés entre nous, au point d'être accueilli, en plein mois de ramadhan, comme un membre de la famille, partageant quotidiennement leurs repas, dans l'intimité la plus proche. Nous sommes devenus des amis, voire des frères, depuis cette date jusqu'à sa mort, ayant personnellement séjourné chez lui à Béjaïa, comme lui chez moi à Alger à plusieurs reprises. Ce qui m'avait fasciné chez ce grand homme, c'étaient à la fois sa grande modestie et une volonté farouche d'améliorer ses connaissances, à travers la lecture et l'écriture. J'ai en souvenir les propos qu'il m'avait tenus, en 1971 à Oued Athmania, disant : "J'ai fait des études de gestion de santé à l'école spécialisée de Rennes, mais je dois surtout mon poste de directeur d'hôpital à mon passé révolutionnaire. Dans peu de temps, des diplômés universitaires viendront nous bousculer, alors que je suis encore relativement jeune (il avait 33 ans) ; j'ai intérêt à me remettre aux études."
Si Djoudi s'inscrit alors à la Faculté de droit de Constantine, pour obtenir brillamment sa licence trois années plus tard. Il me dira alors : "Maintenant je suis rassuré, j'ai mon passé révolutionnaire, ma formation de Rennes et enfin mon diplôme universitaire. Je peux poursuivre ma carrière sans complexe." J'étais vraiment en admiration face au comportement d'un responsable qui tenait à s'adapter à l'évolution de sa société. Après son départ à la retraite, il appréhendait l'ennui, lui qui avait toujours été actif. Je lui conseillais alors de se mettre à l'écriture, sur sa participation à la guerre d'indépendance ou bien son expérience de gestionnaire des structures de santé, l'assurant de ma modeste contribution pour ce qui relève de la rédaction. C'est ainsi qu'il avait choisi de partager son vécu dans les maquis de Kabylie, notamment les moments historiques qu'il avait passés auprès du colonel Amirouche, à travers la rédaction du premier ouvrage consacré à ce monument de la Révolution algérienne. J'ai eu le privilège de lire le livre en manuscrit et d'y apporter ma modeste contribution, non pas dans le fond mais simplement dans la forme. Djoudi m'avait dit qu'il avait également prêté le manuscrit à une personnalité politique, qui avait, elle aussi, rédigé un ouvrage sur le parcours du célèbre chef militaire de la Wilaya III. La passion de l'écriture ayant imprégné l'esprit de l'ancien maquisard et directeur d'hôpital, il produira une bonne dizaine de livres sur la Révolution, dont la qualité de rédaction s'était largement améliorée par rapport au premier, témoignant de cette volonté farouche de parfaire ses capacités intellectuelles. Si Djoudi, lors de ses déplacements en France, a croisé un ancien soldat de l'armée coloniale française, ayant gardé une sympathie et un respect pour les moudjahidine algériens. Ils ont convenu ensemble d'initier un programme de conférences au profit de quelques universités françaises, sur le thème "La guerre d'Algérie, vue des deux côtés des belligérants".
Cette expérience inédite a permis aux universitaires français de mieux connaître les motivations de la guerre, ainsi que les souffrances du peuple algérien, forçant le respect à l'égard de ceux que la France coloniale avait considérés comme des terroristes. Si Djoudi, à travers ses nombreuses interventions sur le territoire français, avait ainsi pris le relais des glorieux diplomates de la Révolution que furent les Hocine Aït Ahmed, M'hamed Yazid, Abdelkader Chanderli. Au plan de la politique interne, Si Djoudi a préféré rester en retrait, alors qu'il aurait pu prétendre à de hautes responsabilités, dont il avait largement les compétences et la stature. Je lui disais moi-même que je l'aurais bien vu ministre des Moudjahidine, au vu de son passé, de son niveau intellectuel et surtout de sa probité. La seule expérience qu'il avait vécue dans ce domaine fut la présidence de l'APW de Béjaïa, au début des années 1980, avec un mandat unique qu'il ne voulait pas renouveler, malgré la sollicitation de nombreux compagnons. Il croyait en la nécessité de transmettre le flambeau à la nouvelle génération et gardait l'espoir d'assister à l'émergence d'une Algérie réellement démocratique et prospère. Il ne cessait de répéter que nos chouhada ne nous pardonneraient pas de trahir leurs sacrifices. Ils sont morts, disait-il, pour que nos enfants vivent dignement dans leur pays. L'exil confortable ou périlleux de nombreux de nos jeunes, dont de brillants universitaires, rendait malade Si Djoudi ; il est parti frustré de ne pas laisser derrière lui l'Algérie dont il rêvait pour nos enfants. Courageux, combattant, il n'a pas pu résister à la virulence du coronavirus, comme il l'avait fait face à l'agression coloniale. Il aura vécu dignement, amplement, laissé une bonne éducation à ses filles. Il continuera d'exister à travers les nombreux ouvrages qu'il a laissés à la postérité.


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