Résumé : Les années passent. Meriem épouse Hakim et devient l'heureuse maman de deux petits garçons. Amar fructifie ses biens et Aïssa fait des études en médecine. Taos gère les biens de la ferme et Omar réussit à s'imposer sous d'autres cieux. C'est dire qu'avant d'arriver à la rive sereine il faut savoir nager et se maintenir à flot. Hakim rappelle souvent à sa femme qu'eux-mêmes n'ont dû leur réussite qu'à leur volonté et à leur abnégation. Ils avaient commencé au bas de l'échelle avant de gravir les échelons du succès. Pourquoi donc mentir à leur progéniture et la dorloter en lui faisant croire que tout était facile dans la vie ? Mais Meriem réitère à chaque fois que leurs enfants sont encore trop jeunes et qu'ils devraient plutôt les aider à faire leurs premiers pas dans la vie. Un jour, Kamel, l'aîné des deux garçons, rentre à la maison les yeux rougis et lance tout de go à sa mère qu'il ne voulait plus se rendre à l'école. Meriem lui essuie le visage et lui sert un goûter avant de lui en demander les raisons. Mais c'est Malek, le plus jeune, qui lui annonce que son frère avait eu maille à partir avec un grand garçon qui l'attend toujours à la sortie de l'école pour le malmener. Pourquoi ? À cette question, Malek hausse les épaules. - Je ne sais pas. Elle se tourne alors vers Kamel et lui repose la même question. Il détourne la tête et se remet à pleurer. - Je ne sais pas, moi non plus. Ce garçon m'empêche de jouer et de courir avec mes amis. Il s'en prend souvent à moi. Heu, je veux dire qu'il tente de m'attirer. Il m'a dit qu'il voulait me demander quelques renseignements sur la famille et m'interdit de me plaindre à mes enseignants et même à toi ou à papa. Meriem fronce les sourcils. Quelque chose en elle lui dit que cette histoire n'était pas banale et pouvait peut-être cacher de sombres desseins. Elle regarde Kamel dans les yeux et lui demande de lui décrire ce garnement qui lui rendait la vie si dure. - Oh ! Je... je ne sais pas trop comment il est. Je n'aime pas le regarder. - Il est grand, brun, avec une chevelure assez fournie. Et... Et il porte souvent un cartable, renchérit Malek. - Il est élève dans votre école ? Malek secoue sa petite tête. - Non. Il est bien plus âgé que nous. Il doit être au lycée. Je l'ai vu aussi rôder dans les environs de notre quartier. Meriem passe une main apaisante sur la tête de son fils. - Ne t'inquiète pas. Demain je viendrai vous récupérer à la sortie de l'école, toi et ton frère, et tu me montreras ce garnement. Je verrai ensuite ce qu'il y a lieu de faire. Rassuré, Kamel avale son goûter et se rend dans sa chambre pour faire ses devoirs. Malek tarde un peu auprès de sa mère dans la cuisine pour lui apprendre aussi que ce jeune indésirable avait tenté de les approcher depuis le début de l'année scolaire en cours. Il les a déjà repérés avec elle et sait qu'elle est leur mère. De plus en plus intriguée, Meriem, qui ne veut pas discuter sur un tel sujet avec Hakim, au risque de se faire encore reprocher son comportement de mère-poule, se dit qu'il vaudra mieux qu'elle se charge de cette affaire elle-même. Le lendemain, elle quitte son travail plus tôt que d'habitude et gare devant l'école de ses enfants à l'heure de la sortie. Aussitôt son regard est attiré par un jeune homme d'une vingtaine d'années environ qui se tenait non loin du portail. Il est grand, brun et même très charmant. Elle ne comprend cependant pas pourquoi, à sa vue, son cœur palpite dans sa poitrine. Elle se pince les lèvres et se demande si elle aura le courage de s'approcher de lui pour le sermonner. Ce jeune a plutôt un regard très doux et ne semble pas du tout agressif. Ce constat la rend perplexe. Kamel, son fils aîné, n'est pas du tout le genre de garçon qui provoque les gens ou leur manque de respect. Pourquoi a-t-il donc maille à partir avec lui ? Le portail s'ouve tout grand sur une nuée d'élèves qui se bousculent pour sortir. Elle se redresse sur le siège de son véhicule et ouvre la fenêtre pour interpeller ses enfants. Mais le garçon l'a précédée pour se poster juste à l'entrée de l'école. Il cherche des yeux sa victime et, à la vue de Kamel, il tend le bras pour le tirer vers lui.
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